Marche de Carxxx accompagnée par Karine
Vendredi 20 décembre
C : Je me nomme C. Je suis âgée de 17 ans et je viens de Paris connu par les touristes pour être la ville des amoureux. J’ai comme objectif de partir sur le chemin de Saint Jacques de Compostelle pour me ressourcer et effectuer un travail sur moi-même afin de gagner confiance en mes capacités. Je suis arrivée à Seuil le mardi 17 décembre en train ; vers midi, j’ai rencontré Karine qui m’accompagnera durant ces péripéties. Le lendemain, nous nous sommes occupées aux préparatifs avant le grand départ. En fin d’après-midi, nous sommes allées nous baigner dans un étang durant 4 mn afin de faire un travail sur la respiration. Nous sommes parties jeudi au lieu de vendredi faute de train. Cet imprévu m’a fortement angoissée mais malgré cela l’aventure débute. Nous sommes arrivées vers 14h30 au Puy en Velay pour ensuite rejoindre l’accueil Saint François, un endroit accueillant qui nous héberge pour la nuit. Nous avons ensuite visité la ville et acheté à manger pour le soir. Ce fut une fin de journée très mouvementée. Le lendemain vendredi nous nous sommes réveillées à 7h pour partir à la messe à 7h30 se faire bénir. Nous avons pris le petit déjeuner puis nous sommes parties à 9h40 commencer la marche. A midi, nous sommes arrivées au village Saint Christophe pour manger. Nous avons ensuite rencontré une dame qui nous a chaleureusement invitées à prendre le thé afin de ne pas rester dans le froid. Nous avons beaucoup discuté, puis c’était reparti pour marcher. Vers la fin, c’était un peu difficile de garder le rythme mais malgré cela j’avais accompli l’objectif du jour d’arriver à Fay avant 17h. Nous avons été bien accueillies et nous avons bien mangé. A 21h, ce sera le dodo pour moi.
Karine : Je m’appelle Karine et j’accompagne C dans cette folle aventure
Nous nous sommes rencontrées près de Rennes pour le traditionnel stage de préparation de 3 jours… qui a duré 2 jours. Faute de train pour traverser la France jusqu’au Puy et pour ne pas tourner en rond tout le WE : accélération. Pas de marche test… mais impossible d’échapper au traditionnel bain dans l’eau glacée : GRR… d’autant impossible que C était super emballée. La rencontre avec C s’est très bien passée ; elle est enthousiaste des animaux - autant dire que voir les vaches, les poneys et la famille de ragondins dans les alentours du gîte a été un vrai plaisir pour elle. Idem avec le crapaud du gîte qu’elle a pris dans sa main pour le caresser. C est très gourmande et aime bien mettre la main à la pâte pour préparer les repas. Par contre les voyages en train sont moins son affaire : un mauvais moment à passer avant de retrouver la nature. Apparemment pas : prolongation de la nuit, intérêt pour le parcours de marche… et nous voilà au Puy. Sympathique installation au gîte, tout en haut de la vieille ville à côté de la cathédrale, un temps de pause bien mérité avec une vue splendide des hauteurs de la ville haute… et c’est parti pour une promenade car C ne tient pas en place et c’est très bien (cathédrale, la vieille ville, le marché de Noël…) et puis vers 17h30 le « coup de la panne » : retour au gîte, douche, dîner et à 19h30 elle est couchée… besoin d’énergie pour le lendemain
Depuis hier soir et encore ce matin, je sens que C appréhende cette première journée de marche : elle traîne. Même pour aller à la bénédiction des pèlerins ce matin : on arrive en retard alors que ce n’est pas du tout son genre.
Et finalement : 18 km avalés « les doigts dans le nez « 😁 Limite si je n’ai pas dû courir après 🤣 et en profitant vraiment de voir les animaux : les chevaux, les vaches, l’âne, les poneys. C' est dans son élément. Soirée tranquille au gîte, finalement bien moins fatiguée qu’hier soir (moi aussi d’ailleurs) envie d’échanger avec les hôtes. Une super journée !
Samedi 21 décembre
C : Aujourd’hui ce fut un réveil à 7h15 pour pouvoir prendre le petit déjeuner à 7h30. Nous nous sommes ensuite préparées à partir. Nous avons marché jusqu’à midi, puis nous sommes arrivées à Saint Privat. Il n’y avait aucun bar ouvert, alors nous sommes montées à l’église qui était fermée. Je me suis assise sur un banc avec Karine et quelques minutes plus tard un chat nous a tenu compagnie alors que nous étions dans le froid. Un monsieur est arrivé pour promener ses chiens et nous avons discuté une dizaine de minutes avant qu’il nous propre du thé pour nous réchauffer. Ce gîte fut fort accueillant avec de la nourriture digne d’un festin.
Karine : Toute petite étape de 7km à peine plus. La neige recouvre toute la campagne, le soleil est au rendez-vous, ça s'annonce bien... Mais C ce matin n'a pas la forme de la veille : il faut dire qu'elle a un rhume - elle n'est forcément pas au mieux. Toujours est-il que les contrariétés vont s'accumuler dès le premier kilomètre ! D'abord les bâtons : après sa chute d'hier en glissant dans la cour du gîte j'avais fini par la convaincre - on les a réglés ce matin au départ - à peine 1km plus loin, le bouc émissaire bâtons est puni et rattaché au sac. La neige c'est beau mais pour C ça finit par être une contrariété : parfois on s'enfonce et on ne voit pas en dessous : ce n'est pas marrant quand on se retrouve le pied et la cheville dans une flaque parce que la glace sous la neige a craqué sous le poids. Ensuite les petits ou grands arbres au milieu du chemin. Stratégie de C passer en dessous (je n'ai toujours pas compris ou) stratégie de Karine contourner l'obstacle en passant par la forêt (en pente) à l'extérieur du sentier - c'est Karine qui a perdu : je me suis retrouvée par terre à glisser dans la neige. C’est d'humeur maussade et trouve le temps long pour arriver : même le panneau du village Le Chier l'a à peine déridée. Heureusement il y avait un troupeau de vaches (avec des veaux) à l'horizon ; on s'est approchées : ça guérit tous les maux. Direction saint Privat avec entrain... Sauf que le chemin en descendant est mauvais : gros coup de stress. L'arrivée au village est difficile : C ne supporte plus de porter le sac à dos et le gîte n'ouvre qu'à 15h30. J'aurais dû appeler (je saurai pour la prochaine fois !!!) Après un bon pique-nique je l'emmène en haut du village pour s'abriter dans l'église il fera moins froid... Grr Fermée ! Heureusement un chat a passé les 2h avec nous, puis le propriétaire du château juste à côté avec ses chiens qui nous a offert le thé : le voilà débarquant avec sa théière classe et deux mugs. Finalement 3h d'attente à la fois pénibles et enrichissantes. Vite oubliées quand a 15h on débarque au gîte qui est ouvert : accueil super sympa des hôtes, on est très confortablement installées. C a retrouvé le sourire, rêve de sa douche et se projette aussi dans l'étape de demain : petite victoire !
Après une sieste de 2 heures : les courses et on est déjà à l'heure du dîner : délicieux et gargantuesque... Heureusement qu'on a l'excuse de marcher le lendemain ! Pendant le dîner, on a planifié le départ, on a discuté avec les hôtes pour savoir par où passer pour éviter la descente escarpée de Rochegude à Monistrol et on a parlé des deux étapes d'après. Belle soirée !
Dimanche 22 décembre
C : Aujourd’hui, fut un un réveil matinal avec la musique de Soprano le coach. Au petit déjeuner, il y a eu l’embarras du choix et toujours aussi succulent qu’au dîner du soir précédent. Nous nous sommes préparées et sommes parties dans le froid. Il y avait beaucoup de pluie, donc nous dûmes mettre les ponchos que nous appelons Karine et moi “le chameau” à cause du sac qui fait une bosse. Ce fut une journée très fatiguante et pleine d’émotions. Durant les jours précédents, je suis sortie de ma zone de confort ce qui était très difficile pour moi. A table, j’ai sorti la phrase “l’impossible est possible”, mais je compris quelques secondes plus tard que mes mots se retournaient contre moi.
Karine : On avait dealé hier soir avec C un réveil et une préparation du sac plus rapides avec de la musique, entre autres le coach de Soprano qui avait déjà fait son petit effet lors du stage de préparation avec Anthony. Ça a marché nickel : à 8h32 on était en route.
Un peu après Saint-Privat on est passées faire un petit coucou a une hôtesse de gîte chez où j'avais logé il y a un an et qui était avec sa famille pour ces quelques jours ; C était souriante et présente dans notre discussion. Un joli moment. A partir de ce moment et pour l'essentiel de la marche j'ai vu le protège sac à dos orange de C qui faisait la marche en tête !!! Et moi je suivais derrière, mais j'ai dû plus d'une fois y mettre de l'énergie pour ne pas laisser un écart trop grand. Et les conditions ne nous ont pas toujours aidées : la bruine dès le départ, la pluie au moment de notre pause à Monistrol et qui a redoublé quand on a commencé les 4 km de montée, le vent froid sur le plateau quand on a voulu se poser pour déjeuner et pour finir vent et neige à l'arrivée à Saugues. Au milieu de la grande montée on a croisé un cheval sur la route qui s'était échappé de son enclos ; J'étais fascinée et puis très vite culpabilisée de ne pas pouvoir l'aider alors qu'il essayait de rentrer dans l'enclos de 2 chevaux voisins. C est allée à la maison voisine prévenir pour être sûre qu'on s'occupe du cheval et qu'il ne lui arrive rien.
A l'arrivée à Saugues, difficile moment pour C : après cette marche de championne les émotions prennent le dessus ; d'abord la mauvaise humeur et puis les larmes. Comme elle l'a dit plus tard, après une bonne douche qui lui a fait retrouver le sourire, aujourd'hui j'ai mis mon âme dans cette marche et maintenant je n'ai plus d'âme qui me reste... Au cours de la soirée et en se reposant elle s'est reconstruite une énergie et une envie de communiquer et de blaguer. Moment inoubliable pendant le dîner et la discussion avec l'hôte du gîte, C nous sort un improbable - mais tout à fait à propos - "l'impossible possible". La surprise n'a pas duré longtemps je lui avais déjà dit en rigolant "et ben ça tu as bien fait de le dire car je saurai te le rappeler pour l'étape de demain"... Elle nous a avoué qu'elle l'avait réalisé en le disant : on était tous les trois morts de rire.
Après le dîner on s'est mis d'accord sur la stratégie pour le lendemain matin : on s'est accordé un petit 1/4h de plus mais on ne change pas une "musique qui gagne"
Mardi 23 décembre
C : Un réveil matinal avec la musique de Soprano “le coach” comme chaque matin. Notre nouveau petit rituel du lever ! Nous avons pris le petit déjeuner et nous avons préparé nos sacs avant le départ d’une longue marche de 19 km. J’eus beaucoup d’émotions et de douleurs musculaires. J’ai beaucoup ruminé durant cette marche. A un moment, je n’en pouvais plus et je pleurai du fait que j’y avais mis toute mon énergie et que c'était impossible pour moi de continuer et c’est là que Karine me sort la phrase “l’impossible est possible”. Comme quoi nos mots peuvent se retourner contre nous ! Je me plaignais beaucoup durant la marche mais à des moments j’étais contente car des chevaux venaient vers moi, ce qui était la première fois. Arrivée à Le Sauvage, le monsieur du gîte de Saint Alban nous a emmenées en voiture jusqu’au gîte de Saint Alban faute de gîte à Le Sauvage. J’eus le responsable de marche au téléphone qui m’a redonné courage pour les prochains jours.
Karine : Nouveau réveil musical. Le premier kilomètre est difficile, il faut dire que nous sommes “cueillies” par le vent et la neige qui dureront toute la journée. Beau moment de communion de C avec les poneys à La Clauze, mais elle ne veut pas prendre le temps de poser son sac et se ravitailler… la suite va être difficile. Ses émotions débordent 2 km plus loin ; elle transforme en négatif toute sa belle journée de la veille. Après des encouragements et un câlin, elle repart courageusement. Vidée au bout de 14 km, elle dévore le paquet de dattes et finit les deux derniers kilomètres comme une fusée malgré la neige qui s’amoncelle : résultat des courses deux chutes pour moi, une pour C et de la neige jusqu’aux genoux à l’arrivée au Sauvage. C arbore après ces 19 km compliqués un grand sourire : ça fait chaud au cœur. La douche, la conversation avec Anthony et l’aligot-saucisse du dîner lui donnent la pêche ; on parle de l’histoire du vilain petit canard qui découvre qu’il est un magnifique cygne.
Mardi 24 décembre :
C : Aujourd'hui, fut un réveil matinal avec la même musique comme toujours, notre petit rituel du matin. Nous partîmes vers 9h en voiture et nous arrivâmes à 10h05 à La Chapelle Saint Roch pour commencer le parcours. Bon, bon… en fait, non, nous avons décollé 45 mn plus tard car les chevaux m'attendaient. Nous avons beaucoup parlé de divers sujets durant la marche avec Karine, ce moment partagé fut un réel plaisir. J’ai fait plusieurs pauses chevaux durant la marche, mais une rencontre m’a particulièrement marquée. Après avoir passé du temps avec un cheval, nous allions repartir quand il me salua soudain d’un signe de tête. Je trouvais ce moment fort émouvant. Je me posais la question “si les animaux me font confiance pourquoi je ne devrais pas avoir confiance en moi-même ?”La réponse est peut-être dans la question me dit Karine. La confiance en soi commence par des questionnements me dis-je en conclusion. Nous avons partagé un bon repas en compagnie d’un cycliste écossais pour le réveillon de Noël.
Karine : Le coach de Soprano est toujours au programme du réveil mais cette fois C trainaille au petit déjeuner. Comme nous avions convenu d’un horaire pour la montée en voiture avec le propriétaire du gîte, j’ai un peu remis l’église au milieu du village. Le trajet a été boudeur mais arrivées à la chapelle Saint Roch, l’envie est là. De faire une photo d’abord et de se lancer dans la marche. Même si “lancer” est un bien grand mot, on a dû faire 300 m en 45 mn : C discuta avec les chevaux (race comtoise) et découvre la jalousie des étalons entre eux et moi je discute avec le propriétaire qui passe dans un sens avec son tracteur puis dans ‘l’autre, un peu surpris de nous trouver encore là. Le contact avec les animaux et le fait qu’ils viennent vers elle font du bien à la confiance de C. Le reste de l’étape a été une vraie balade : joli paysage avec pas mal de forêts, retour du soleil, deux chevreuils qui filent au loin. Un nouveau paquet de dattes en a pris pour son grade. On va faire des provisions demain !!!
La marche de ce matin a été propice à la discussion : des sujets personnels, politiques et beaucoup de curiosité et de réflexion sur soi. L’enthousiasme ne quitte pas C. De retour au gîte de Saint Alban, elle écrit ses blogs de retard, relit ses notes et me partage le très beau message que son amie lui a écrit pour son départ. C se réjouit de passer la soirée de Noël avec le cycliste écossais qui nous a rejointes pour la nuit. Nous avons discuté, préparé nos repas et mis le tout en commun : un très bon moment pour un Noël à part. Avant d’aller nous coucher on échange sur son cadeau de Noël : elle ne l’aura sans doute pas avant le jour de repos à Cahors, raison de plus pour pouvoir se projeter et commencer à choisir ce soir.
Mercredi 25 décembre : Aumont-Aubrac
C : Réveil avec notre petit rituel comme toujours, vous devez vous en douter. Nous avons pris une partie du petit déjeuner en compagnie de notre cher cycliste écossais. Nous sommes parties en chemin à 8h45 avec un beau ciel bleu. Durant cette marche, nous avons parlé d’histoire avec Karine (Louis Pasteur, Henri IV, Louis XVI). C’était très intéressant. Nous avons fait une pause chevaux, la femelle était enceinte. Au début, ils ne s’approchaient pas, puis finalement ils sont venus. Nous avons continué le chemin et on a fait une autre pause chevaux, mais cette fois-ci c’était un grand joueur. Il n'arrêtait pas de mordre mes habits et de lécher ma doudoune. C'était un beau souvenir. Nous sommes allées à l'église et avons découvert le distributeur de plats à emporter, un concept dont je n’avais jamais entendu parler. Ces découvertes à Aumont Aubrac étaient fascinantes. Le soir on a joué aux fléchettes et Karine a découvert que je ne savais pas viser la cible. Après c’est un bon dodo pour moi.
Karine : Après un bel au revoir au cycliste écossais qui ce matin nous a acheté des chocolatines (C y tient !) et un boost d’énergie avec le son de Nirvana, nous partons pour nos 16 km du jour. La bonne nouvelle : le beau temps est là et pour la première fois depuis Le Puy le bonnet est rangé et faire une pause pique-nique est un agréable moment.
C est super motivée ; une vraie fusée ou un cabri dans les montées qui aime ressentir ses mollets travailler. Moi aujourd’hui j’ai l’impression de me traîner !!
Faute de chevaux… on discute - ce matin c’est histoire : Henry VIII, Henri IV et la saint Barthélémy, Louis XVI et Necker
C découvre cette tradition du Chemin de poser des cailloux sur les croix ou les statues. C est emballée - elle aime bien le principe de laisser une trace et en pose partout, et dans les conditions les plus compliquées. Et puis elle réalise qu’elle a eu un déclic : marcher en profitant plutôt que compter les km qui restent à parcourir. Elle s’est aussi prise d’une frénésie de lecture des papiers en libre-service dans les églises. Je crains le poids du sac dans quelques jours !
Mais rien ne passe au-dessus des chevaux ! Alors quand 2 apparaissent enfin au bout de 9 km, surtout en profiter pour faire la pause déjeuner.
La fin de la marche se fait à vitesse grand V ; sans une nouvelle pause chevaux ont était à Aumont-Aubrac à 14h30.
Une fois de plus on a le gîte rien que pour nous ! C’est grand et agréable ; c’est chauffé dans toutes les pièces 😁.
Et ce soir on doit se préparer à manger nous-mêmes - un 25 décembre au soir sans course ça s’annonce bien… mais miracle du Chemin, il y a un distributeur de plats cuisinés préparés maison à 10 m du gîte (oui ça existe! Et c’est bien pratique 😁)
On s’occupe de notre repas, on prépare le parcours et le planning de demain (à commencer par des courses)
Jeudi 26 décembre : Nasbinals
C : Aujourd’hui, je suis très fatiguée encore. Je me dis que plus je marcherais plus j’aurais l’habitude. Nous sommes parties marcher et sur notre chemin, un veau était sorti de son enclos. Opération sauvetage de veau. Karine est allée chercher de l’aide et moi je restais avec le veau pour qu’il ne parte pas ou qu’il se blesse. Après avoir été remis dans l’enclos, nous partîmes continuer la marche. Nous sommes arrivées à une chapelle où j'ai mis un mot dans un cahier “26 km on va y arriver”. On a mangé en deux étapes pour garder de l’énergie mais vers 13h c’était la baignade de 2 mn dans l’eau froide. Vers la fin de l’après-midi, on a vu un âne avec une vache. L’âne était très joueur mais la vache n'osait pas s’approcher sans doute par méfiance. On a vu ensuite dans un autre même enclos un âne avec deux chevaux et une brebis. Nous sommes arrivées à destination la nuit tombée avec nos lampes frontales sur le front. A la fin de la marche, j’étais épuisée.
Karine : Départ matinal pour une longue étape de 26 km. Le givre recouvre la campagne et le soleil au rendez-vous c’est MAGIQUE ! C s’enthousiasme et prend des photos.
Le vilain petit canard qui se découvre un beau cygne est de retour : il est écrit avec les autres témoignages de pèlerins (et graffeurs) dans le tunnel de passage sous l’A75
Un veau est sorti de l’enclos de son troupeau et divague sur la route : C reste avec lui avec prudence et je vais interpeller deux gars du village : dix minutes plus tard le veau a retrouvé sa mère ; C est contente.
La petite chapelle de la Bastide avec ses peintures murales turquoises est mignonne ; un livre d’or : C tient à y écrire quelque chose « 26km à faire, je vais y arriver »
Aujourd’hui C est attentive à son rythme de marche pour ne pas se mettre dans le rouge, à se nourrir et à prendre soin de ses pieds à la pause. Car enfin on peut faire des pauses plaisir au soleil. Du coup sous l’impulsion de C on a enlevé nos chaussures et chaussettes et posé nos pieds sur l’herbe froide un délice.
Depuis le temps qu’elle en rêvait : C a repéré sur le grand plateau de l’Aubrac le spot idéal pour un bain d’eau glacée (marotte de notre responsable de marche) - 2mn chrono comme une championne dans une eau qui doit être à 2 ou 3 degrés !!! Moi j’assure l’intendance, la sécurité et les photos 🤣🤣🤣
Avec toutes les pauses « animaux » l’arrivée de nuit se profile, même si à 5km de la fin C est repassée en mode fusée. On est arrivées à la frontale au village : pas si mal
À l’entrée du bourg de Nasbinals, nous avons hurlé notre fierté d’avoir fini cette étape - je ne sais pas si quelqu'un nous a entendues : le voisin le plus proche était le cimetière
Vendredi 27 décembre : Saint Chély d’Aubrac
C : Nous sommes parties marcher vers 9h25 et on a découvert sur le chemin des montées épuisantes dans des parcs à vaches. Les vaches n’étaient pas là bien sûr. Dans La montée, on a trouvé un point d’eau où j’ai pu me baigner pendant 3 mn dans l’eau à environ zéro degré. On a ensuite continué la montée et avons décidé de faire une pause car j’avais besoin de digérer cette montée. Le soleil était très agréable. Première fois de la journée que je regardais le paysage car sur tout le chemin, j’étais perdue dans mes pensées. On a fait la pause repas à Aubrac qui m’a fait du bien. On est reparties et en fin d’après-midi, nous sommes arrivées dans le gîte d’un ancien accompagnant Seuil, Eric. Il nous a super bien accueillies et j’ai été heureuse de l’avoir rencontré.
Karine L’heure du départ était cool ce matin ; et pourtant faux départ : à 50m du gîte C se réveille qu’elle a oublié de remettre un compeed.
Le début de la marche est calme et silencieux, propice à quelques confidences sur ses péripéties enfant ou sur les cours qui lui manquent.
Le chemin monte sans fin au travers des parcages à vaches de l’Aubrac à 1300m d’altitude, la neige est de plus en plus présente : c’est usant. Nous faisons une agréable pause, assises dans l’herbe ; C fume ce n’est pas le meilleur signe. D’ailleurs le paysage est splendide mais C me confie qu’aujourd’hui elle n’arrive pas à en profiter.
Elle ne laisse pas échapper l’occasion d’un nouveau bain dans l’eau glacée : aujourd’hui 3mn chrono ! J’admire… tout en me disant que ça va lui bouffer de l’énergie.
Arrivée à Aubrac : une table nous attend pour un bon pique-nique au soleil. Mais l’urgence est à trouver des toilettes pour C : les WC publics sont fermés à cette saison - une habitante lui propose finalement de l’accueillir. C est frappée du respect pour les pèlerins.
La tranquille descente sur Saint-Chély que nous espérions est en grande partie un sale petit chemin avec des cailloux et de la neige ou de l’eau qui a inondé partout. Usant !!! C est de plus en plus fatiguée sans perdre encore le sourire : elle réinvente pour le coup les règles de base de l’anatomie. Elle a des courbatures aux genoux et est enceinte des genoux, des cuisses et des pieds🤔
Enfin nous arrivons au gîte d’Eric : on ne le savait pas, il a accompagné trois marches Seuil. C a assez de force pour profiter du dîner et de la conversation avec Éric et puis s’effondre. J’ai passé une très bonne soirée et cerise sur le gâteau, Éric nous a bien conseillées pour gérer la découpe de Espalion - Conques
Samedi 28 décembre : Espalion
C : Nous sommes parties à 9h15 de chez Eric après un petit déjeuner en sa compagnie très agréable. Le matin après avoir commencé à marcher nous nous sommes arrêtées dans une ferme où il y avait des vaches et des veaux. On a vu le moment où il ouvrait l’enclos entre les veaux et les mamans, un moment très émouvant. En reprenant le chemin, on a vu des chèvres qui mangent des branches d’arbres. Je les ai surnommées “gogole”. On a vu aussi des oies et une a essayé de me pincer, alors je l'ai surnommée “sale gosse”. En arrivant à Espalion, on a vu beaucoup de “wesh - wesh” adolescents que je surnomme comme ça parce qu’ils font les intéressants. On a vu des jeunes femmes faire une balade en cheval. Nous sommes arrivées au gîte puis nous sommes allées chercher de quoi manger pour le soir. Une fin de soirée tranquille.
Karine : C est vive au petit déjeuner comme jamais. Elle est reposée et a vraiment apprécié l’accueil d’Eric.
Dès le début de la marche C est en mode confidence : pour une fois (je cite) elle a spontanément sorti une phrase où elle a confiance en ses capacités ; elle m’explique aussi pourquoi elle ne veut plus faire semblant d’être wesh pour faire comme les autres.
Dans notre descente sur Saint Côme on croise une grande étable avec les vaches alignées pour la distribution de foin. L’agriculteur après avoir fini vient discuter avec nous et va libérer les veaux et les vaches pour permettre la tétée. C est aux anges.
C n’est pas découragée du sale chemin de descente qui l’angoisse - elle descend lentement mais sûrement : gros câlin à l’arrivée. Pour la suite de la marche elle ne se départit pas de sa bonne humeur (piques et blagues) même quand il faut faire la pause pique-nique dans le
À Saint Côme, on se rattrape : petite gourmandise et pause sur un banc en plein soleil, les pieds à l’air sur le dallage. C’est en même temps un petit exercice pour le chemin de C : s’assumer comme on est sans stresser ou s’énerver des gens qui nous regardent bizarrement ou qui suggèrent qu’on fait pitié 😁
Les 5,5 derniers km pour Espalion se font bien : C découvre au passage que les oies sont des sales gosses et les chèvres un peu secouées.
La logistique pour le lendemain est un peu compliquée ce qui finit par stresser C ; du coup elle me propose gentiment d’aller préparer le dîner. Et au milieu de tout ça on a « opéré » l’ampoule de C. Ce soir, elle a battu son record d’heure de coucher : 21h45. Je ne vais pas traîner… bonne nuit 😴
Dimanche 29 décembre : Les Fonteilles
C : Aujourd’hui, l’objectif est d’arriver à Les Fonteilles. On a marché tranquillement au point qu’on avait un peu de retard. Vers 14h, nous sommes arrivées au pont Estaing où nous nous sommes arrêtées pour enlever les chaussures et chaussettes pour poser les pieds par terre et ressentir le froid afin d’avoir une bonne circulation du sang. On avait les doigts de pied en éventail. Pour arriver sur le pont, on a fait 5k en une heure, les trois derniers kilomètres de la journée ont été une montée. Nous sommes enfin arrivées à destination et Léo nous a accueillies chez lui. On a mangé du pain d’épice avec du thé vert en attendant Florian pour qu’il vienne nous chercher en voiture pour retourner à Espalion. On a mangé avec Florian, sa fille et Aurore. Avant de manger, j’ai un peu dessiné avec sa fille, Florian a coupé la salade et je lui ai dit que ça ne se coupe pas, ça se plie. C’était un peu comme un repas en famille. Il nous a surnommé le “duo salade”.
Karine : Sur l’idée de notre hôte « vétéran de Seuil » nous mettons en place un code couleur du Ressenti le matin au départ : C me dit que les voyants sont au vert
Ce matin on se pèle plus que sur les plateaux de l’Aubrac 1000 m plus haut, à cause de l’humidité du Lot. On voit bien pourtant le soleil essayer de percer alors sur la campagne saisie dans le givre c’est MAGIQUE
Nous arrivons à l’église romane Saint-Pierre de xxx. Heureusement, elle est ouverte car elle a une particularité unique, une chapelle aérienne, au-dessus de l’église principale, à laquelle on accède par une escalier super étroit avec des marches de 30cm - au moins si on tombe on est retenues par les murs. Pour C , plaisir de lire les messages d’espoir laissés dans la chapelle, de faire des photos et d’écrire dans le livre d’or
La montée qui suit est rude mais une formalité ; la descente d’après, abrupte : typiquement le genre de chemin qu’elle surnomme « catastrophique « : descendu d’un trait
Une longue pause cheval précède une confortable pause pique-nique au soleil avec poulet rôti et galette des rois partagée. Nous n’avons pas avancé très vite ce matin - que pour des bonnes raisons. C exprime son inquiétude sur notre heure d’arrivée ; je lui explique que beaucoup de plats arrivent : elle met le turbo et on arrive à Estaing en 1h.
Cela nous autorise une pause soleil « les doigts de pied en éventail « sur le pont. Bon pour préparer les 8km à suivre et la rude montée ; bon aussi pour faire abstraction du regard des passants/automobilistes qui nous regardent comme des ovnis.
Vers 17h nous arrivons en bonne forme après quelques pauses “vaches” au gîte a Fonteilles, chez l’ami de notre hôte d’Espalion Florian, qui nous accueille pendant que Florian vient nous récupérer : thé vert, Pain d’épices maison, et une séance TV et photos pour voir Florian jouer le gendarme dans la série l’Eclipse.
Et pour finir en beauté cette magnifique journée : dîner avec notre hôte, sa fille et son amie. Un excellent moment plein de fous rires : C dessine avec la petite fille et participe à la bonne ambiance générale : le « la salade ça ne se coupe pas « va rester » !!!
Lundi 30 décembre : Conques
C : Léo est arrivé à 8h45 pour nous déposer en voiture à Golinhac. On a vu des animaux sur le chemin. Il y avait trois chevreuils qui mangeaient du chou. Il y avait également des vaches. Après un au revoir assez difficile pour moi à Léo, on a pris la route. Dans une chapelle, j’ai écrit sur un cahier de notes “j’ai confiance pour le rythme de la marche”. Nous avons vu deux ânes sur le trajet et un des deux avait des oreilles un peu comme un lapin. On a vu une race de cheval assez costaud. Quand on était presque arrivées vers Conques, il y avait une descente assez difficile où je suis passée devant car Karine l’avait déjà faite dans le passé et qu’elle en n’avait pas un bon souvenir. Nous sommes arrivées à destination à Conques vers 17h10
Karine : Florian nous a récupéré aux Fonteilles hier soir ; ce matin c’est Léo qui a la gentillesse de nous conduire à Golinhac. En cours de route : 3 chevreuils dans le champ de choux. Pas farouches : un régal pour les yeux.
Avant le départ de notre étape C écrit un long message dans le livre d’or de l’église de Golinhac : « plus nous avançons plus nous profitons de l’instant présent »
C me parle spontanément du code couleur : vert. Il est super-vert : elle est super enthousiaste - les 2 moments de convivialité la veille chez Léo puis chez Florian l’ont marquée ! Elle est fière aussi et sent qu’elle a déjà changé : elle me parle de solidarité mutuelle pendant la marche
Elle parle aussi de projets : rien de précis mais l’envie d’en avoir et elle me parle de sa famille de Moissac
On fait une super pause au soleil à Espeyrac : on fait des courses pour Conques et C en profite pour se faire chauffer une boîte de raviolis par la gentille dame de l’épicerie. Un expresso chacune avec le reste de gâteau au yaourt d’Aurore : le paradis !
Le trajet de l'après-midi se passe bon train : je vais bien physiquement mais je sens que quelque chose ne tourne pas complètement rond chez moi : peut-être l’appréhension de la descente sur Conques dont je garde un mauvais souvenir. Je partage avec C qui « prend les choses en main » : dans cette descente abrupte qu’elle appelle « chemin catastrophique » elle va rester devant et m’encourager. J’arrive en bas vidée : on se tape dans la main.
Nous sommes accueillies comme des reines à l’hostellerie de l’abbatiale par le frère hospitalier Pierre-Adrien. Pour le dîner nous ne serons pas seules loin de là : une chorale en résidence pour quelques jours et l’association Limbo. Ça fait finalement beaucoup de monde pour C.
Mardi 31 décembre : Conques (jour de repos)
C : Aujourd’hui, c’est le jour de pause. J’ai fait la grasse matinée jusqu'à 10h30, puis j’ai pris un chocolat chaud. Notre pause repos est à Conques.
Ce matin, on a décidé de faire un petit tour dans une partie du village, puis c’était l’heure du repas. Au début de ce repas, il a lu l’histoire de La Belle au Bois Dormant qui était contée de façon humoristique. L’après-midi, j’ai fait une sieste, puis j’ai rejoint Karine un peu plus tard dans la bibliothèque. A 17h30, il y avait une chorale qui chantait à l’église. Ils venaient d’une association. A 21h, c’était l’heure du repas du réveillon et nous étions nombreux car il y avait également deux associations dont la chorale. Je me suis couchée vers 23h tombant de fatigue.
Karine : Hier soir j’avais laissé le choix à C : réveil à 8h30 pour le petit déjeuner ou réveil à une heure qu’elle choisirait mais pas de petit déjeuner. Elle a choisi la 2e option : je m’y suis tenue. Elle s’était d’ailleurs réveillée toute seule quand - absorbée par les appels aux hébergements- j’ai laissé passer l’heure et je suis revenue dans la chambre à 10h30.
J’ai vite senti que l’humeur du jour était « molle » : j’ai fait en sorte qu’elle ait un chocolat chaud qu’elle s’est préparée ; on a réussi à faire une première promenade vers 11h40 - mais son briquet qui n’avait plus de fuel était son principal sujet d’intérêt. Je ne suis pas sûre que les belles ruelles de Conques sous le soleil aient eu beaucoup de crédit ; un chat qui passait par là oui
Le déjeuner collectif qu’on nous a gentiment offert est un nouveau moment compliqué (57 personnes la salle) ; heureusement c’est un déjeuner avec les frères, donc avec lecture donc en silence… ce qui lui pèse moins. La lecture du jour : la belle au bois dormant en version originale de Charles Perrault ! Qui aurait parié 😁 Ça plait bien à C.
Pour autant elle le déclare à la fin du repas qu’elle n’aime pas les jours de repos ! Ça ne m’avait pas échappé… ni une ni deux : elle est repartie se coucher.
Je lui laisse une heure pendant que notre linge se lave et se sèche (on s’occupe bien de nous !) et puis finalement je discute avec l’art-thérapeute de l’autre association, j’oublie l’heure du linge, j’y retourne et j’irai me balader un peu plus tard dans Conques pendant que C écrit ses blogs
Le concert dans l’abbatiale est très beau : un vrai moment d’émotion pour C et pour moi.
Le bon moment pour écrire nos vœux 2025 pour nous, les autres binômes, Seuil et ses superbes personnes qui assurent au quotidien pour les jeunes. On a vraiment beaucoup rigolé en écrivant ces vœux 🤣🤣🤣 on est de superbe humeur à l'heure du réveillon collectif avec la chorale Cantate Domino, l’association Limbo et les amoureux de l’abbatiale Sainte Foy de Conques qui nous ont rejoints à l’hostellerie !
Mercredi 1er janvier
C : Pour commencer, Bonne année et mes meilleurs voeux. Bon la marche a débuté avec une montée épuisante. Super ça… Ensuite, on a sonné la cloche de l’abbaye même si j’étais de mauvaise humeur. Eric tu ne m'avais pas dit qu’il y avait cette montée ! Vers le début du trajet, on a vu des poneys rikiki : Ils étaient adorables. Ensuite, un peu plus loin on a vu une dame qui avait des chevaux et des ânes. En plus de ça, elle m’a autorisé à rentrer dans l’enclos pour passer du temps avec eux. A midi, on n’a pas beaucoup mangé alors quand nous sommes arrivées au gîte, j’étais épuisée. Les personnes qui nous ont accueillies étaient formidables.
Karine : Bonne année 2025 ! 1ere étape de l’année. Ce matin C décide de partir comme une fusée dans la montée de Conques… (et pourtant j’avais prévenu) Et avant même la chapelle Sainte Foy, elle bloque et ne veut plus avancer. Atteindre la chapelle et faire sonner les cloches la requinque ; à un rythme régule la montée de Conques finira par être avalée
La suite de la matinée se passe sereinement, dans la discussion et avec les premières pauses animaux de 2025 : ânes, mini-poneys, chevaux… toujours autant appréciées. Jusqu’au drame de la boîte à livres de Noailhac ! En plus des 3 kg de livres qu’elle a pris à Espeyrac, C se charge encore d’un livre monstrueux pendant que je cherche un commerce… quand je découvre le pot aux roses quelques centaines de mètres plus loin le ver est déjà dans le fruit : les solutions les plus farfelues sont imaginées (quand on est au milieu de nulle part le 1/1) pour se débarrasser du/des livre (l’envoyer par la poste, faire venir la responsable de marche qui a dû venir dans la région, les laisser dans une chapelle devant laquelle on passe…). Au pied du mur : blocage - pour C c’est la fin de la marche. Heureusement la croix de Tagadou va nous sauver : déjeuner, discussion, compromis, cris libérateurs… nous en repartons avec le sourire.
L’étape n’est pas très longue mais finit par être éprouvante. Bien contentes d’arriver dans le cocon de Libellules et Papillons, d’autant que l’accueil est formidable. Dans notre galère d'hébergement (même à Figeac!) ils vont vraiment nous aider !
Jeudi 2 janvier : Figeac
C : Aujourd’hui, n’était pas une si bonne journée par rapport au mental. J’ai beaucoup ruminé durant la journée. J’ai eu mon père, mon frère et ma grand-mère, ce qui m’a fait super plaisir. J’ai fait une pause chevaux qui m’a réconfortée mais je me sentais vide. Vide comme si j’étais rien …. Je pense que je me sentais vide car mon entourage me manque. Malgré ça, nous sommes arrivées à Figeac où j’ai rencontré Martine, une belle personne avec un beau et grand cœur. J’ai fait la promesse de revenir la voir un jour. Le soir, j’ai eu un chagrin car mon amie me manquait énormément. Nous avons eu un appel avec une ancienne jeune qui avait fait la marche, pour m’encourager et me dire que c’est normal de ruminer et vivre des moments difficiles durant la marche car on est seule face à soi-même, la thérapie de la marche. En tous cas, merci de m’avoir autant encouragée, ça m’a redonné la force d’avancer.
Karine : De son propre aveu C « se traîne ce matin ». C’est son ressenti au demeurant on attaque la marche et on avance sûrement. À Montredon C appelle son père ; elle y réfléchit depuis 2 jours et ce matin c’est le bon moment pour elle. Elle aura aussi son frère et sa grand-mère : à ce moment il fait beau, dans cette 1/2h c’est la seule fois de la journée qu’on verra le soleil.
La suite de la marche est plus difficile pour C : tout d’un coup les émotions débordent - les larmes, l’impression de destruction, de vide, de devenir un zombie. Les mots du mieux que je peux, des câlins… C ne lâche rien : elle repart. Malgré la bruine, malgré les pieds qui chauffent, nous arrivons à Figeac.
C fait ses blogs, je fais quelques courses (en oubliant la moitié de la liste d’ailleurs) et nous allons ensemble commander notre pizza.
La dame du gîte est très gentille, très attentionnée. Nous sommes un binôme Seuil : elle est aux petits soins : elle nous parle avec tendresse du jeune qui est resté 3 jours chez elle avec son accompagnatrice. C connecte avec cette dame ; elle sent une bonne personne avec laquelle elle reste discutée à une heure bien tardive pour elle et notre lever matinal demain.
Vendredi 3 janvier : Cajarc
C : Ce matin, nous nous sommes levées plus tôt que les autres jours pour prendre le bus à 7h51 jusqu’à Faycelles. Nous avons pris le petit déjeuner dans un bar aux alentours et quand nous sommes arrivées à l’intérieur, nous étions comme des aliens qui débarquaient sur terre. Nous avons ensuite pris la route et j’ai fait la rencontre d’une vache baveuse. Après m’avoir bavé sur ma main et mon gant, nous dûmes reprendre le chemin afin de ne pas mordre trop sur notre temps précieux. A un moment, plein de coqs se sont mis à chanter les uns après les autres. Je me suis demandée si les poules n'avaient pas mal aux oreilles à force. Pendant notre pause repas, rebelote, il y en a encore qui se sont mis à chanter. J’ai fini par penser qu’ils étaient détraqués vu l’heure où ça chantait. La prochaine fois que j’entends chanter un coq à midi, il n’y a pas photo, je le mettrais à la casserole. Nous avons aussi vu notre premier cochon. C’est beau un cochon “hi hi“ a répondu notre très cher directeur. A la fin de la journée, on est venu nous chercher en voiture pour nous ramener à Cajarc Gaillac, après 23 km.
Karine : Ce matin on doit prendre le bus de 7h51 pour Faycelles pour rendre l’étape jusqu’à Cajarc raisonnable ; si on le loupe c’est 31 km, 😱 j’essaie de ne pas renvoyer mon stress à C. Finalement on a le bus et on arrive à destination 10mn plus tard : nous avons la bonne surprise de prendre notre petit dej au chaud au bar multiservices du village. Nous faisons exploser la composante diversité féminine des présents : on passe de 0 à 2 🤣
On part bon train - après une pause « vaches » - marche directe sur le Gréalou alternant les périodes de silence et d'échanges.
C’est là qu'un miracle se produit : à la 14e étape, nous croisons notre 1er pèlerin sur le chemin - il est parti du Puy le 28/12 et fait 40km par jour ! Notre score jusque-là était un cycliste le 24/12 au gîte de Saint-Alban et un marcheur le 28/12 au gîte d’Espalion.
Après la pause déjeuner qu’elle a appelé de ses vœux plus tôt que d’habitude,
C' est toujours très bien et évoque ses amis, souvenirs,…
Elle tente même d’avoir ma peau en me récitant « miam miam do do » en boucle pendant 10 mn mais la marche est plus forte et le « miam miam do do » glisse sur moi comme sur les plumes d’un canard.
Pas beaucoup d’animaux en cours de route mais une nouvelle innovation : un magnifique cochon (on a même l’impression qu’il vient d’être brossé !) - va pour la pause « cochon »
Arrivées à Cajarc, nous nous précipitons à la boulangerie pour un goûter : bonne surprise il y a un opticien à côté qui peut changer les plaquettes de lunettes de C.
Au fur et à mesure de la soirée et de ce que nous faisons cuire, pour le dîner et le lendemain midi, le gîte devient de plus en plus confortable et la température agréable. Une fois le dîner avalé, nous nous concentrons sur demain midi et les pâtes au beurre froides transportées dans le plastique des petits pains. Je crois qu’on va battre la tortilla froide de ce midi…
Samedi 4 janvier : Limogne sur Quercy
C : Aujourd’hui, nous partons de Cajarc → Direction un camping. Sur le trajet, il n’y avait pas grand-chose à dire à part qu’on a eu une montée. Nous sommes arrivées à 13h35 à destination et nous avons été au restaurant, notre petit plaisir de la semaine. Nous y sommes restées jusqu’à 14h45 pour ensuite aller faire des courses. Après, direction le camping, là on a réservé un mobil home. Un monsieur très gentil nous a accueillies en compagnie de mimi, un chat femelle qui adore mordiller les doigts et bien évidemment son chien, Oggy, qui a toujours un jouet dans sa gueule. Après avoir passé un peu de temps avec les animaux, le monsieur nous a accompagnées au mobil home et hop ! C’est la sieste d’une heure pour moi. Après la sieste, je suis sortie pour aller chercher du thé et je me suis assise 10 mn avec mimi en attendant que le monsieur revienne de ses courses. Après avoir longuement discuté avec lui, je suis partie sous la douche en chantant. Karine a eu le droit à un concert pendant ma douche et après ça va être l’heure de transformer les pâtes au beurre dans un sac plastique en pâtes carbonara !
Karine : Ce matin il bruine. La météo annonçait de la pluie à l’heure du déjeuner : il a bruiné toute la journée. Ce n’est pas très enthousiasmant mais vaille que vaille on part : l’étape n’est pas trop longue. On avance à un bon rythme à travers ces chemins typiques du Quercy : entre deux murets de pierre recouverts de mousse, dans des « forêts » de petits arbres tordus voire rabougris, avec des cabanes circulaires en pierre… la température n’est pas mauvaise mais l’humidité nous refroidit - l’idée de manger nos pâtes froides sous la bruine nous séduit moins… Avec toute l’incertitude que ça comporte, on décide de tracer sur Limogne et de se consoler de cette journée maussade avec un petit restaurant s’il est encore ouvert. On recyclera ce soir nos pâtes au beurre en carbonara 😁. 13h40 on est arrivées sur la place du village : on file au Galopin et son menu du jour. C ne se dégonfle pas et demande une Virgin pina colada : ça tombe bien l’endroit est spécialiste des cocktails. Après cet agréable moment, direction les courses et notre camping. L’entrée en ce jour de janvier pluvieux a l’air triste - d’autant avec la piscine et le tennis désaffectés - mais qu’est-ce qu’il est confortable notre mobil-home! Là pour le coup on est vraiment au chaud ! Après une petite sieste, C qui n’a pas eu son compte d’animaux (uniquement quelques vaches et 2 ânes aujourd’hui) va jouer avec les animaux du gérant. On regarde aussi ensemble le passage entre Cahors et Moissac pour voir s’il est raisonnable de gagner une journée sur le plan de marche ; pour lui laisser plus de temps avec sa grand-mère de Moissac (ce qui en plus devrait nous faciliter la vie avec les hébergements).
En allant chercher un sachet de thé pour le petit déjeuner, C a eu l’occasion de discuter un long moment avec le gérant du camping qui a vu passer d’autres binômes Seuil au fil du temps ; elle en est revenue enthousiaste.
À tel point que je l’entends pour la première fois chanter sous la douche 😁 La suite de la soirée est du même acabit : joyeuse et déterminée (yc pour l’opération de la 2e ampoule). C a pris deux décisions ce soir : a) elle se projette sur la grande étape pour arriver à Cahors et veut s’y préparer et b) elle a « décidé de garder son humour » alors qu’elle le voyait apparemment d’un mauvais œil jusque-là. Très bonne nouvelle 😁
Dimanche 5 janvier : Bach
C : Aujourd’hui, c’était la meilleure nuit que j’aie passée depuis le début de la marche. Petite grasse matinée et bon petit déjeuner avec des petits pains au beurre et du chocolat fondu. Après que Oggy nous ait fait un petit numéro toujours avec son jouet dans la gueule, nous partîmes en route. A midi, nous vîmes une famille de canards narcissiques assez gros quand même et l’enfant apprenait à voler mais passait plus de temps à se nettoyer les plumes.
Narcissique qu’il est, il préférait être beau que savoir voler. Nous avons vu des moutons écervelés qui n’avaient pas de mémoire. Plus loin, c’est une pause cheval et ce cheval ne pensait qu’à manger. Nah, mais oh ! Après la deuxième pause cheval, il faisait le fier. Nous finîmes par arriver ! C’est l’heure de la douche et après le monsieur qui nous a accueillies, nous fît à manger. C’était un ancien restaurateur. Après, j’ai été en appel avec la jeune fille qui avait fait le chemin avec Seuil et Clémence et après c’est le dodo pour moi.
Karine: Aujourd’hui petite étape de 13km alors c’est grasse matinée. D’autant que nous sommes bien dans notre chez nous et du coup, encore moins pressées de partir. Un oiseau un peu cinglé vient cogner aux fenêtres pour se faire remarquer : le salon, la cuisine puis la chambre - il a tout essayé. Nous finissons par décoller et aller dire au revoir à notre hôte et au chien Oggy
C me dit : « je me sens bien « ! Ça s’est une belle façon de commencer la journée !
Pas de montée, pas de descente, un petit rayon de soleil : improbable. On avance bien, on discute de soins esthétiques (eh oui!)
À Varaire : tout est là pour une agréable pause pique-nique : du soleil, un banc, les décos de Noël et la famille Canard dans la mare du village - le petit apprend à voler sans trop de succès sous la supervision du papa.
À peine sorties du village, pause : C avec les chevaux, Karine assise sur un muret. Redémarrage. 300m plus loin, rebelote : C avec les chevaux, Karine assise sur un muret… qui s’effondre ; Karine par terre. Le mythe du muret du Quercy s’effondre aussi ! Celui-là avait peut-être une excuse : il est tout récent 🙃🤔 !
Nous poursuivons tranquillement notre chemin jusqu’au gîte, une magnifique bâtisse de la région complètement retapée.
Ce soir, le moral de C n’est pas aussi au beau fixe que les jours précédents : le courant avec le monsieur n’a pas l’air de passer, et C fait une fixette sur son poids. Il devient urgent de se peser - tout le monde a beau lui dire que la marche ça fait mincir et maigrir, elle tourne en boucle, et ne veut plus manger de pâtes alors qu’elle s’est gavée de chocolat ce matin et au goûter.
Après quelque temps en retrait, C retrouve le sourire. On regarde la topographie de la longue étape de demain ; le monsieur retrouve grâce à ses yeux. Et finalement, la voilà lancée dans une nouvelle tentative de déstabilisation au « miam miam dodo ».
Lundi 6 janvier : Cahors
C : Départ pour 8h parce qu’on a 24 km à faire. Sur le chemin, nous avançons très bien tout en ayant fait plusieurs pauses. La première pause m’a un peu tracassée parce que je ressentais le stress du cheval et j’avais l’impression qu’il boitait. J’ai réussi à lui faire des petites papouilles tout en lui parlant de façon rassurante, puis il est parti. Il s’est roulé dans la terre et s’est pris soudainement à galoper vers moi. Nous sommes reparties sur le chemin et plus loin nous avons vu une dame qui nettoyait un lavoir rempli de salamandres et de têtards de salamandres. Après nous sommes reparties et nous avons dû faire une deuxième pause dans une aire de pique-nique pour manger. A 1,5 km de Cahors, il y a eu une longue descente assez difficile. Quand nous sommes arrivées dans le gîte, la dame nous a accueillies chaleureusement avec un beau sourire.
Durant la soirée, je l’ai aidée à mettre la table et à faire la vaisselle pour passer du temps avec elle.
Karine : 7h59 - départ pour notre étape de 27km - il fait encore nuit, mais nous sommes toutes les deux d’attaque. Traversée du village et visite de l’église : en sortant on aperçoit une dame en face qui nous salue à grands gestes depuis chez elle.
On trace jusque Mas de Vers. À la sortie du village, décoration locale le long de la route : des canettes de desperado ont été accrochées aux branches des arbres tous les 10m - sacrée haie d’honneur 😳
Au détour d’un chemin, nous arrivons à un lavoir ancien ou une dame enlève à l’épuisette des algues parasites. Dans la partie basse déjà bien nettoyée et ré-oxygénée, il y a de la vie dans la vase : pleins de bébés salamandre !
On poursuit notre marche. Je demande à C, qui a envie de parler ce soir à Anthony, notre responsable de marche, ce qu’elle veut lui dire : réponse «J’sais pas « 😁
La bruine s’invite par intermittence et la sensation de froid qui va avec - on n’avait pas besoin de ça : le plateau au-dessus de Cahors nous paraissait déjà interminable. Et pourtant à 2km de l’arrivée C est toujours en forme (pas de problème de plante de pieds, pas trop de fatigue, juste un problème à l’aine qui revient)
Et surprise : au moment où on atteint le pont Louis-Philippe pour rentrer dans la ville, coup de fil d’Yvon le directeur de Seuil. Il voulait féliciter chaleureusement C pour ses trois premières semaines de marche 👍
La traversée de Cahors est plus compliquée mentalement : beaucoup de monde, beaucoup de jeunes à la sortie des collège/lycée. C est mal à l'aise.
On finit par arriver au gîte, un agréable cocon. La connexion est immédiate avec la dame, Anne : C fait tout - elle aide à la soigner car elle s’est coupée en faisant la cuisine, elle fait la vaisselle, elle met la table du petit déjeuner…
On est « comme à la maison » et C s’y sent bien.
Mardi 7 janvier : Cahors (repos)
C : Aujourd’hui, c’est la journée de pause et “cerise sur le gâteau” avec la gentille dame du gîte d’hier. Après l’avoir aidée à faire la vaisselle, Karine et moi sommes parties en direction de la poste, mais arrivées là-bas, nous avons découvert que ce que nous étions allées chercher n’était pas en poste restante, sauf mon crédential que j’avais perdu à Saugues. L’après-midi, nous sommes allées acheter l’appareil photo car il y avait eu un souci d’envoi. Nous sommes ensuite allées dans un salon de thé bio où j’ai pris un bubble tea, mais manque de chance, les billes de tapioca étaient dures. En rentrant, j’ai pris ma douche et je suis allée aider la dame à préparer le repas pour manger. Ce fut une fin de soirée tranquille.
Karine : On a passé une excellente nuit dans notre dortoir-perchoir infusé aux huiles essentielles et décoré avec des drapeaux de prières tibétains. En pleine forme après la grasse matinée et le petit déjeuner.
Direction la Poste pour récupérer en poste restante les documents administratifs et l’appareil photo de C. et le credencial oublié à Saugues. À part le credencial qui est au RV : fiasco !! Pas de carte vitale, pas de carte d’identité (accessoirement pas d’appareil photo) et dans 3 semaines on est à la frontière - EXASPÉRATION…
Qu'à cela ne tienne, on oublie la contrariété avec quelques courses logistiques (dont d’indispensables Compeed que C a dévalisés depuis le début de la marche) et un passage par Yves Rocher pour se faire plaisir et prendre du gel douche et une crème hydratante (il y a urgence).
Après une pause au chaud au gîte, direction Boulanger pour acheter l’appareil photo. Puis retour dans le vieux Cahors pour une balade dans les ruelles et la Cathédrale, acheter le carnet de dessin et finir par une gentille pause gourmande qui nous tient lieu de déjeuner. C’est là dans le salon de thé que j’entends soudain C me dire : « Elle est bien foutue la gamine « !!! Sorti de nulle part - mais la remarque est positive et ça change des remarques sur les wesh-wesh 😁
On rentre au gîte par une jolie rue avec d’anciennes maisons bien refaites. Et enfin on a Anthony au téléphone (ça faisait 10j avec ses vacances) : plein de choses positives et de blagues. La bonne humeur de la soirée se poursuit : avant et pendant le dîner. C a fait un premier dessin riche de sens sur son nouveau carnet.
Mercredi 8 janvier : Lascabanes
C : Début de marche difficile avec une montée. J'étais tellement stressée que j’ai fait une crise d’angoisse. Nous sommes reparties 30 mn après, mais je ressentais toujours ce poids au cœur. J’avais pas assez mangé au petit déjeuner car je n'avais pas envie de grossir, mais au final mon corps s’est retourné contre moi.
A midi, on a mangé des patates avec du jambon et une compote en dessert. J’ai fait une pause pour appeler mon cousin et ma mamie à qui je vais rendre visite aux alentours de Moissac et aux alentours de l'étape d’après. L'après-midi, la flotte a fait des siennes. Quand nous sommes arrivées au village de Lascabane, nous n’avons pas de suite trouvé la place où se trouvait le gîte, mais au final, on arrive au chaud.
Karine : Déjà au petit déjeuner ça ne va pas fort : elle ne mange pas de pain, juste une clémentine et un yaourt. La fixette sur le poids est manifestement revenue : avec la dame du gîte on la motive à manger le reste de tarte au sucre et du pain.
En haut de la montée en escalier de Cahors : caprice, cette fois, c’est l’appareil photo acheté la veille qui ne convient pas. Évidemment elle ne le dit pas : “juste je ne veux plus marcher”. Comme pour les livres, je lui explique que ça n’a rien avoir avec la marche mais c’est un caprice d’ado à cause de l’appareil photo. Forcément ça ne lui plaît pas et C décrète qu’elle ne veut plus faire la marche avec moi. Je poursuis donc et l’attends 300m plus loin ; au bout de 3mn je vois passer une fusée boudeuse. Je remets mon sac à dos et je repars : la distance augmente mais je ne m’inquiète pas. Elle m'attend, avec quelques larmes qui coulent, au pied d’un pont 2km plus loin.
La marche reprend : arrêt au « club de loisirs canin » par curiosité puis les montées arrivent et inévitablement C est vidée : banane, petits pains et dattes y passent.
On continue car en apparence ça semble toujours aller mais 12h15 : grosse crise d’angoisse. Pleurs, cris, j’en prends aussi pour mon grade, elle menace, puis essaie de se faire mal. Parler ne donne rien : juste s'asseoir à côté et attendre. Au bout d’une 1/2h elle est prête à repartir de sa propre initiative.
Un peu plus loin au village on fait une pause déjeuner ensoleillée : la suite de l'après-midi se déroule comme si de rien n’était ! 😳
C appelle son cousin et sa grand-mère comme convenu pour organiser la logistique à Moissac. Tout va bien malgré une tentative de bruine. Le gîte est très mignon et confortable. C semble bien : exercices physiques qui lui tiennent à cœur, douche… mais les idées noires sont là à nouveau. SOS Anthony pour la conversation dont C a besoin pour positiver, arrêter de se dévaloriser (parce que c’est ce qu’on lui a toujours répété) et sourire à nouveau. À l’heure d’aller se coucher il semble que le cygne soit de retour 😅
Jeudi 9 janvier : Lauzerte
C : Ce matin, c’est un très mauvais temps qui s’annonce. Il pleut…. super. Bon le matin, on a tracé jusqu’à Montcuq sous la pluie. On est ensuite allées à la pharmacie et on a trouvé une boulangerie épicerie pour aller manger notre repas du midi. Les sandwichs qu’il nous a servis faisaient la taille d’une baguette de pain donc franchement énorme au point qu’on a pas pu les finir. En dessert, ce fut la galette des rois, mais nous n’avons pas eu la fève. En revanche, je savais où elle était, alors j’ai eu le droit à la couronne de super héros Marvel. On est ensuite à nouveau en chemin et en arrivant sur Rouillac, j’ai pris un raccourci et il y a eu un couac, du coup après un certain temps, nous nous sommes retrouvées. A la chapelle, j’ai marqué “j’apprends de mes erreurs même si c’est dur à entendre”. On a fait une pause quelques kilomètres plus tard et avant de repartir, nous nous sommes rendues compte qu’il nous restait 6,6 km, alors on s’est dépêchées pour arriver au gîte où des enfants nous ont accueillies.
Karine : La journée commence fort : après le petit déjeuner, C ne se sent pas bien, elle vomit. Il pleut (c’était annoncé pour toute la matinée 😭) C décide de partir vaille que vaille : nous prenons dès le départ nos costumes de dromadaires.
À la sortie du village C est tracassée : où est son ami l’appareil photo ? Vidage du sac à dos (sous la pluie…) ouf l’appareil photo est là.
Nous faisons les 10km jusqu'à Montcuq d’une traite ! C repère à l’entrée du village un snack qui a l’air sympa : elle ne veut aller que là pour la pause ; elle a raison Philippe est très gentil et on va passer un bon moment avec des sandwichs géants et une part de galette.
Entre temps on a d’autres achats à faire : on décide d’aller à la pharmacie plutôt qu’à la supérette du bout du village. Bonne idée ! On discute gentiment avec une dame, qui s’avérera travailler à l’office du tourisme. Elle nous rattrape dans la rue et avec sa collègue nous guident pour passer par l’ancien GR : même nombre de kilomètres mais beaucoup moins glissants dans la descente de sortie du village.
13h14, ça fait plus d’une 1/2h qu’on est reparties : C crie sa fierté à la face de la nature ! Elle se lance vraiment à fond, 2 fois. Le retour à la normale est ponctué d’un « pas de danse de dromadaire » qui montre qu’elle n’assume pas encore 😁 demain pas de pas de danse !
On arrive à la belle église de Rouillac. Sur les indications de la dame de l’office de tourisme de Montcuq, on cherche partout l’allumage de la lumière : on finit par trouver dans une niche fermée par une double porte en bois un tableau électrique d’un autre âge. « et la lumière fut » ! D’autant que le premier rayon de soleil de la journée arrive enfin et illumine les vitraux, pendant qu’on observe les fresques.
Départ direction Montlauzun : promesse de toilettes, mais comme trop souvent ils sont fermés l’hiver. Qu’à cela ne tienne, opération MacGyver ; avec une pièce d’1€ pour actionner la fermeture, le tour est joué 💪
Après une nouvelle pause agréable : prise de conscience qu’il reste plus de kilomètres que prévu 😱 sms à notre hôte de gîte et on trace (malgré la sale montée et les chemins boueux). Arrivée 17h45 : soirée tranquille en perspective chez la dame, et ses enfants… enfin on espère !
Vendredi 10 janvier : banlieue de Moissac
C : Ce matin, il ne pleut pas. C’est déjà ça. Nous sommes parties débuter la marche et au bout de 5 mn, nous avons vu un pigeonnier sur pilotis et un peu plus loin, l’église de Saint Sernin où j’ai écrit un mot sur un cahier comme toujours. Et nous avons sonné les cloches. Nous avons fait notre pause repas à Durfort Lacapelette entre 13h et 13h30. Après notre repas, un monsieur nous a gentiment demandé si nous voulions passer aux toilettes avant de repartir. Sur le chemin, nous avons vu une ferme et je me suis arrêtée pour passer du temps avec une vache baveuse, mais un chien à côté n'arrêtait pas d’aboyer alors nous avons fini par partir. Nous avons fini par arriver au gîte à 4 km de Moissac et j’ai rencontré Nathalie, une femme formidable. Nous sommes allées voir ses ânes et ses poules et nous avons mangé avec elle en compagnie de son mari et ses trois chiens, dont deux ressemblaient à des loups blancs. Ce fut une magnifique soirée.
Karine : Du mal à partir mais pas de notre fait ; celui de l’organisation de la dame du gîte pour l’eau et amener les enfants à l’école
C' est dans une forme olympique : on reparle des blogs, des étirements, des exercices et de mouvements de yoga.
Nouveau petit mot à l’église Saint-Sernin et comme à Conques on a pu sonner la cloche. C est aux anges, elle essaie même d’apprivoiser l’appareil photo.
On trace : et on en a MARRE MARRE MARRE de morfler à cause des chemins boueux - pour les deux derniers km avant Durfort-Lacapelette on décide de bouder le GR pour prendre des vieilles petites routes.
Une table de pique-nique nous attend devant la salle des fêtes : au moment du départ grosse concurrence, le club de marche du village (âge moyen : séniors) s’est donné RV exactement à cet endroit-là 😁
La pluie s’invite : opération « chameau » pour repartir équipées. Dès la sortie de Durfort-Lacapelette, le GR - toujours plus boueux - est banni. Pas de km gagnés, mais un sacré paquet de stress et d’énervement en moins.
On trace : sur le coup de 15h besoin d’une pause. Petit plaisir simple du chemin : on squatte le muret d’entrée des maisons, on les trouve très confortables et on les remercie en partant 😁 Et au demeurant, on ne doit pas encore faire trop peur, la voiture de gendarmerie qui passait par là ne s’est pas arrêtée 🤣
Reste 4 km, la pluie redouble on trace. On arrive au gîte et l’accueil est superbe. Pas le temps de dire ouf : la dame emmène C voir les ânesses, les poules, les poussins et les 3 beaux chiens : des bergers suisses blancs qui ont donné le nom au gîte « les loups blancs ». Demain on a la chance de pouvoir faire grasse matinée car on a rallongé ces 3 dernières étapes : je sens qu’on va avoir du mal à partir
Samedi 11 janvier : Moissac
C : Aujourd’hui, petite grasse matinée et petit déjeuner à 9h. Ensuite, avec Nathalie, nous sommes allées donner à manger aux ânes et aux poules. Après un long au revoir, j’ai appelé mes grands-parents car je ressentais le besoin de leur dire que je les aimais fort et qu’ils me manquaient. Nous sommes parties du gîte vers midi en direction de Moissac. Nous avons posé nos affaires au gîte de Moissac, un endroit vraiment magique. Nous avons acheté une galette des rois après avoir été à l’abbatiale Saint Pierre de Moissacs où se trouvait un souvenir de famille qui me tenait à cœur. Nous sommes ensuite allées voir ma mamie et j’étais vraiment contente de la voir. Elle avait elle-même déjà acheté une galette des rois, donc en fait, on en avait deux. Bon, bon, go manger comme des goinfres. Nous sommes parties vers 17h de chez elle pour retourner au gîte prendre une douche. Nous avons mangé à 19h30 et avons beaucoup discuté et puis ça a été le dodo pour moi.
Karine : Grasse matinée dans notre petit cocon. Notre envie ce matin : prendre notre temps et profiter ! Après le petit déjeuner, C va nourrir les ânes de carottes et de pommes avec la dame si attentionnée ; elle lui parle de son enfance très mouvementée et comment elle a pu saisir la chance qui lui a été donnée alors qu’elle allait basculer du mauvais côté de la force.
De mon côté je me relance dans la logistique des hébergements et pour Lectoure c’est une sacrée galère : après 2h et 10 coups de fil je commence à désespérer ; même le presbytère ne répond pas !
C souhaite passer un petit coup de fil à son papa et à sa maman ; elle parle du blog qu’on fait tous les soirs et qui est sur le site de Seuil et on la sent fière ! Elle leur dit aussi à tous les deux qu’elle les aime fort ; c’est la première fois qu'elle l’exprime comme ça - elle est émue d'elle-même et de leur réaction.
12h40 : on part. C est déchaînée !!! D’abord elle veut emporter une punaise (des champs) comme compagnon jusqu'à Saint-Jacques 😱😱😱 j’ai vu le moment où je n’allais pas l’en dissuader… Et puis, maintenant qu’elle a découvert la puissance libératrice du cri… C crie dans les rues de la banlieue de Moissac « mamie nous arrivons ! » 😳
À peine 1h de marche et nous voilà au gîte : une décoration de malade, unique en son genre, ou le casse-noisette et le saint-Nicolas sont rois ! Juste bluffant. Une atmosphère d’un autre temps et rien que pour ça on est contentes d’être là !
On se change et direction l’abbatiale, une boulangerie pour acheter une galette et direction la grand-mère de C à 1km de là. C attendait ce moment depuis plusieurs jours. C’est émouvant.
De retour au gîte, douche et dîner avec l’hôte Patrick et son fils : un très bon moment.
Dimanche 12 janvier : Pommevic/Auvillar
C : Aujourd’hui, c’est direction chez mes cousins ! Nous sommes parties tranquillement en route après avoir fini mon petit déjeuner et écrit le blog.
Après une photo devant le gîte, c'est un bel aurevoir qu’on fait. Merci à Patrick pour toute son aide. Sur le chemin, nous avons longé le Canal du Midi et nous avons vu une vingtaine de cygnes. Ce fut un moment fort émouvant car le vilain petit canard que j’étais avait disparu et à présent, je me sentais comme un beau cygne. Nous avons mangé le long du Canal en compagnie d’un rouge-gorge. Nous sommes arrivées vers 15h30 et 45 mn plus tard, mes petits cousins sont arrivés. Ils m’ont montré leur chambre ainsi que leurs dessins et après nous avons fait un skyjo, du scrapbooking et ensuite j’ai écrit un mot sur une feuille pour ma petite cousine. Nous avons ensuite joué au ballon et nous avons mangé. Mes petits cousins partirent dormir car ils avaient école le lendemain. Avec mes cousins, nous avons bu une tisane et 30 mn plus tard, ce fut l’heure du dodo. Je vous aime mes cousins et merci pour cet accueil.
Karine : Ce matin on a du mal à partir car on est trop bien au gîte Alienor. C s’est motivée pour finir ses blogs car ce soir chez ses cousins même pas en rêve !!! Après un passage à la boulangerie, on décolle enfin pour notre marche de 15/16 km
Nous longeons dès le centre de Moissac le canal du midi (aka canal entre 2 mers, aka canal latéral à la Garonne) sous le soleil enfin revenu : c’est magique 😎et propice à la discussion et aux objectifs.
On passe de l’objectif d’éradiquer les « meee » (onomatopée réflexe et un peu enfantine de C lorsqu’on la contrarie - ça marche à tous les coups) à Sénèque «la vie ce n’est pas d’attendre que l’orage passe c’est d’apprendre à danser sous la pluie » ! De fil en aiguille, C revient sur ses discussions de la veille avec ses parents : émotion, acceptation, compréhension. C’est beau. Et ce n’est pas fini : un ballet d’une trentaine de cygnes résiste au courant sur la Garonne avant le pont de Saint Nicolas de la Grave. Je ne peux m’empêcher de dire à C que c’est un signe du destin. Elle est émue aux larmes. D’autant que des promeneurs habitués qui passent à ce moment nous disent que c’est rarissime d’en voir autant à cet endroit.
Sérénité et plaisirs simples. La voie ferrée est à côté, on regarde passer les trains : TER, Intercités, OUIGO. Manque l’INOUI ; on entend un train au loin, on se retourne : c’est lui - là on crie comme des folles 🤪
À 15h45 on arrive chez le cousin de C et sa famille : C rayonne. Elle y verra aussi son oncle et sa tante et un autre cousin et sa famille. Elle prépare un joli message pour sa petite cousine. Elle est bien ; elle est à sa place !
Lundi 13 janvier : Miradoux
C : Aujourd’hui, nous sommes parties de chez mes cousins à la frontale. Nous avons vu le lever du soleil et face à nous se trouvait Auvillar. C’était magnifique. A Auvillar, nous avons fait des courses et après sur le chemin, nous avons vu un merle blessé à l’aile. J’espère qu’il s’en sortira. Prochain objectif, apprivoiser l’appareil photo. Go. Escalade de la butte à droite de moi pour prendre une belle photo de la tour. Le matin, j’ai chanté la Marseillaise et la réponse de Karine fut la musique de Star Wars. Nous avons mangé au village Saint Antoine et un monsieur qui faisait du jardinage nous a apporté une cafetière avec des tasses. Je me suis mise à chanter sur le chemin et derrière, Karine s’est mise à danser sur ma philosophie. Arrivées à Flamarens, nous sommes allées à l’église et nous nous sommes aperçues qu’il manquait un mur. On nous a expliqué qu’elle avait reçu la foudre. Nous avons passé la soirée avec Dominique et Pascal à regarder leur poêle qui était leur télé après que j’aie fait la vaisselle.
Après ça, j’ai décidé de crier à la nature et de regarder les paysages afin de faire partir tout le négatif. J’ai chanté sur le trajet et en arrivant à Lectoure, c’est la pause poney. Il en avait rien à faire, alors je suis partie. Nous sommes arrivées chez une dame et un monsieur qui nous ont accueillies car il n’y avait aucun gîte d’ouvert, je suis allée faire les courses avec ce monsieur et nous avons beaucoup discuté sur le trajet. Nous avons mangé ensemble et nous avons parlé de leur fille qui a énormément de points communs avec moi. Je suis allée donner à manger à leur chat et à 21h45 gros dodo pour moi.
Karine : Départ à 7h30 il fait -3°c et la frontale est de sortie. Lever de soleil à gauche, pleine lune à droite : c’est beau.
Le mystère de l’appareil photo est percé ; l’appareil est apprivoisé par C. D'ailleurs elle escalade un haut talus pour prendre une photo d’Auvillar et la vallée de la Garonne.
C a aussi envie d’écrire un message à Yvon le directeur de Seuil qui l’encourage.
Elle est tellement en forme qu’elle se met à chanter : La Marseillaise - d’où ça sort ? C’est l’hôpital qui se fout de la charité car je lui réponds en faisant la musique de Star Wars - délires simples du chemin.
Entre-temps DÉLIVRANCE : la dame du presbytère de Lectoure que j’avais contactée par mail faute de mieux m’a rappelée ; elle nous a trouvé une famille pour nous héberger demain.
Après 13km : pause déjeuner au soleil au centre du village de Saint-Antoine. Les gens de la maison du coin, qui sont en train de jardiner nous apportent du café pour finir notre repas 😁 On est juste bien : je tchatche avec le facteur et C s’est lancée dans son blog d’hier.
Poursuite du chemin, sous le soleil : malgré les montées, C est de bonne humeur et recommence à chanter. C’est la 1ere étape où je l’entends chanter pendant la marche. Petit à petit les montées aussi ont été apprivoisées
Arrivées au village de Flamarens, comme d’habitude on va rendre visite à l’église : SURPRISE un pan entier est effondré (suite à la foudre il y a des décennies). Avec le beau temps et la vue sur le paysage à des km à la ronde c’est MAGIQUE ! Une église en ruines avec des restes de fresques et de couleurs, protégée et sécurisée en vue de sa restauration : cadre somptueux pour une pause ; on a le temps, on n’est jamais arrivées aussi tôt malgré les 22km de notre journée.
L’accueil au gîte est bien agréable : des hôtes qui sont des vrais pèlerins et qui ont fait le chemin en octobre et novembre cette année.
Après une boisson chaude, nous partons faire nos courses pour le repas que nous mettrons en commun avec nos hôtes ! Pas d’échange avec notre responsable de marche ce soir : C est contrariée. Heureusement la soirée avec Dominique et Pascal est bien chaleureuse et C met le reste de côté.
Mardi 14 janvier : Lectoure
C : Aujourd’hui, nous sommes parties de chez Dominique et Pascal. (Ils vont me manquer). Nous avons croisé une dame qui nous a raconté sa rencontre avec une femme de 23 ans qui avait cassé sa tente. Sur le chemin, nous avons rencontré deux chasseurs qui préparaient une battue aux sangliers. J’ai passé beaucoup de temps avec leurs cinq chiens. Nous avons mangé à Castet-Arrouy au soleil. Nous avons repris la route et à l’endroit où la route s’éloignait du sentier que nous allions prendre, nous avons croisé un chien qui avait les yeux rouges et était très agressif. Voyant qu’il devenait de plus en plus dangereux, Karine m’a demandé d’avancer afin qu’il ne m’approche pas. Ce chien nous a suivies sur 300m avant de nous laisser enfin partir. Je me sentais pas bien. Nous avons croisé un pèlerin américain et des marcheurs dont un monsieur avec ses chiens et en les voyant ce fut une peur immense qui m’a traumatisée parce qu'ils grognent comme le chien qui nous a agressées
Karine : Comme d’habitude quand on est trop bien dans un gîte et qu’on a une étape raisonnable, on a du mal à partir, à se séparer de Dominique et Pascal. On décolle : 100m plus loin, une vieille dame touchante nous interpelle, inquiète qu’on dorme sous la tente par ce froid. Elle nous raconte le lien qui a été maintenu avec une jeune femme qu’elle avait dépannée cet été et qui est restée en contact avec elle pendant tout le temps de son chemin jusque Santiago.
Direction Castet-Arrouy et nouveau stop : deux chasseurs préparent une battue aux sangliers. Contre toute attente, C veut rester pour la battue (elle qui est inconfortable avec la chasse ! 😳) - on se met d’accord pour rester un peu pour qu’elle puisse jouer avec les chiens pendant que je discute et puis après on part. Quand le gars en charge de la battue apprend qu’on est de Paris, il n’en revient pas 🤣
Déjeuner tranquille avant l’inattendu…
D’abord une douleur au dos 1km après Castet-Arrouy : sac à dos vidé et fermeture éclair remise - pas sûre que ce soit l’origine du mal mais au moins c’est fait.
2km plus loin, quand le GR s’éloigne de la route, un chien nous gronde et aboie dessus avec un air fou et ne veut pas nous lâcher - flippant - je fais passer C devant et je dois me retourner en permanence pour surveiller le chien super agressif qui n’attend qu’une chose : attaquer. J’ai eu vraiment peur.
On continue car C semble être OK. Le pèlerin américain que Dominique et Pascal nous avaient annoncé arrive : on parle et on fait des photos ; tout semble être ok. On repart et C me dit quand même qu’elle se sent bizarre : comme si elle n’était pas vraiment dans la réalité, comme si elle s’observait de l’extérieur ou que son cerveau était incapable de traiter les informations qu’elle capte. Arrive un autre randonneur : un jeune qui tient un gîte dans les environs - sympa on discute. Un promeneur du coin arrive avec ses 2 chiens noirs joueurs - au moment où ils grondent C se tétanise et s’effondre en larmes : gros gros câlin, elle s’apaise. Quand elle se sent prête on repart ; puis 500 m plus loin C reprend en main ses émotions (banane, cris, profiter de la nature) elle se remet la tête à l’endroit - la suite est une formalité.
On a RV devant la cathédrale de Lectoure avec Marie, qui nous a trouvé une famille pour nous accueillir : on est contentes de la rencontrer. Elle nous amène chez notre famille. Ce sera soirée moules-frites maison et surtout une très très belle rencontre.
Mercredi 15 janvier : La Romieu
C : Aujourd’hui, nous partons du gîte du couple qui nous a accueillies, qui m’a énormément touchée. Je traînasse avec qu'une seule envie, c’est de rester encore un peu. Le monsieur nous a déposées à la cathédrale après qu’il nous ait emmenées à Intermarché. A midi, nous avons mangé à Marsolan et il y avait des toilettes propres. Avant d’arriver au gîte, nous sommes allées faire des courses. En arrivant, j’ai dessiné et après je suis allée à la douche. Entretemps, nous avons rencontré Laurent, le propriétaire du gîte. Le soir, nous avons mangé une raclette pour fêter nos 500 km. J’ai écrit mon blog des jours précédents et après c’est le sommeil qui a pris le dessus.
Karine : Dur de partir - C à été très touchée par la rencontre avec ce couple et en particulier la dame et son histoire qui résonne en partie avec la sienne. Malgré sa bipolarité, elle a pu avoir une famille et des enfants et sa cadette - qui a presque le même âge que C - a beaucoup beaucoup en commun avec C.
Ce n’était peut-être pas leur intention mais nous laissons un donativo sérieux ; on en a discuté la veille au soir avec C, c’est important d’aider les gens qui nous aident, voire de les encourager à se laisser aider !
Un tour à la belle et sobre cathédrale et nous quittons Lectoure.
Moment cocasse de la matinée : C essaie de faire des papouilles à un labrador qui garde sa propriété. Le chien est derrière une porte qui n’est pas fermée alors C veille consciencieusement à la laisser fermée pour qu’il ne s’échappe pas. 30s plus tard il est sorti par le portail grand ouvert 20m plus loin. Je suis MdR.
Pause-midi au soleil à Marsolan. Au passage, merci au village du Gers pour leurs toilettes publiques qui sont ouvertes et propres !
Les sentiers boueux, argileux et herbeux sont de retour l’après-midi et avec eux la grogne croissante de C. Au milieu du 2e sentier, après 2 pauses vidage de chaussures et moi qui regarde tout ça de loin, voire refuse de tomber dans le panneau d’une forme de caprice, démarrage d’une fusée qui a tracé seule en tête le km suivant. Je la retrouve avant le prochain hameau ; elle s’est apaisée. La suite du chemin est tranquille et ensoleillée : à l'orée d’un bois C me montre 3 chevreuils en train de détaler.
Arrivées à La Romieu, on croise Romain, le randonneur/hebergeur d’hier après-midi. Ce matin, lors de son retour, il s’est fait attaquer par le chien ! Il va signaler la situation : c’est dangereux. Et puis demain matin on passera devant son gîte, alors on s’arrêtera boire un café.
Ce soir nous fêtons nos 500km alors en improvisant avec ce qu’il y avait à l’épicerie, on a décidé que ce serait : RACLETTE 😋 et on a mangé 1,4kg de pommes de terre à nous deux (à parts égales) 😳😳😳
Jeudi 16 janvier : Condom
C : Pour commencer, j’ai un petit message à faire passer à M et Laetitia. Bravo pour vos un mois de marche, vous êtes très courageuses. Ensuite, je voulais dire à M que tout le monde n’arrive pas jusqu'à là, alors elle peut vraiment être fière d’elle. Tu verras un jour, tu regarderas le paysage avec sérénité, mais ça ne se fait pas si vite. Moi, en tous cas, je suis fière de vous et je lis vos blogs. Bon pour moi, ça va pas trop. Déjà, j’ai traîné pour me préparer. Nous avons ensuite pris la route et nous nous sommes arrêtées voir Romain pour prendre un café. J’avais envie de dormir. Nous sommes reparties sur le chemin et là, sentiers boueux, super… J’étais vraiment en colère. Une fois arrivées, nous avons rencontré Pierre, le propriétaire du gîte. La douche pour faire une lessive et c’est la sieste pour moi. Ensuite, nous avons regardé les gîtes pour les prochaines étapes. J’étais de très mauvaise humeur, alors je me suis énervée sur Karine. Je suis montée dans ma chambre jusqu’à ce qu’ils appellent pour manger. J’ai quasiment pas mangé et j’ai tout vomi à cause du stress.
Karine : Ce matin C trouve son bonheur dans la confiture de rhubarbe. Mais dès le petit déjeuner terminé, C chouine qu’il fait froid et se vautre avec sa doudoune contre le radiateur au lieu de se bouger. Finalement notre hôte n’a pas pu passer ce matin pour voir son beau dessin - on fait une photo et on lui envoie.
Comme promis on passe voir Romain pour prendre un café avec lui à son gîte de l’Encre - c’est 1km avant Castelnau en pleine campagne - on se sent bien. Mais c’est aussi la grosse suite de galère avec les chemins boueux. C n’en peut plus et ça la fait exploser régulièrement ou partir en fusée devant ; ce n’est pas plus mal car après quelques centaines de mètres de fusée elle s’est apaisée.
En plus des chemins boueux, un passage de ruisseau délicat - elle est super bien passée mais a stressé au point d’accepter mes bâtons !!! Re- elle explose. On avance moins vite que prévu, c’est sans fin jusqu’au lac de Bousquetara où on retrouve enfin un aménagement jusque Condom.
On se précipite au gîte de Pierre qui nous prend en charge et nous accueille comme des reines.
C’est l'après-midi « chaud/froid ». En l’espace de 30mn, C m’a demandé qu’on parte à 8h demain pour qu’elle ait du temps pour elle l’après-midi, puis elle se précipite pour faire une sieste (on a marché 13km et il est 14h30) Je la retiens : douche en premier pour permettre la machine à laver. Après sieste. Au réveil, C est à fond pour qu’on travaille ensemble sur les hébergements, quasiment jusqu'à Saint-Jean Pied de Port ; on va y passer 1h30 et C est très concentrée sur l’affaire. Petite sortie rapide à la cathédrale et retour en mode « je teste » ; elle me teste depuis ce matin et ce soir j’ai décidé qu’elle allait me trouver 😈 je remets calmement mais sûrement l’Eglise au milieu du village ==> C part bouder dans son lit. Pierre ancien éducateur n’en n’a pas perdu une miette ; il continue à préparer le repas et on discute sereinement. Pierre a appelé C pour le dîner ; elle descend avec son sac de médicaments - la première fois qu’elle les exhibe comme ça - au bout d’une vingtaine de minutes, la contrariété a sans doute raison de son corps - elle part vomir et se coucher.
Demain est un autre jour 🙃
Vendredi 17 janvier : Montréal du Gers
C : Aujourd’hui, nous sommes parties à 9h pour pouvoir avoir le temps de dire au revoir à Pierre. On a appelé une dame qui avait fait tomber sa clé et il y avait son numéro dessus. Elle nous a demandé d'aller au bar que tenait son mari qui était à 50m devant nous. Le monsieur était complètement à l’ouest. Nous avons ensuite vu un chat errant très mal en point que j’ai pris dans mes bras pour l’apaiser un peu mais je me suis fait mordre à la main, bon d’accord.
Sur le chemin, on a vu un chevreuil et on avançait à chaque fois qu’il avait la tête baissée pour manger un peu comme 1 - 2 - 3 soleil. Deux autres chevreuils sont arrivés pour le prévenir de notre présence et ils sont partis en courant. On a fait une pause repas par terre entre les champs et le passage du GR. J’ai rattrapé mes blogs. Durant cette journée, Karine et moi avons beaucoup parlé de comment je me projetais. En arrivant, c’est la pharmacie et coup de stress intense car on me dit qu’il y a 9 chances sur 10 que la morsure s’infecte, mais ça n’a pas empêché de passer une bonne soirée avec Dominique, la propriétaire du gîte.
Karine : Après le petit déjeuner, C est toujours en mode « traînailler » - elle veut jouer avec les araignées… Je ronge mon frein pour ne pas compromettre le départ
On dit adieu à Pierre qui nous a si bien accueillies.
Ce matin, C est en mode « sauver le monde ». D’abord on trouve une clé dans la rue avec un prénom et un numéro de téléphone ; C veut qu’on appelle, je m’exécute. Surprise : on a limite, l’impression de déranger ! Finalement la personne nous demande de les déposer au café du coin.
Puis à la sortie de Condom, C attrape un chat errant en piteux état. Elle le caresse et surtout elle se fait mordre - on rince à l’eau, c’est tout ce qu’on a.
La marche après cet incident semble propice à la discussion : d’abord elle me dit que se faire mordre lui servira de leçon 😁… ensuite C s’excuse (pour la soirée d’hier) - je lui explique pourquoi je lui ai mis en évidence son comportement de gamine ; elle a tellement passé d’étapes positives que maintenant la marche c’est aussi acquérir plus de maturité : plus de C de 17 ans qui prépare son projet d’après marche et devient autonome, et moins de C la petite fille qui prend tout pour un jeu.
Visite de Larressingle, joli village fortifié, dans le brouillard. Visiter Larressingle à un autre mérite : éviter un grand passage boueux délicat.
La discussion repart sur le projet de C : je me fais « l’avocat du diable » contre ce qui lui paraît la meilleure solution selon elle : elle m’apporte de nouveaux arguments, me parle de sa relation au travail et du contexte professionnel difficile pour elle… important pour préparer son projet d’après marche !
Au détour d’un chemin, entre un champ et un petit bois : un chevreuil. On joue à 1,2,3 Soleil avec lui, en s’approchant à chaque fois qu’il baisse la tête pour manger. Mais ça n’a qu’un temps : 2 de ses compères déboulent du sous-bois et détalent avec lui. Confirmation : les chevreuils ont bien le cul blanc.
Pause pique-nique assises dans l’herbe au soleil au bord d’un champ et du GR : au TOP. C finit ses blogs de retard pour qu’on puisse les envoyer à Monique avant son départ en WE. Et on finit le trajet jusqu'à Montréal du Gers les doigts dans le nez.
Dans le doute on passe à la pharmacie acheter du désinfectant et demander conseil au passage. Le pharmacien est disponible et aidant mais entendre parler d’infection et de consulter le médecin (on essaie de le voir mais il est déjà parti en WE) stresse C qui est prise de vertiges. Elle fait face - repos et douche lui font du bien. Elle subit ce stress mais est ultra-volontaire pour la suite de la marche. On passe une excellente soirée avec Dominique qui prend soin de nous et 21h c’est l’heure pour C d’aller se coucher.
Samedi 18 janvier : Eauze
C : Aujourd’hui, on nous a dit que le GR passerait sur la zone verte. Youpi ! On a eu trop de boue ; je commençais à en avoir marre. Bon avant la zone verte, il y avait un sentier boueux, mais le positif, c'est qu'on a vu un renard. On a décidé de faire la grève contre les sentiers boueux alors on est tout le temps restées sur la zone verte qui nous emmenait à Eauze. A midi, on a fait la pause repas par terre et à quelques dizaines de mètres, il y avait des chevaux. Ils n’en avaient rien à faire que l’on soit là et en plus, ils étaient en train de bronzer au soleil. Nous avons vu beaucoup de promeneurs en nous rapprochant de Eauze. On est allées faire des courses et ensuite, nous sommes arrivées au gîte et je suis allée faire une sieste. Après, j’ai réservé mon premier gîte en appelant les propriétaires. On a mangé et après j’ai passé du temps avec leur fille jusqu’à 21h30 et après, c’est l’heure de me coucher.
Karine : La main de C ne présente pas de signes inquiétants ce matin : pas de gonflement supplémentaire, pas de rougeur flagrante ; on fait le nouveau pansement et on se met en route. On sent bien le froid alors que le thermomètre n’est pas si bas (-3).
Sur notre chemin boisé, un renard traverse : notre compteur d’animaux augmente 😁
À défaut de trouver une table ou un banc, on pique-nique le long de la voie verte contre un arbre près d’un enclos de chevaux : dans ma tête on va faire d’une pierre 2 coups. Mais pour une fois les chevaux ont décidé de snober C ; et encore plus ceux que l’on voit se dorer la pilule au soleil après être reparties.
Au gîte, bonne nouvelle : après 1 journée d'antibiotiques, la main de C va mieux ; ce qui ne va pas nous empêcher de continuer les pansements et l’arrosage à l’alcool.
Une petite sieste pendant que je discute avec le monsieur du gîte et puis grande première : C fait elle-même la réservation de gîte de Pimbo pour mardi prochain 👍 impeccable !
On passera une très bonne soirée avec la famille qui nous accueille : grand-mère, parents et enfants. C a particulièrement connecté avec la jeune fille de la famille ; ça fait plaisir à voir.
Dimanche 19 janvier : Nogaro
C : Aujourd’hui, c'est un chemin boueux, bon je me sens de plus en plus à l’aise avec. On a vu un élevage de canards, mais qu’est-ce que ça puait. J’ai appelé ça “Lancôme, le parfum du canard”. On a mangé et après avoir vu des moutons avec des agneaux, Karine m’a fait remarquer que je m’entendais bien avec les agneaux. J’ai été distante avec Karine toute l’après-midi et je n’ai pas été très sympa, je le regrette. On est arrivées chez Vincent, on a discuté et j'ai découvert ses hamsters russes. Après avoir pris ma douche, je suis allée voir Karine pour m’excuser et nous avons longuement discuté. Après nous sommes allées manger nos pâtes au pesto et c’est l’heure du dodo après avoir passé un peu de temps avec les hamsters.
Karine : On prend notre temps pour quitter notre famille de gîte. On a passé une belle soirée. Ça fait quelque temps qu’on est dans le Gers et pourtant nous n’avions pas encore croisé d’élevage de canards… et ben ce matin c’est fait : et C n’est pas déçue du voyage, et surtout de l’odeur !!! Il faut dire que ça pue, et pourtant dans cet élevage les canards vont vraiment dehors aussi. C a rebaptisé une célèbre marque le « parfum du canard » ; je ne sais pas pourquoi celle-là - en tout cas je garderai le silence.
Nous continuons tranquillement à avancer malgré la chasse et les chemins boueux, qui jusqu’à il y a peu n’étaient pas du tout ses amis.
Peu après l’arrêt déjeuner, nous doublons une maison, au loin le rêve : des mini-poneys ! La pause s’impose : je laisse C s’en approcher et je m’occupe par ailleurs. Je vois revenir C la mine déconfite ; elle me dit que ce sont des sangliers. Je suis entre dubitative et MdR. Mais je vais voir par curiosité… des mini-poneys ; C sait qu’elle n’a pas fini d’en entendre parler mais elle en rigole.
À 15h moment difficile pour C, d’autant plus inattendu qu’on venait de se payer un bon fou rire devant un enclos à moutons avec des agneaux. L’arrivée au gîte est glaciale : heureusement il y a les hamsters russes de Vincent.
On parle le soir très constructivement : C a fait le premier pas - c’est nouveau pour elle. Bravo.
Lundi 20 janvier Aire sur Adour
C : C’est une étape de 27 km qui s’annonce pour nous. J’ai mal au ventre car j’ai bu trop vite le café du matin, mais je m’accroche. Nous avons fait deux pauses repas sur le trajet, dont la deuxième qui avait été aménagée de telle sorte que les pèlerins s’y sentent bien. Nous avons fait une pause chevaux et il y avait un poulain qui avait un œil bleu et qui avait du mal à marcher comme si ça ne faisait pas longtemps qu’il était né. Nous avons aussi fait une pause église. On a fait les courses, mais j’ai eu un blocage et je suis restée plantée 45 mn dans le supermarché à cause de mes difficultés au niveau des troubles alimentaires. J’ai rencontré Typhaine après avoir passé du temps avec leur chat. Karine avait besoin de temps pour elle. Typhaine restera une rencontre magique ! J’ai réussi à remanger à ma faim grâce à son sourire et ses paroles encourageantes ! Bonne nuit.
Karine :Grosse étape aujourd’hui : 27km. On a déjà fait en plus accidenté, mais ça impressionne quand même.
Dès le départ C se sent nauséeuse, mais elle poursuit courageusement. Le temps est bien meilleur que prévu ; on fait deux pauses pique-nique. La deuxième sur une sorte de terrasse improvisée pour les pèlerins avec des sièges, une table et des décorations. Les doigts de pied en éventail : ça faisait longtemps. Tous les indicateurs sont au beau fixe, même la pause chevaux avec un poulain aux abords de Barcelone du Gers.
Et puis les courses (pour le dîner et le lendemain midi), c’est le drame. Plus de 45 mn à errer dans les rayons pour trouver quelque chose qu’elle pourrait avaler le soir : ses difficultés (d’avant la marche) avec ce qu’elle mange reviennent. L’arrivée au gîte est tardive. Mais les chats sont là et la famille est super accueillante. Je lui laisse de l’espace et la discussion avec la dame de la famille qui a une pêche d’enfer lui fait du bien. On dîne tard mais on dîne vraiment : une grosse salade pour randonneurs (riz tomate avocats) - à 22h30 C est toujours à fond : un record.
Mardi 21 janvier : Pimbo
C : Aujourd’hui, je ne vais pas vous raconter ma journée mais plutôt ce que j’en ai retenu. Déjà, jamais abandonner avant même d’avoir essayé. La deuxième chose est de ne jamais enfouir ses émotions et ses douleurs car on se sent encore plus mal en réalité. Ensuite, apprendre des mauvais moments qu’on passe car ils nous serviront toujours plus tard et ça permettra de réagir différemment ou même y réfléchir. La marche permet d’apprendre à se connaître et à trouver d’autres alternatives qui nous permettront de ne pas prendre le négatif mais de trouver du positif. Je ne regretterais jamais de m’être aventurée dans cette marche avec le soutien de tous les gens qui me connaissent. Et au passage, j’écris un mot pour mes parents. “Papa, maman, merci de m’aimer autant et de suivre mes aventures. Je vous aime de tout mon cœur et à présent, je suis en capacité d’accepter que vous m'aimiez et de vous dire à présent “je t’aime papa”, “je t'aime maman” et vous me manquez ainsi que mon cher frère.”
Karine : Nouvelle longue étape de 27km aujourd’hui - C ne dit rien mais en fait elle doit être fatiguée et stressée. Il fait beau, la marche se lance bien.
Nous arrivons à une exploitation : des vaches landaises ! C veut aller voir de plus près ; moi je vois que les abords ne sont qu’un immense tas de boue - je mets C en garde mais qu’à cela ne tienne elle avance et se retrouve le pied enfoncé dans la boue jusqu’au tibia… pas question de rester comme ça : elle baigne son pied dans le ruisseau à côté, il est inondé… les vaches ont dû se marrer ! Sauf que ce n’est pas drôle et le pire est à venir ; on se rend compte qu’on a loupé le GR qui a tourné à droite - rien de dramatique : 500m de détour maximum mais 30mn plus tard c’en est trop pour C qui est débordée par les émotions, ne veut à nouveau plus entendre parler de la marche et fait demi-tour. Après 1/4h à l’attendre à l’arrêt de bus un peu plus loin comme je lui avais dit : rien. Je recharge le sac et fais demi-tour… au bout d’au moins 1km intuition : je me retourne, elle me suit à distance !??? J’ai toujours pas bien compris comment j’avais pu la louper comme ça ??? Dès qu’elle voit que je l’ai vue, elle tourne les talons… direction l’arrêt de bus : discussion avec Anthony notre responsable de marche. Pour diminuer le stress de la longue étape on va court-circuiter les 8-9 km entre Miramont et Pimbo.
Mais ça nécessite un transport et nous allons donc faire du stop : C me regarde comme si j’avais dit un gros mot ! Elle n’en n’a jamais fait et ça lui paraît une montagne. On s’installe à la sortie du village : on est là depuis 2mn que C veut déjà rétropédaler et que la dame du gîte vienne nous chercher. Re-discussion, re-église au milieu du village… on n’abandonne pas avant d’avoir essayé ! Il ne passe pas beaucoup de voitures dans le bon sens mais dès la 2ème on est embarquées pour Pimbo 👍
Arrivées au gîte, C est peu à peu envahie par la rumination de pensées négatives, la fatigue, le stress, elle ne veut plus parler à Anthony ; moi si car je commence à accuser le coup… Difficile pour nous deux ce soir !!! Anthony nous remet à l’endroit, on valide une journée de repos le surlendemain.
Après cette explosion d’émotions, la soirée est apaisée, on reparle de la journée et on se projette sur demain.
Mercredi 22 janvier : Larreule
C : Aujourd’hui, je me suis réveillée un peu plus tard que les autres jours de marche. J’ai pris mon petit déjeuner avec les yeux fermés à cause de la fatigue et j’ai entendu des moutons. Je suis retournée un peu me coucher après avoir fait mon sac. Karine m’a réveillée et on est allée voir l’église de Pimbo. Nous nous sommes ensuite mis en route, mais ce qui n’était pas prévu c’est qu’on s’est rendues compte qu’on avait pris le GR dans le mauvais sens après 2 km de sentier catastrophique plein de boue. Nous avons fait une pause chevaux un peu plus loin mais ils me narguaient. Deuxième pause cheval où j’ai reçu des léchouilles partout sur le visage. A la pause repas, nous avons mangé nos sandwichs dans un bar où un monsieur nous a chaleureusement accueillies. Nous avons fait deux autres pauses repos et à un moment Karine a confondu un oiseau avec un avion de chasse. Après avoir écrit un mot dans l’église de Larreule, on nous a cherché en voiture. Une magnifique soirée avec les amis de Karine et leur chat.
Karine : Ce matin, c’est grasse matinée et pas de pression sur le temps de préparation. C a beaucoup de mal à émerger : notre seule ambition est de rejoindre Larreule, mes amis et la journée de repos. C a même besoin d’une mini-sieste après le petit déjeuner ; mais elle se réveille petit à petit, on va visiter l’église et C y laisse un de ces mots dont elle a le secret.
Et il faut croire que moi, au fur et à mesure que C se réveille, je me ramollis voire j’entre en hibernation : quand, à 10h40 - c’est déjà tard - on prend le GR, on le prend à l’envers 😭😭😭 2km de chemin boueux qui monte et qui descend. AU SECOURS : pas question de faire demi-tour par la - on rattrapera par la route. ça fait 4 km de plus avant d’avoir même commencé 😱
Ça n’a pas empêché deux belles pauses chevaux au pied de Pimbo : C s’est fait lécher le visage ! Et moi pendant ce temps-là je me régale de la vue de plus en plus magnifique sur les Pyrénées enneigés (on les voit depuis dimanche, je n'arrête pas de m'enthousiasmer, ce qui laisse C perplexe).
13h40 on arrive enfin à Arzacq. Toutes les deux on a envie d’autre chose que le sandwich, alors on se met déjà à rêver d’une pizza : pizzeria fermée à 13h30 🙃
On est accueillies très sympathiquement par le monsieur du Café des Arcades ; on laisse nos sacs, on va chercher ce qu’il faut au supermarché et on revient avec notre pique-nique. On lui commande 2 cocas et on profite : la musique est bonne, on s’y sent bien toutes les deux, esprit chemin 😁 À propos de musique, quand je lui propose d’utiliser Shazam pour identifier la chanson, C me regarde avec ses grands yeux et me sort : tu connais Shazam toi ? 🤣 elle va même découvrir le soir que je suis un dinosaure qui sait utiliser AirDrop !!!
On quitte Arzacq à 14h45 il nous reste 11 km à faire - pas de stress, tout va bien.
Quand, à 18h15, on entre dans Larreule on n’a qu’une envie, aller grimper à l’église Saint Pierre - elle est magnifique et C va y écrire un nouveau mot dont elle a le secret. Pour la première fois je le prends en photo. Je crois que je vais continuer pour qu’elle puisse les avoir à la fin de sa marche.
Mon amie nous récupère - 20km en voiture pour une super soirée pour toutes les deux et un jour de repos qui s’annonce royal. Va pas falloir s’habituer 😅
Jeudi 23 janvier : Vers Pau - jour de repos
C : Aujourd’hui, réveil à 10h car nous sommes en journée de pause. J’en avais vraiment besoin. J’ai passé un peu de temps dans mon lit avec le chat et après on a décidé de faire une promenade à Pau. On voulait manger japonais mais le premier restaurant ne nous a pas acceptées car il arrêtait de servir une heure avant la fermeture. Je n’ai pas été contente. Nous sommes finalement allées au final à Hobo qui nous a accueillies gentiment sur place, alors qu’il fermait 15 mn plus tard. On a acheté des gâteaux et on est rentrées. J’ai fait tous mes blogs que je devais rattraper. J’ai pris ma douche, on a mangé et j’ai dormi 1h avec le chat et le sommeil m’a emportée. J’ai grossi des cuisses, ça m’énerve.
Karine : Tout bon jour de repos commence par une grasse matinée ; en tout cas pour C. Pas besoin de se presser pour décoller : du temps pour le petit déjeuner, du temps pour se lover avec le chat…
Notre objectif immédiat est la pharmacie la plus proche pour comprendre les boutons qui sont apparus sur C. Encore faut-il démarrer la voiture ; j’ai été au max du boulet… habituée à une boîte manuelle, je suis restée comme une « poule devant un couteau » avec la boîte automatique de mon ami. Visio WhatsApp pour démarrer l’engin ; C est à la fois MdR et inquiète que je conduise la voiture 😅
La pharmacie confirme l’allergie aux tee-shirts synthétique et tue la psychose aux punaises de lit qu’on s’est créée bêtement il y a quelques jours… le duvet et les vêtements de C sont au congélateur depuis hier soir (au cas où…🙃)
Rassurées nous prenons la direction de Pau et du boulevard des Pyrénées : au programme une petite cantine japonaise sympa, une balade avec vue magnifique sur les Pyrénées et un petit passage par le château d’Henri IV.
J’ai dit à C que dans 5 jours on serait à Saint-Jean-Pied-de-Port (aka SJPP) et qu’on aurait l’impression d’avoir fini une aventure et d’en recommencer une autre sans être en terrain inconnu : ça lui a vachement plu, elle est à fond 😁 Et puis C a plein d’idées pour ses messages dans les Églises, et elle a super envie qu’on les prenne en photo pour les mettre dans son album de fin de marche.
C’est une bonne journée et elle va être encore plus extra avec une bonne nouvelle : la carte d’identité est disponible et va pouvoir nous être envoyée à Saint Jean Pied de Port en poste restante (ouf pour passer la frontière !!!).
C est rayonnante : elle appelle ses parents pendant qu’on rentre à la maison. Nul doute qu’elle va fusionner avec le chat 😁
Vendredi 24 janvier : Maslacq
C : Aujourd’hui, c’est la reprise de la marche. J’ai dit au revoir à tout le monde et surtout à Fidji le chat. Sur le chemin, j’ai vu un pigeon mort alors je l’ai pris pour le mettre sous des feuilles pour lui rendre un hommage. J’ai fait part de ma peur que les animaux meurent et que c’était pour ça que je ne me voyais pas travailler auprès d'eux. Plus loin, c’est un pauvre âne qui m’attend. Il n'arrêtait pas d’essayer de me faire des bisous sur la bouche. Pause repas pommes de terre et oeufs et bonus d’écriture pour finir ma page de garde positive. Il faisait une chaleur à crever. J’étais en tee-shirt à manches courtes. Je mouille mes cheveux et ma nuque pour me refroidir. On a fait une pause doigts de pied en éventail et nous sommes rentrées pieds nus à l’église, c’était froid ! Le soir au gîte, j’ai rencontré Béatrix, une femme juste formidable. On a discuté énormément et de grands moments d’émotions se sont passés. Merci Béatrix pour ces beaux moments
Karine : Un grand grand merci à mes amis Nicolas et Valérie, leur fille Romi et (surtout 🤣🤣🤣) au chat Fidji) pour nous avoir accueillies C et moi pendant notre jour de repos. Nous repartons d’attaque !
La vue est magnifique sur les Pyrénées enneigées et je ne peux m’empêcher de l’exprimer, une nième fois… je saoule C avec mes Pyrénées… ma petite vengeance pour les fois où C me saoule avec les animaux 😈.
Ce matin j’ai décidé de lui laisser du temps et d’être OK avec ça : les animaux, les notes dans son carnet à Castillon, pour le pigeon/palombe mort… je lâche prise
La séquence avec le pigeon est édifiante sur la sensibilité de C et sa relation avec la mort. Après qu’elle ait fait une sépulture de feuille à l’animal on repart et on échange sur l’attachement, le chagrin, la mort, profiter au maximum tant que c’est possible.
Âne essaie d’embrasser C sur la bouche
Je maigris du ventre et je prends des cuisses
Chaleur à crever : au point qu’après le déjeuner C ne se sent pas bien et a besoin de s’allonger dans l’herbe.
Elle parle elle ne se braque pas ça permet de trouver des solutions comme lui arroser la nuque et la tête
Toutes les pauses sont bonnes à prendre, même cocottes et surtout les doigts de pied en éventail - un banc nous attend devant l’église d’Argagnon et le dallage extérieur est parfait pour nous rafraîchir les pieds. On va même visiter l’église pieds nus : on pardonne beaucoup aux pèlerins.
Tranquillement nous arrivons chez L au gîte ; très bel accueil, très belle soirée malgré beaucoup d’émotion pour C;
Samedi 25 janvier : Navarrenx
C : Nous partons de chez Béatrix avec son petit rituel de déposer une pierre avec le nom du pèlerin inscrit dessus ou un cœur qu’on accroche sur son arbre de vie. Je pars mais je n’en ai pas envie car Béatrix va me manquer. C’est difficile les séparations après autant de discussions et d’attachement. Mais bon… c’est le chemin. On a marché sous la pluie, je commence à avoir l’habitude. On a regardé le film d’une abbaye et nous sommes allées au bar-restaurant juste à côté. Nous avons pris une boisson chaude et avons mangé notre pique-nique grâce à leur gentillesse. Plus tard, nous avons fait la rencontre d’un patou gentil qui nous a suivies sur 2.4 km de chemin. Sa propriétaire a fini par arriver car je lui avais laissé un message sur sa boîte vocale. Le numéro de la propriétaire est inscrit sur son collier. Il était capable de nous suivre jusqu’à Navarrenx. Nous avons fait une pause car j’avais mal aux jambes et nous sommes arrivées au gîte quelque temps plus tard. J’ai fait ma to-do list et on a mangé. J’avais l’impression d’avoir déçu Karine après une histoire de fromage et là j’ai commencé à me sentir mal alors je me suis énervée et je suis partie en courant dans la rue. Ce sentiment d’avoir déçu quelqu’un me faisait si mal et je me sentais comme une grosse m…Après une crise d’angoisse très difficile à gérer, nous sommes sorties nous promener et nous avons beaucoup discuté. Après la tension, ça redescend et nous mangeons le dessert. Après c’est une soirée tranquille qui continue.
Karine : Difficile de quitter Beatrix après une telle soirée et le rituel du caillou, de l’étoile et de l’arbre de vie. La séparation s’accompagne toujours d’un pincement au cœur.
Au programme de la journée : bruine et pluie - presque tout le temps mais cela ne semble pas affecter C.
La marche de ce matin est l’occasion de discuter - à son initiative - de certains de ses objectifs, d’abord : organisation, priorisation, to-do lists pour le soir et le matin. (Et on peut dire que ce soir elle s’y est plutôt très bien tenue ! On a pris le temps de donner des nouvelles à nos hébergeurs préférés, le blog est fait, l’appareil photo rechargé…)
Autre objectif de C : accepter les imprévus du chemin. C’est aussi mon objectif je le partage.
On arrive rapidement à l’Abbaye de Sauvelade ; on s’éternise car on y est bien malgré le froid : le film, l’appel d’Anthony, le chocolat chaud dans le petit gîte restaurant qui est ouvert - finalement on y prendra notre pique-nique au sec.
Une heure plus tard on se remet en route ; bientôt guidées par un patou sur 2,5km : il connaît le GR par cœur ; il nous a pris en charge comme des moutons 😁 il doit être un habitué des « fugues » il a un collier avec ses numéros de téléphone. C appelle la propriétaire et laisse un très beau message, elle qui déteste ça !
La pluie continue - on fait un stop pour reposer les pieds de C devant petit oratoire de pèlerins : nous ne sommes même pas gênées par la pluie. Au-dessus de l’oratoire une phrase attire mon attention : « aimer c’est oser s’abandonner »
L’étape se finit tranquillement : courses, gîte, puis la TO DO list 😁. Pour une fois nous sommes avec un autre pèlerin. On ne peut pas dire qu’il soit envahissant, même pas très causant. Il vient de Nice par la voie d’Arles… ceci explique peut-être cela.
La soirée commence comme la journée : radieuse ; on donne des nouvelles à tous les hôtes de gîte qui nous ont marquées et l’on reçoit en retour des messages attentionnés qui font plaisir à C.
Et puis soudain, après une remarque qui me semble anodine, la cocotte-minute C monte en pression et finit par exploser. Elle quitte le gîte : je n’ai pas réussi à la retenir. Elle revient mais toujours au plus mal ; elle veut se faire du mal. Je finis par lui attraper les poignets, elle commence à se calmer. Un gros câlin, un tour ensemble dehors pour parler et prendre l’air. C s’est fait envahir par ses idées noires qui l’empêchent de voir tout le positif de la journée, des jours d’avant, de la marche.
Et la suite de la soirée est apaisée.
Dimanche 26 janvier : Aroue
C : Aujourd’hui, nous sommes parties de Navarrenx et nous avons été à la boulangerie. Nous avons commencé à marcher et à un moment, nous nous sommes arrêtées faire une pause âne et poney. J’en ai profité pour décoincer la fermeture du porte-monnaie de Karine. Nous avons cherché pendant une demie heure, voire plus, pour chercher une médaille que Karine aurait fait tomber dans l’herbe. A midi, nous avons fait une pause dans un abri fait pour les pèlerins, avec du pâté. Le vent soufflait beaucoup. Avant d’arriver au gîte, nous avons fait une pause chevaux et une famille est venue me parler avec Karine et j’ai voulu leur dire “bonjour” et ils m’ont dit qu'il y avait des mini poneys un peu plus bas. Je suis allée voir comme vous vous en doutez… Arrivée au gîte, j’ai fait la rencontre de la dame qui tient le gîte avec son mari et j’ai beaucoup discuté avec elle. Elle m'a beaucoup touchée. J’étais contente, nous avons discuté de mon hypersensibilité et de mes origines, et surtout de mes projets !
Karine : Après un laborieux détour par la boulangerie pour acheter quelque chose pour le pique-nique, direction Aroue. Petite étape de 18km, on ne se presse pas et à la première occasion grosse pause ânes/poneys 😁et elle va s’éterniser. D’abord parce que C met un point d’honneur à débloquer la fermeture éclair de mon porte-monnaie et va y arriver. Ensuite parce que j’ai l’impression d’avoir fait tomber dans l’herbe ma médaille de Rocamadour et qu’on va ratisser comme des folles pendant plus d’une 1/2h. Rien - je me résigne il faut partir ; j’accuse quand même le coup, c’est un peu comme une séparation, je n’aime pas.
Nous continuons tranquillement ; le vent se lève, limite on va décoller.
Un abri pèlerins n’attend que nous à l’heure de la pause déjeuner ! Et il est en face d’une usine de produits du terroir. Des boîtes de pâtés sont en vente pour les pèlerins : C veut en goûter un, avec du pain - je suis sidérée. Elle va gloutonner et moi j’ai (enfin!) trouvé au bout de 5,5 semaines quoi lui faire manger le midi !!!
À 500m du gîte : 45 mn de pause - C dialogue avec les chevaux et les mini-poneys moi avec une famille qui se promène et qui est très intéressée par Seuil.
Il ne restait que 500 m mais humour : le chemin pour aller au gîte (hors GR) s’arrête après avoir longé un champ de maïs et un parcage à moutons. Si on ne peut pas passer c’est 2,5 km de détour 😱 j’appelle le monsieur qui me dit de rentrer dans le champ des moutons sauf qu’il y a deux barrières métalliques bien neuves avec une chaîne. Qu’à cela ne tienne : j’escalade. C hallucine, « c’est de l’infraction », elle ne veut pas finir en prison. Je la rassure, récupère les sacs à dos, les bâtons, C… et après avoir traversé le champ des moutons, on arrive au gîte. Notre pèlerin d’hier soir est là ; il a coupé par la route.
Le monsieur veut offrir l’apéro au jeune qui est avec nous car lui aussi est militaire. J’incruste la gente féminine : sa femme et moi. C’est quoi ces manières 🤣🤣🤣 C reste au coca. Et C se trouve beaucoup d’affinités pour la dame, qui connaît bien la Russie, a accueilli pendant plusieurs années des orphelins du nord de la Russie, et y a beaucoup d’attaches. Je découvre ce que C connaît de ses origines. Je les laisse deviser pendant que je vais prendre ma douche.
Lundi 27 janvier : Larceveau
C : Aujourd’hui, on s’est levées tôt car nous avions 28 km à faire. Moi, au réveil tout était déjà prêt car j’avais préparé la veille. Nous sommes parties à 8h15 après un coca et un café. Le matin, il bruine alors nous décidons de tracer. Le repas de midi se fait avec un ciel dégagé et le soleil tape assez fort. Après, nous avons eu un sentier pas terrible car il y avait de l’eau qui coulait sur les pierres du chemin. J’étais vraiment stressée au point de tomber par terre et de crier d’énervement. On a vu la stèle et après une montée nous attendait. “Mais c’est quoi ce chemin, sérieux ! “ Arrivées en haut on parle avec un berger pour s’assurer qu’il n’y a pas de patou dans le troupeau. Un arbre nous bloque le passage, on trouve une solution pour pouvoir y échapper en passant dessus et dessous. Pause doigts de pied en éventail 8 km avant d’arriver au gîte. La pluie est arrivée 10 mn avant qu’on arrive et en arrivant, nous avons crié victoire ! Léa nous accueille gentiment et après avoir mangé, je vais dormir.
Karine : Sur le papier c’est 28 km et je ne sais pas ce que ça va donner - alors puisqu’il y a du coca disponible dans le gîte, on reprend la tradition du coca au petit déjeuner pour les étapes de plus de 25 km (et il va falloir continuer ça ça a marché du feu de Dieu). Petit déjeuner mémorable où j’entends C échanger quelques phrases en russe avec notre hôte qui avait appris la langue.
Comme attendu ce matin il bruine ; mais rien de catastrophique, alors on trace. À 12h15 il fait soleil, on a fait plus de la moitié : pause sandwich sardine à la tomate 🤪
Le début d'après-midi est plus exigeant : d’abord le sentier est très glissant (et pourtant on monte) - C glisse et tombe, elle s’énerve, puis s’apaise.
Ensuite la grosse « montée de Gibraltar » (après la réunification des 3 voies : de Tours, de Vézelay et du Puy) : 160 m de dénivelé pour monter sur une butte, sans intérêt évident pour C 😁. Elle a été avalée comme une lettre à la poste - le point de vue est époustouflant et on croise un berger et son troupeau de moutons. Sous le soleil c’est splendide.
En redescendant, obstacle de taille sur le chemin : la tempête a couché un arbre en travers il va falloir s’en débrouiller. Encore une fois 2 tactiques différentes pour C et moi mais in fine les deux ont été OK.
Nouvelle pause les « doigts de pieds en éventail » à Harambeltz et on finit par arriver à Ostabat et finalement Larceveau : pas besoin d’activer les éventuels plans B (bus, stop..) on a fait toute l’étape, la fin est passée relativement vite en discutant avec une dame qui promenait son chien - cris de victoire à l’entrée du village.
Arrivées au gîte, nous sommes gentiment accueillies par Léa qui va nous expliquer tout ce qu’on veut savoir sur les troupeaux de moutons, les estives, les chiens de berger… elle est éleveuse de brebis laitières et bergère.
C est fatiguée : il y a de quoi. Elle a du mal à tenir jusqu’à la fin du dîner. Elle va pouvoir bien dormir, pas besoin de partir tôt demain.
Mardi 28 janvier : Saint-Jean-Pied-de-Port
C : Bon, on se réveille, on prend le petit déjeuner et on part. A l’église, Karine se rend compte qu’elle a oublié sa bouteille. Je suis sûre qu’elle en a fait exprès pour ne pas boire. 15 mn plus tard, deuxième départ. Cette fois-ci, c’est la bonne ! Aujourd’hui il y a trop de moutons… Beaucoup de pauses avec des ânes, poney et chevaux et hop on finit par mettre le poncho mais en fait, c’était une mauvaise alerte, car il ne pleuvait pas. En arrivant à Saint- Jean-Pied-de-Port, on a crié notre victoire et on est arrivées au refuge. Là, je découvre qu’on va dormir dans un dortoir mixte. Bon, bon ok…J’adore. Laurence qui s’occupe de nous accueillir, elle a une pêche d’enfer ! On est avec deux pèlerins ce soir. Ils ne sont pas français. Je passe du temps avec Rikiki, un chat qui vient régulièrement à l’intérieur Karine parle avec les pèlerins et moi j’ai décidé d’aller dormir.
Karine : Comme pour toutes les étapes un peu plus courtes, on s’accorde de ne pas partir trop tôt et c’est là en général que ça dérape. Ce matin laborieux départ à 9h25 (et C n’y est pour rien) : boulangerie, fromagerie et au moment de décoller réellement je me rends compte que j’ai oublié ma gourde - retour au gîte sans sac : 15mn de plus dans la vue.
Les employés municipaux sont déjà en train de tronçonner l'arbre qui est tombé sur le GR juste à côté du gîte ; on a réalisé ce qu’était le bruit sourd que C a entendu pendant la nuit.
Début de chemin tranquille, sans vraiment de pluie. Les dégâts du vent de la nuit, il y’a des branches de toute taille sur le sentier, plus ou moins encombrantes : pas de problème, C « Musclor le nettoyeur » déblaie le chemin 😁
Aujourd’hui on a multiplié les pauses “équidés” : il y en avait beaucoup, mais pas autant que les moutons (au grand désarroi de C)
Et il y avait des ronces. Une fois de plus la formule « si les ronces ne viennent pas à C, c’est C qui va aux ronces » a trouvé à s’appliquer ; c’est sidérant !
Tranquillement - et sans trop de pluie - nous avons atteint le graal côté français : Saint-Jean-Pied-de-Port ! Alors certes on n’est pas bien accueillies car sur le dernier km on profite de l’horrible odeur d’une usine qui nous arrose dans le sens du vent 😤 mais quelle satisfaction : 760 km depuis le Puy. C n’ose pas, mais je l’embarque quand même dans un « youhou « retentissant à la porte de Saint-Jacques.
Demain journée de repos : on fait Copin Copin avec l’hospitalière du gîte et on se dépêche d’aller faire une machine à laver sur le parking de Carrefour Market. La soirée ne va pas s’éterniser même si pour la première fois depuis le début nous sommes avec 2 autres pèlerins étrangers dans le gîte (un allemand et un Italien) - j’échange avec eux en anglais - c’est difficile de traduire au fur et à mesure à C et elle se sent exclue ; je le comprends. Il va falloir trouver un modus operandi pour la suite ; les gîtes seront plus des dortoirs. Il va falloir qu’elle s’habitue.
Mercredi 29 janvier : Saint Jean Pied de Port - Jour de repos
C : Aujourd’hui, c’est notre journée de repos. Je me suis réveillée à 8h10 toute seule. Nous sommes ensuite allées au Bureau des Pèlerins pour nous renseigner sur le chemin de demain en direction de l’Espagne. Nous nous sommes ensuite posées à la boulangerie pour prendre notre petit déjeuner et nous avons fini par la Poste pour récupérer du courrier très important. Nous sommes ensuite retournées au Bureau des Pèlerins pour que je puisse surligner les gîtes ouverts en Espagne. A midi, j’ai mangé des nouilles chinoises avec des nems. Nous sommes ensuite allées nous balader, je suis allée faire une sieste et à 19h, je me suis pointée “comme une fleur” devant Karine. Nous avons mangé et j’ai passé du temps avec Rikiki, un chat qui venait sur moi sans se gêner. Je ne suis pas un lit, moi ! Je suis partie dormir vers 21 h;
Karine : C. est réveillée avant l’heure convenue : la première fois ! Et pourtant l’heure convenue était 8h30. Même si nous avons eu l’autorisation exceptionnelle de pouvoir rester/retourner au gîte toute la journée, nous avons un peu de boulot ce matin.
La déception du plantage de l’arbre de C « en différé » semble digérée. Le passage au Bureau des Pèlerins lui donne des ailes : pour la journée de marche de demain et pour regarder le plan de marche et les hébergements pour le Camino Frances. Un rapide passage à la boulangerie et à la Poste pour récupérer la précieuse carte d’ID et C est déjà prête à repartir travailler au Bureau des Pèlerins. Je me retrouve au gîte à attendre que mon thé infuse avant de la rejoindre 😁 Finalement on a squatté le Bureau des Pèlerins jusqu’à 12h. La dame nous a offert de la brioche grillée et C a épluché les possibilités d’hébergement par rapport à notre plan de marche ; on a déjà prévu une variante dans les 4-5 jours avant Burgos.
Courses pour le déjeuner et le dîner, longue séance de travail avec Anthony, notre responsable de marche, blog pour C et rapport pour moi (il était temps… 😱), promenade à la Citadelle pendant le moment de soleil de l'après-midi et voilà c’est déjà l’heure de la douche, de préparer les sacs, de faire une sieste pour C et de discuter avec les pèlerins pour moi. Ce soir ils sont 3 : espagnole, norvégien et suisse (le Gaël de Laetitia et M). J’ai décidé de tout traduire à C ; elle participe à la discussion et elle se sent bien.
Jeudi 30 janvier : Roncevaux
C : Aujourd’hui, c’est censé être une grande étape qui nous attend ; nous sommes parties à 8h15 au bureau des pèlerins pour leur dire “au revoir”. Là-bas, on a croisé Thomas et Isabelle, deux pèlerins que l’on avait rencontrés la veille. Nous sommes parties sous la pluie et nous avons tracé et à midi, nous avons mangé par terre sous le porche de l’église qui nous protégeait de la pluie à Valcarlos. Nous avons ensuite continué à marcher avec des montées, mais un policier s’arrêta à notre rencontre pour nous dire que c’était très dangereux en insistant beaucoup. On a fini par monter dans sa voiture et il nous a emmenées au gîte. Là-bas, nous avons retrouvé Isabelle et Thomas qu’on avait vus deux fois sur le chemin. Ils nous annoncent que le policier avait menti sur les raisons qu’il nous avait prises en voiture. J’ai passé une super bonne soirée en compagnie de nos deux amis pèlerins.
Karine : Ce matin C et moi sommes déterminées malgré les conditions météo très mauvaises : pluie annoncée sans interruption toute la journée. On quitte le gîte à 8h10 puis petit au revoir à Claude et Marie-Claire au bureau des pèlerins.
Le marquage n’est pas transcendant à la sortie de de Saint Jean Pied de Port, mais on ne se perd pas. Nous voilà lancées ; on retrouve Isabelle et Thomas un peu plus loin. Sous la pluie sans discontinuer on s’accroche et on trace. On s’abrite sous le porche de l’église à Valcarlos pour manger.
On continue par les petits chemins puis on remonte sur la route comme indiqué. Une voiture de police qui passait par là pour patrouiller la route s’arrête et nous recommande de faire la montée avec lui. Pas sûres de comprendre ; il insiste, les conditions météos sont mauvaises, il a neigé avant Roncevaux… on se laisse convaincre à contre cœur. Goût amer, pour moi et pour C aussi. Et d’autant plus quand Isabelle et Thomas nous indiquent que le policier répand qu’on l’a appelées car on n’était pas bien : furieuse(s) 🤬🤬🤬
On essaie d’oublier en allant à la messe des pèlerins dans la collégiale puis en visitant un peu. Mais circuler autour de la collégiale s’avère dangereux : la pluie fait glisser des blocs de neige depuis les toits qui se fracassent au sol dans un bruit sourd. En allant au restaurant je m’en prends un devant le nez : c’était « moins une » ; la capuche de la doudoune en a quand même pris pour son grade.
Dîner tous les 4 le soir dans la taberna à côté ; C savoure cet aspect du chemin et d’autant plus qu’on sera tous les 4 ensemble demain à Zubiri
Vendredi 31 janvier :
C : Aujourd’hui, on prend notre petit déjeuner en menu pèlerins en restauration avec Isabelle et Thomas. Nous sommes ensuite parties marcher tous les quatre. Nous avions tous des rythmes différents. Nous avons vu des chevaux et nous avons pris quelques photos. A midi, Karine, Thomas et moi sommes allés au bar prendre un verre et Isabelle, elle a décidé de continuer à marcher. Nous avons mangé la tortilla et sommes ensuite reparties marcher. Nous avons beaucoup rigolé, c’était super. J’ai fait découvrir à Thomas les doigts de pieds en éventail. Nous sommes arrivées vers 16h30 et après la douche pour ensuite faire des courses ; ce soir, c’est pâtes au roquefort et je vais manger comme une ogresse. En plus, il y a de la Vienneta papa ! Je sais que t’aime ça mais c’est moi qui en mange. Promis à mon retour, on en mangera ensemble !
Karine : Retrouver le chemin plutôt que la route, la forêt, le soleil et les chevaux : c’est top 👍 Thomas découvre les pauses chevaux de C et le temps d’apprécier les villages dans lesquels on passe. C’est pourtant son 9eme camion !!! Mais il nous avoue qu’il l’a toujours fait en mode « course/compétition » et qu’enfin il veut prendre le temps de profiter et notre rythme est un bonheur pour lui. Il n’avait pas encore expérimenté les « pauses doigts de pied en éventail » : à 5 ou 6 km de Zubiri, c’est fait. Une clairière au bord du chemin, du soleil = arrêt sur les protections de sac et le temps de profiter et de reposer les pieds sans les chaussures et les chaussettes. C est à fond et lui partage comment désormais elle profite vraiment du Chemin en écoutant la nature. Tout le monde est d’attaque pour la suite du sentier qui n’est pas des plus sympa ; pourtant C ne s’énerve pas et reste concentrée. Elle me fait même remarquer que ça fait plus de 3 jours qu’elle n’a pas eu de « mauvais moments » ; ça fait en fait 6 jours !
Arrivées à l’auberge, on retrouve Isabelle et le couple d’espagnols qu’on a croisés dans l'après-midi. Ce soir on est parties cuisiner un repas pour 2 : des pâtes au roquefort (Thomas avait acheté du roquefort pour se nourrir ?! 🤔), du guacamole et une glace en dessert. Apparemment C a un petit faible pour les pâtes au roquefort !
Samedi 1er février : Pamplona
C : Ce matin, Thomas marche avec nous. C’est un mood un peu difficile qui s’annonce aujourd’hui. Vers les 10 km cette sensation de tristesse s’est manifestée. Thomas nous a attendues dans un petit village un peu plus loin pour nous dire qu’on se retrouverait le soir. A notre pause repas, j’ai exprimé avec difficulté pourquoi je ne me sentais pas bien. A ce moment-là deux chats sont venus, un était très câlin et l’autre super craintif. Celui qui était très câlin boitait, mais on voyait qu’on s’occupait de lui. En partant, il a essayé de nous rattraper, mais comme il boitait, c’était difficile et il a fini par comprendre qu’on était que de passage. Ce regard qu’il avait m’a fait penser à moi et ça m’a trotté dans la tête. En arrivant à Pamplona, on a croisé Gaël, un pèlerin, qu’on avait vu quelques jours avant. On a mangé avec Thomas, Isabelle et Gaël. C’était vraiment un super moment qui m’a rendu heureuse.
Karine : Départ de bonne heure car on s’est tous levés tôt sans réveil avec C et Thomas.
Après 10km de marche, je vois que la mauvaise moue est sur le visage de C qui a aussi ralenti de rythme. Pas très bon signe ; on pousse jusqu’au prochain village à 2km pour faire une pause et manger même si aujourd’hui on n’est pas très bien équipées pour le pique-nique : à ne pas reproduire ! D’ailleurs ça ne me plait pas, on va reprendre les bonnes habitudes de la France.
C ne voulait pas se confier tout à l’heure ; elle finit par le faire. D’abord c’est l’Espagne et l’organisation sur le chemin des hébergements qui en prend pour son grade : faux prétexte, on peut réserver à l’avance comme en France.
Puis : « je ne suis pas à ma place en Espagne… « Le fond du sujet est que C est attachée à Thomas, le norvégien, et craint la séparation, d’autant que la barrière de la langue lui donne l’impression qu’elle ne pourra pas le revoir ou communiquer avec lui. Je me doutais bien que c’était le fond de l’histoire : alors on reparle - comme au sujet de sa grand - mère - de la peur de la séparation, au point de ne pas vouloir s’attacher et de ne pas profiter des beaux moments que nous offre la vie.
Ça commence à aller mieux ; encore un peu de temps au soleil et on repart : C a retrouvé de l’envie. Enfin presque car c’est sans compter le chat blessé qui vient chercher le soleil et les câlins autour de nous ; il a manifestement été soigné mais ça fait mal au cœur de C quand même et c’est une des raisons qui la font hésiter à travailler avec des animaux.
Arrivées à Pampelune en même temps que Gaël (le Gaël de Laetitia et M) : découverte des hébergements à plus de 100 places, on retrouve Thomas et Isabelle, le couple espagnol et une jeune femme belge flamande avec qui C connecte tout de suite. Elle est sur le Camino suite à un accident de la vie et c’est inspirant pour C.
Ce soir, le dîner c’est tapas : tout un art dans une grande ville un samedi soir ; ça se voit qu’on est coupées du monde depuis 1 mois 1/2 😁
Dimanche 2 février : Puente la Reina
C : J’ai mal dormi aujourd’hui, je me suis réveillée à 4h30 du matin en pensant qu’il était 7h. Je me suis légèrement ré-endormie, mais pas assez. On marche avec Gaël, après nous avoir rattrapées dans la montée et l’avoir retrouvé un peu plus tard en train de manger. On lui a fait découvrir “les doigts de pieds en éventail” et j’ai passé de supers moments car il a un drôle d’humour et qu’il est gentil. Nous avons appris que nous ne retrouverons pas Thomas le soir car il y a eu une tension avec Isabelle. J’ai beaucoup pleuré et j’ai eu besoin de marcher un peu seule car mes blessures du passé étaient en train de se ré-ouvrir. Toute l’après-midi, j’étais surexcitée, c’était une protection pour qu’on ne remarque pas que je n’étais pas bien en réalité. Le soir, au dîner, j’étais surexcitée mais en réalité, je n’étais pas bien. J’ai fini par re-vomir tout ce que j’avais mangé à cause du stress.
Karine : C a mal dormi cette nuit : pas le bruit, pas la lumière, le froid ?! À 4h30 elle pensait que c’était l’heure de se préparer. Pour ne rien arranger Thomas est parti tôt car il tournait en rond. Et le pompon : au moment où on s’installe à la boulangerie pour prendre notre petit déjeuner : la boulangère est sur le point de se faire agresser par 5 jeunes éméchés. C accepte sans vraiment de résistance de ne pas s’en mêler.
Malgré ça, la marche (et la montée à El Perdon) du matin se passe nickel - une vraie promenade agréable, avec un miracle : après 6 semaines à les porter, C décide d’utiliser ses bâtons ! Ça tombe bien ils vont être très utiles dans la descente caillouteuse !
Gaël (le suisse de Laetitia et M) nous rejoint en cours de route et décide de nous accompagner pour le reste de la journée. C peut discuter ; le temps est splendide, la vue grandiose, la tortilla Carrefour impeccable 😁
Durant l'après-midi, C nous demande un peu d’espace pour elle ; c’est la première fois qu’elle l’exprime comme ça et c’est très bien.
Idem quand elle apprend que Thomas, le norvégien, est parti en bus à l’étape d’après suite à un gros différend avec Isabelle. C est sous le choc : larmes et puis à nouveau besoin de distance. Elle se joint à nouveau à nous 4 km avant l’arrivée : petit à petit elle est surexcitée. Elle va le rester une partie de la soirée, en particulier au restaurant. Stress, fatigue, médicaments ? On en discute calmement et on verra demain matin. L’urgence est de dormir.
Lundi 3 février : Estella
C : Aujourd’hui, on va prendre notre petit déjeuner à la boulangerie préférée de Thomas (petite pensée pour lui). Ensuite avec Gaël, on a tracé et derrière il y avait un “escargot” nommé Karine. Gaël a trouvé une cigarette et l'a déchiquetée devant moi. Et en plus, il a fait ça pour me narguer. Dans la matinée, je suis restée également un peu derrière pour pouvoir chanter. Au passage le coq est un emmerdeur universel ! Qu’est-ce qu’il m’agace ce coq ! Dans un endroit où il y avait plein d’oliviers, il y avait une petite chapelle et comme ils étaient en train de couper les oliviers, on a pris une branche pour la déposer dans la petite chapelle. En arrivant, je suis allée faire un tour avec Gaël et après on est allées manger dans un endroit où il y avait des petits vieux qui nous ont laissé la place pour nous asseoir. C’était une soirée très agréable.
Karine : Ce matin, les préparatifs se font à la vitesse d’un escargot. Heureusement nous ne sommes pas pressées. Direction la boulangerie préférée de Thomas à Puente la Reina pour le petit déjeuner : on y retrouve Gaël, qui décidément a été « adopté ».
Début de la marche : C prend ses distances pour pouvoir chanter ; ça l’apaise.
Sur le chemin, Gaël trouve une cigarette « tombée du camion ». J’aurais été à sa place je l’aurais balancée au loin sans rien dire… il l’a montrée à C puis l’a déchirée. Forcément réaction 😡 et on la comprend. Ça lui manque mais en même temps ce serait trop dommage de gâcher 3 semaines sans fumer !
La phrase du jour pour C : “le coq est l’emmerdeur universel !!! En même temps un coq qui chante à 14h30”…
Dans la série : nous testons notre nième église de la journée : encore fermée ! GRR… Heureusement hier soir, celle de Puente la Reina était ouverte et C a pu écrire un petit mot, le premier depuis Larreule…
Last but not least : C me sort au détour d’une phrase : « Il faut toujours de l’exigence ». Je nargue C ; elle a compris que la phrase lui serait resservie 🤣
Dans l’après-midi, Gaël prend de l’avance : tout de suite C pense qu’il part en douce ! Je lui explique qu’il ne faut pas imaginer le scénario du pire, il a eu maintes occasions de filer et ne l’a pas fait ; il marche plus vite, il a besoin d’avancer. À peine ai-je fini ma phrase, je m’aperçois qu’il nous attend sous un pont ; C ne l’avait pas vu.
Enfin on arrive à Estella (je n’en pouvais plus pourtant l’étape n’est pas très longue ???) après un détour à l’Ermitage San Miguel ; à défaut d’écrire un mot, on a pu y déposer un rameau d’olivier car les oliviers autour étaient en train d’être taillés.
Ce soir on mange encore dehors : on s’est trouvé un petit café sympa où on a mangé avec Gaël bon et pas cher, à côté des petits vieux du coin 😁
Et comme C avait pris son carnet pour écrire ses blogs (de retard), je l’ai « séquestrée » au restaurant jusqu’à ce qu’elle ait pu finir 🤣🤣🤣
Mardi 4 février : Los Arcos
C : Aujourd’hui, j’ai passé la nuit dehors entre 1h30 et 5h30 du matin. Il y avait un ronfleur alors je suis descendue en me disant que j’allais écrire dans mon carnet, mais j'ai vu que la porte de l’intérieur était ouverte alors je suis sortie prendre l’air. En réalité, la porte était fermée de l’extérieur ! J’étais très surexcitée aujourd’hui. A midi, on a fait notre repas et en même temps une pause “âne”. L’après-midi avec Gaël on a parlé du soleil et de l’intelligence avec un grand I. Le soir, en arrivant, il y a eu un problème d'hébergement et un coup de stress pour moi. On a fini dans un hôtel avec Karine et Gaël. En arrivant, j’ai été assez mal car j’étais angoissée par rapport à un appel. Avec Gaël, on s’est posés sur le lit et on a regardé le soleil et on s’amusait à fermer les yeux pour voir les différentes couleurs dans le cerveau. J’ai eu l’appel ???????? s’est bien passé. Et le soir, on est partis manger dehors.
Karine : En essayant de réveiller C, j’apprends une sacrée nouvelle ! C en voulant prendre l’air - car elle n’arrivait pas à dormir - a trouvé le moyen de s’enfermer plus de 4h à l’extérieur de l’hébergement, dans la rue et dans le froid 😱😱😱 je ne sais pas comment elle a fait pour tenir le coup ni comment elle fait pour rester calme !
Après un bon petit déjeuner, elle est pleine d’énergie : quelques courses et on part. Gaël nous rejoint vite pour une agréable marche dans la forêt (on a choisi de passer par Luquin plutôt que Villamayor). À la sortie de Luquin : un âne (le premier en Espagne) : on fait d’une pierre 2 coups en faisant aussi la pause déjeuner. On arrive comme des fleurs à Los Arcos (un trou amélioré) mais on s’est complètement plantées sur l’hébergement : celui qu’on visait ouvre en avril j’avais mal lu, celui qui était censé être ouvert était fermé 😱 après X coups de fil : nous voilà à l’hôtel. Une chambre à 3 lits ne va pas nous revenir si cher et nous permettra de bien nous reposer pour l’étape longue de demain ! Cet aléa a suscité un peu d’émotion : rien de grave. Plus préoccupant, C semble plonger dans une période de boulimie ; je vais devoir être toujours plus attentive à ce qu’elle mange…
Un petit tour au bar restaurant du coin (avec une délicieuse truite grillée et ce soir on est vite couchées !!!!
Mercredi 5 février : Logrono
C : Départ assez difficile. Durant le début du trajet, j’ai eu un appel de Anthony, responsable de marche, et de mon éducateur, ainsi que de la directrice de Romane pour parler de l’après-marche. Dans une ville, j'avançais tellement vite qu’ils m’ont perdue de vue et s’inquiétaient. J’ai vu une sauterelle géante posée sur un banc en les attendant. A la pause repas, on a fait déjà 18 km. On a tracé avec Gaël et Karine faisait “l’escargot” derrière. Nous sommes arrivées à l'auberge vers 16h30 après 28 km. Les personnes qui nous ont accueillies parlaient français. Nous avons dû aller aux Urgences car j’avais un bouton douteux et ils m’ont annoncé que c’était une piqûre d’insecte qui s’était infecté. En rentrant, j’ai pris une douche et nous avons soupé comme dirait Gaël. Avant ça, nous avons chanté la chanson des pèlerins. Après avoir mangé, nous avons été à la prière dans l’église qui était magnifique et après, c’est le sommeil qui m’atteint.
Karine: Départ mollasson avant et après le petit déjeuner; ça faisait longtemps.
Les bonnes nouvelles se succèdent dans la matinée : d’abord Anthony, et surtout les éducateurs de C au grand complet ont appelé pour parler de l’après marche. C me débriefe, elle est ravie. Le peu que j’aie entendu, j’ai remarqué qu’elle exprimait clairement ce qui était important pour elle.
On déjeune juste avant Viana ; ça fait déjà 17 km, on a bien avancé. Pendant notre pause, un pèlerin en sens inverse arrive et cherche « C et Karine » ; il nous parle en anglais mais est français : il nous apporte un message de Thomas le norvégien avec qui il a passé la soirée.
Ce qu’on n’avait pas prévu à Viana c’est qu’on perdrait C 😱 ! Enfin elle n’était pas perdue : elle avait juste avancé sur le bon chemin, on l’a perdue de vue et personne ne semblait l’avoir vu passer. À deux avec Gaël, on a pu finalement être efficaces : il a foncé devant, l’a retrouvée et m’a appelée.
Je passe l’après-midi à faire l’escargot derrière, tout en ayant l’impression d’être à fond 🤔 la récompense : on est accueillies sur le pont de Logrono par une douzaine de cigognes qui ont élu domicile sur une grande maison.
Le gîte paroissial de Logroño est très agréable (en donativo) avec des hospitaliers français et - bonne nouvelle - en 1/2 pension ! 😁
Mais à peine arrivées, direction le centre médical des urgences : une piqûre d’insecte sur la cuisse de C a une bien sale tête : 1,5h plus tard on a tout fini - diagnostic, ordonnance, pharmacie ! MERCI au responsable de l’hébergement de nous avoir accompagnées !
Après le dîner, prière multilingue dans la très belle église paroissiale avec les quelques pèlerins dont un coréen, les hospitaliers, le responsable. Le concept est sympa : chaque prière est dite à haute voix dans une langue différente.
Ce soir je rêvais d’une sieste ; je bats le record d’heures de coucher 😴
Jeudi 6 février : Najera
C : Aujourd’hui ça ne va pas fort. Crise d’angoisse faite peu de temps après le départ. Gaël se sentait mal à l’aise, est parti. Peu de temps après, j’explique à Karine que les médicaments me rendent mal. Je ne suis pas contente du tout de ne pas pouvoir changer la dose des médocs alors que je me sens mieux sans. On a envoyé un message à Gaël pour lui demander de nous attendre quelque part. Il nous a attendues à un endroit où les écureuils montaient sur nos jambes. C’était trop mignon ! On a mangé à côté des oliviers assises dans l’herbe. Quand on a repris la marche, Gaël a tracé comme une fusée après qu’on ait reparlé de médocs. Je pense surtout qu’il avait besoin d’aller à son rythme. On s’est retrouvées à l’auberge et j’ai discuté avec Karine et Gaël de ma vision du futur. Je me suis endormie après le restaurant (le plat de Karine sentait mauvais) et j’ai rattrapé mes blogs en retard.
Karine : À peine une 1/2h après le départ, C est en crise : explosion, envie d’arrêter la marche, rejet du sac à dos, mêmes symptômes que les précédentes. J’en prends pour mon grade mais pour un motif qui ne tient pas la route. Le fond du sujet est qu’elle n’en peut plus de prendre autant de médicaments et est super déçue que le dosage ne soit pas ajusté malgré tout le positif depuis le début de la marche. C’est un peu comme si elle s’était mis en tête que le dosage était le baromètre de ses progrès ; du coup elle prend cette non évolution comme un échec.
Dans l’histoire, on a perdu Gaël qui s'est senti de trop par rapport à cet aléa du chemin. Il est parti devant : C est déçue, elle se rend compte des dégâts. J’en profite pour la faire travailler sur comment s’en sortir, y compris en lui faisant laisser un message vocal à Gaël, ce dont elle a horreur. Il décide de nous attendre dans un parc envahi d’écureuils joueurs : C s’en donne à cœur joie.
Pause déjeuner dans l’herbe à côté des oliviers : C est triste car le sujet des médicaments nous poursuit. Après cette pause, Gaël a besoin d’air on le comprend : il file devant et on se retrouvera ce soir - on va marcher à notre rythme avec C, beaucoup discuter et arriver « fraîches » finalement à Najera.
L’hébergement est un petit cocon ; tout est sympathique : la musique, la décoration, le côté « chalet . C se confie. On discute sur sa vocation à aider les autres et le besoin que ça implique de s’aider soi-même, trouver son équilibre, sa force…
La bonne nouvelle de la journée est que la boulimie semble avoir été « mise à la niche ». Ça tombe bien, on trouve un petit café/restaurant très sympa : notre meilleur dîner depuis le départ. Je me suis régalée avec des chipirons et un mihojas a la pistache et chocolat blanc avec feuille de brick : une tuerie pour un tarif espagnol 🤪🤪🤪
Vendredi 7 février – Granon
C : C matin, nous avons pris le petit déjeuner à l’auberge avec croissants toastés. Gaël a décidé de retracer mais on l’a retrouvé au premier village avec Najera. J’ai ensuite tracé avec Gaël et Karine était loin derrière avec une pèlerine américaine. Il y avait un abri et on les a attendues, on a décidé d’y manger car il pleuvait à verse depuis le matin. L’américaine est allée à Santo Domingo et nous nous sommes arrêtées prendre un café. Nous sommes reparties un certain temps après, après avoir dit au revoir à l’américaine. J’avais décidé de tracer un peu seule, mais Gaël a fini par me rattraper, alors que je lui avais dit de rester avec Karine. Non mais oh ! En arrivant à l’auberge, nous avons été super bien accueillies. Ambiance superbe ! Je suis allée à l’église et après nous avons mangé. Nous sommes ensuite allées faire une prière, un moment super et maintenant dodo.
Karine : Aujourd’hui on part du gîte sans Gaël qui est déjà parti devant. Ce matin on a changé nos plans : on vise finalement Granon pour profiter de l’accueil hospitalier dans l’ancien presbytère : notre Thomas nous a envoyé des photos ça a l’air super sympa. Il faut juste faire encore 28km 😅 C est partante.
En sortant du gîte, C me confie qu’elle aime bien finalement rencontrer les pèlerins (ça va ça vient… ce n’était pas la même chanson il y a quelques jours).
Ça tombe bien au village d’après on retombe sur Gaël et une américaine qui sortent d’un café !
On profite on discute… et puis on va se peler pendant 3h car la neige, la pluie froide, nous glacent jusqu’à Santo Domingo. On se met à l’abri pour quelque temps dans un café pour une boisson chaude.
Heureusement la pluie s’arrête l’après-midi et on trace vers notre petit « loft paroissial ».
C essaie d’accepter que c’est théoriquement la dernière soirée avec Gaël. Gaël et moi essayons de fixer nos hébergements d’ici Burgos dans 3 jours : ç’est un peu galère et finalement bonne surprise pour C : demain on sera encore avec Gaël et on pourra se revoir lundi soir à Burgos 👍
Après le dîner, moment magique dans l’église rien que pour nous trois et les hospitaliers : le magnifique retable doré éclairé, la cérémonie de la bougie, la prière en plusieurs langues… C’est dans un moment comme ça qu’on prend conscience de cette extraordinaire aventure.
Samedi 8 février : Espinosa del Camino
C : Aujourd’hui, le petit déjeuner est dans l’auberge donc pas besoin d’aller dans une cafétéria. Beaucoup de glace sur le chemin, je suis au moins tombée deux fois. Gaêl qui était à quelques mètres devant se fout de moi en disant que je ne sais pas marcher. Heureusement que je savais que c’était de l’humour. Karine, elle, elle est loin derrière et Gaël lui décide de tracer comme une fusée. J’ai retrouvé Gaël à Belorado, 5 mn plus tard voire plus et nous nous sommes arrêtées dans un bar pour attendre Karine. On a fait quelques courses mais j’étais pas bien alors je voulais partir avant eux. Karine m’a dit que c’était pas possible, alors ça m’a un peu agacée. Quand on est reparties, j’ai dit à Karine que je voulais arrêter la marche, mais je compte quand même aller jusqu’au bout au moment même où j’écris. Je me suis mise à pleurer et Gaël m’a lu le message de Laetitia. Elle disait que je faisais une marche extraordinaire et Gaël m’a sorti “tu fais une marche extraordinaire car tu es extraordinaire. Ces mots m’ont beaucoup touchée. Nous sommes parties un peu devant et nous avons un peu discuté et puis je pense qu’il avait besoin d’être seul, alors il est parti devant en traçant. J’ai marché avec Karine en lui parlant du fait que je rêvais de passer des vacances à Hawaï. On est arrivées en prenant plein de règles strictes.
Karine : Hier soir il a neigé, cette nuit il a fait -2… la descente pour sortir du village ne donne pas confiance : j’ai peur que ce soit une patinoire.
C et Gaël filent devant. Au moins il fait beau : le paysage est splendide. Seul problème, la traversée des villages avec les plaques de verglas : 1 chute pour moi, 3 pour C; heureusement pas de dégâts.
J’aperçois au loin que C a été décrochée par Gaël, elle va continuer en chasse patate jusque Belorado, déjà 16km sur notre étape.
Je les retrouve dans un café : C semble bien, Gaël est épuisé. Direction les courses pour le midi et aussi pour demain car il faudra faire la popote nous-même dimanche soir. C’est là que les choses se gâtent : C qui n’a pas saisi l’occasion de manger au café quelque chose de chaud (ou pas) veut un sandwich tout fait mais il n’y a finalement rien qui lui convient au supermarché. Du coup, plus concernée par les courses pour le lendemain : une seule envie, filer vers l’auberge « en autonomie ». Anthony a parlé hier de ce nouvel exercice pour la marche, sauf que C confond exercice d’autonomie avec « filer devant sans s’occuper du reste parce qu’elle est de mauvaise humeur ». Du coup : niet de ma part ! Même rhétorique de « début de crise » mais finalement plus une bouderie qu’autre chose. Au milieu des 8 km qui nous restent, C tente un rapprochement « diplomatique » avec moi 🤣 Elle commence à accepter que demain Gaël vole de ses propres ailes pour faire 38km jusqu'à Burgos.
Après une grosse sieste, elle est toujours super en forme. Elle appelle son papa pour lui parler de l’après-marche et de la fête de fin de marche.
Au dîner elle va faire une impression d’enfer à la dame allemande (a tendance psycho-rigide) quand elle va la voir manger sa soupe aux légumes avec une fourchette et un couteau… 🤣🤣🤣
Et dans tout ça : on n’a pas trouvé comment célébrer dignement nos 1000km depuis le Puy que nous avons franchis aujourd’hui 👍
Dimanche 9 février : Atapuerca
C : Réveil et petit déjeuner jusqu’à ce qu’on dise au revoir à Gaël qui fait 41 km aujourd’hui. Cela m’a fait bizarre au début, mais après avec Karine on s’est amusées à regarder les traces de semelles de Gaël dans la boue et la neige. On lui a même envoyé sa semelle en photo sur le chemin. J’ai beaucoup discuté de l’après-marche avec Karine et sur le chemin, nous avons croisé un coréen mais au début ont était sûres que c'était un chinois jusqu’à ce qu’on voie son sac. J’ai fait de la balançoire comme une gamine. A un moment, j’ai sorti l’expression “je ferme la fermeture éclair de ma bouche”. On est arrivées au gîte et nous avons travaillé sur les étapes des prochains jours après avoir fait une sieste. A force de fumer, j’ai fini par vomir de dégoût mais bon ce qui est sûr c’est que je n’ai plus envie de fumer.
Karine : Ce matin c’est le départ de Gaël, C fait face ; d’ailleurs elle n’a jamais été prête aussi vite pour pouvoir prendre le petit déjeuner avec lui 🤣
On prend notre temps pour se mettre en route. C parle de l’après marche et de ce qu’elle a commencé à noter sur son carnet de projets. Ca fuse : le lycée, le déménagement dans un petit collectif, l’anniversaire des 18 ans, un stage et les vacances pour cet été, le coiffeur… elle est à fond et s’est bien qu’elle se projette.
À Villafranca il y a ces aires de jeux pour les enfants avec une balançoire. Une nouvelle fois C en profite : ça lui fait plaisir de pouvoir en faire.
On ne sait pas trop comment, on s’est retrouvées à 1150m d’altitude (sans doute on a monté les jours précédents sans trop vraiment s’en rendre compte) avec un sentier ligne droite de 12km avec neige, eau, boue et le traces des chaussures de Gaël 😁 on a même pris une photo pour lui envoyer 🙃
Et puis arrive le village des cigognes : Ages. On espérait y trouver un café pour une boisson chaude, on y a d’abord trouvé une fresque de cigogne sur une maison colorée à colombage qui aurait sa place en Alsace. Et puis en sortant du village on voit deux magnifiques cigognes voler (on voit des cigognes ou des nids de temps en temps depuis Logrono). Je m’extasie à répétition ce qui fait bisquer C (comme pour la vue sur les Pyrénées); mais tout d’un coup elle réalise que j’ai un moyen de pression alors elle finit par me dire « Je ferme la fermeture éclair de ma bouche » 🤣🤣🤣
C est contente car deux coréens sont au gîte avec nous ce soir ; dommage qu’ils ne soient pas plus jeunes me fait-elle remarquer !
Comme on a le temps, avant la douche et la sieste, elle note sur son carnet de projet les numéros de téléphones de tous les hôtes de gîte ou marcheurs qui l’ont marquée et avec qui elle veut rester en contact. Et elle se rend compte que ça fait du monde !!!
La soirée a été longue et studieuse : blog, hébergements après Burgos… on a bien travaillé, d’autant que ça s’avère un peu galère.
Cerise sur le gâteau, pour la deuxième fois de la journée, C me dit qu’elle n’en peut plus de la cigarette ; le paquet est fini : je croise les doigts pour que ça dure cette fois
Lundi 10 février : Burgos
C : Aujourd’hui, c’est un réveil assez difficile. Pour la première fois, je décide de tester une nouvelle coiffure. Début de marche avec des chemins pleins de rochers et de crottes de lapins. Pendant 20 mn, j’ai fait que parler de ça à Karine jusqu’à ce qu’on découvre enfin et qu’elle me dise que ce sont des glands. Nous rencontrons plus loin un pèlerin français qui était parti de la Bretagne jusqu’à Santiago et qui retournait faire le chemin dans l’autre sens pour rentrer chez lui, en Bretagne. Je mange pas beaucoup à midi car je suis stressée car ce sera la dernière fois qu’on verra Gaël. Après ça, on est arrivées à 14h30, on va faire une lessive au lavamac. Ensuite, j’écris mon blog et Karine décide de me faire appeler Gaël. On s’est retrouvés à côté d’une boulangerie et on a mangé des tapas. C’était très dur de me dire qu’il ne sera plus là. On s’attache et mon hypersensibilité fait que je déteste les séparations. Merci Gaël pour tous ces bons moments. J’espère qu’on se reverra à Santiago. En attendant, moi, j’ai un travail sur moi à faire alors douce nuit à vous.
Karine : Typique : pas réveillée, ne veut pas manger grand-chose au petit déjeuner, se plaint d’avoir mal dormi, d’avoir trop chaud… et 5mn plus tard se préoccupe d’une nouvelle coiffure.
Ce matin notre chemin traverse une forêt de chênes-liège : les glands ressemblent à des crottes de lapin, ça va bien nous occuper 1/2h 🤣
À la sortie d’un village on croise un pèlerin, beau gosse, qui a le bon goût d’être français : il fait l’aller-retour depuis la Bretagne. Discussion, photos : un très bon moment.
Pause déjeuner : ce n’est pas encore ça pour manger ! et pourtant elle a partiellement vomi son dîner à cause de la cigarette qu’elle s’est forcée à fumer hier soir (!!!) et n’a pas mangé grand-chose ce matin - et du coup à nouveau à midi. C’est Gaël qui se cache là dessous ; elle s’est fait un film qu’on le verrait 1/2h ce soir au dîner. Je l’ai prévenue que c’était à elle de prendre les choses en main si ça lui tenait à cœur : appeler Gaël quand on serait prêtes. Ça ronchonne 🤪
On échappe à peu près à la pluie pour arriver à Burgos : installation à la pension. La gérante hallucine un peu quand elle voit C déballer son sac (je la comprends j’ai encore du mal à m’habituer à un tel bazar !). Après la douche, direction la laverie automatique : nos vêtements en ont besoin. C’est la condition que j’ai mise avant d’aller se promener ou retrouver Gaël. C tire un peu la tronche, ça la gonfle d’attendre à la laverie mais finalement ça permet de parler. D’abord on a pu vérifier que l’auberge qu’on visait à Mansillas est ouverte : parfait, ça nous fait notre plan jusque Léon ! Elle est aussi de plus en plus inquiète pour son bouton infecté : je la comprends après 5 jours d’antibiotiques ce n’est pas beau… décision prise d’aller aux urgences demain matin : il y a un hôpital à 20mn à pied.
Retour à la pension avec un paquet de churros et un chocolat chaud dont elle arrive à s’en mettre dans les cheveux et la doudoune (et la mienne avec 🙃)
Je la branche sur le blog… ce sera fait avant la « soirée d’au revoir » avec Gaël.
On se retrouve dans un café : soirée tapas. C a du mal à faire face : elle oscille entre profiter de la présence de Gaël et s’exclure de la discussion. Pour ne rien arranger on parle « bouffe » et avec ça boulimie ce n’est pas idéal… le moment difficile arrive et Gaël ouvre la porte à se retrouver autour de Santiago avant le 10 ou 15 mars - complètement dans notre plan de marche. C’est quand même difficile pour C qui ne peut pas retenir ses larmes après son départ : l’occasion de beaucoup discuter en rentrant à la pension et en allant se coucher
Mardi 11 février : Burgos (jour de repos)
C : Aujourd’hui, c’est la journée de repos et je me lève plus tard que d'habitude. Ensuite, on va à la boulangerie acheter le petit déjeuner et direction les urgences. Durant l’attente, j’ai écouté un peu de musique pour me détendre avant le rendez-vous. Après un certain temps, c’est à mon tour et alors à ce moment c’est le stress complet. Ils décident d'inciser la zone infectée. Pleurs et cris de douleur assourdissants. J’étais crispée. Quand c’est enfin fini, j’ai l’impression que je vais m'écrouler. On prend le taxi et on rentre pour que je puisse me reposer. Ensuite, on va visiter la cathédrale durant 1 h après avoir mangé asiatique. Le soir, pour fêter nos 1000 km, on décide de manger des makis. Une superbe fin de soirée.
Karine : Ce matin direction les urgences - pas le bon hôpital, taxi, attente et finalement « opération de la femme enceinte » (je cite C compte tenu de ce qu’elle a douillé). Il fallait inciser pour drainer le pus : C a passé un très sale quart d’heure, quasi tétanisée mais c’est une bonne chose de faite, d’autant qu’il n’y a pas de contre indication à continuer le Chemin (C appréhendait beaucoup l’éventuelle conséquence sur la marche) : juste continuer le traitement antibiotique oral plus maintenant crème antibiotique et Betadine.
Retour à la pension : je n’arrive pas à faire quelque chose de C. Nouvelle lubie : arriver à Santiago le 5/3 (actuellement on serait on track pour le 7/3) ; je creuse : elle veut pouvoir profiter pendant quelques jours sans marche à la fin du périple.
Je tente le restaurant asiatique pour faire manger quelque chose de solide à C - et après on ira visiter la cathédrale de Burgos. Des feuilles de rooibos tombent dans ma tasse : j’appelle ça des poissons et C l’a pris au 1er degré - je me fous d’elle 🤣🤣🤣
Comme on est juste à côté de la cathédrale, on en fait notre programme de l’après midi - en plus, surprise ! C'est gratuit le mardi après-midi. Du coup je traîne C pour le grand tour. Elle va tenir plus de 45 mn (elle m’en veut encore probablement 🤣🤣🤣) et ça nous a permis de retrouver Clara l’américaine : un bon signe pour C que les pèlerins qu’on laisse en chemin nous puissions les retrouver.
C est déjà à fond dans l’étape de demain (notre record de longueur : on va dépasser les 30 km) ; on a réservé les hébergements pour les 2 prochains jours et pour la nuit avant Leon. On parle de l’heure du départ au dîner ; tout le sujet était de trouver quelque chose où C veuille bien manger pour avoir des réserves pour demain 🥵 Bingo : ce sera sushis, on fêtera nos 1000 km comme ça !
C termine la soirée en trombe avec un enthousiasme comme pas souvent ; elle - je cite - « rêve de Fisterra » !
Mercredi 12 février : Hontanas
C : Aujourd’hui, on avait 31 km, alors on s’est levées plus tôt et nous sommes parties à 8h. Ce matin, on voulait aller à la boulangerie sauf qu’il était trop tôt pour que ça ouvre. A la sortie de Burgos, il était environ 8h, on a trouvé une boulangerie et on a décidé de manger le petit déjeuner sur le banc qui était devant. Dans la matinée on a tracé surtout qu’après un certain temps, un couple d’espagnols sur le chemin derrière nous parlait très fort. Alors on a essayé de les semer. On a décidé de manger sur un banc sous le porche d’une église avec deux chats à côté de nous qui énervaient Karine car un des deux lui léchait le pied. Quand on est arrivées à destination, le village n’était toujours pas à portée de vue car, en réalité, il était dans un trou pommé. En arrivant, j’ai passé du temps avec un chat qui s’est installé tranquillement sur mes genoux. On était avec 7 pèlerins tous très différents.
Karine : C veut galoper pour arriver à Santiago le 5/3 ; pourtant ce matin on n’est pas encore parties qu’elle me dit déjà que c’est pas tous les jours qu’on fera 30 km 🤔 !
En tout cas, si le reste dort chez C, les jambes marchent et on a avalé les 21 premiers km.
À la sortie du 1er village on rattrape un couple d’espagnols : ils ne parlent pas anglais ou français et nous pas espagnol, impossible de tenir une conversation. On prend un peu d’avance : mais pas assez ; on n’entend qu’eux blablater derrière - désagréable, surtout pour C qui était dans ses réflexions ! On trace pour creuser péniblement l’écart ; pas le mieux pour économiser notre énergie.
Depuis ce matin on voit des cigognes partout : d’abord dans les champs à la sortie de Burgos puis sur les clochers dans leur nid ; je m’extasie et ça énerve C - je tiens ma « vengeance » pour toutes les pauses animaux 😁 A la pause déjeuner on est envahies par 2 chats ; ça fait marrer C - heureusement j’arrive à peu près à faire respecter mon espace vital.
On est sur la Meseta (le plateau - aka L’ère du vide : des terres arides et des pierres à perte de vue, un chemin plat et droit, de rares villages dans des trous). Sur cette autoroute pour marcheurs on croise un cycliste : à peine bonjour ; sur le Chemin comme à Paris, les piétons et les cyclistes ne sont pas du même monde.
On approche à grands pas de notre village cible, mais même à 500m on ne le voit pas car il est en contrebas du plateau ; 2 signes avant-coureur : une grande croix en métal et une antenne XG… pas de doute il doit y avoir un village en contrebas.
A peine arrivées, C est partie dans son monde : le monde du chat - elle va bien y passer 1 heure. Ce soir dans l’albergue on est 8 - 5 autres nationalités dont des pas trop courantes comme Australien et Autrichien. C participe à la conversation au dîner puis se lasse ; alors elle préfère jouer avec le chat. Au retour, 2 nouvelles opérations : une nouvelle ampoule et surtout la doudoune qui perd ses plumes à vitesse grand V par une large ouverture au niveau du poignet 😱 vite on suture la plaie avec le sparadrap pour les pansements.
Jeudi 13 février : Irero de la Vega
C : Bon, au petit déjeuner, j’ai pris tous les gâteaux pour les mettre dans mes poches. Un joli arc en ciel pour débuter la journée apparaît. On doit s’arrêter tout le temps après le départ pour mettre un compeed sur mon ampoule. A un village, après quelques kilomètres on croise trois pèlerins avec qui on était au dortoir la veille. Pendant que Karine parlait avec l'un deux, moi j’ai tracé et après avoir attendu Karine plus loin, une montée nous attendait. Nous sommes arrivées à 14h et j’ai passé l’après-midi avec un chat abandonné qui s’était installé sur mes genoux. A chaque fois que je sortais et re-rentrais, il faisait que m’attendre hop dès que je m’asseyais, ça square mes genoux. Ce soir-là, j’étais pas bien, les moments avec Thomas et Gaël me manquaient. Je voulais plus donner de nouvelles et broyais du noir. Que c'est dur la dépression.
Karine : C a la pêche : ce matin sa blessure à enfin une meilleure tête. D’ailleurs, elle se gave (et fait des réserves !!!) de biscuits. Oublié la boulimie 🤔, oublié évidemment de mettre un compeed sur son ampoule : arrêtées en pleine nature pour rattraper le coup.
C’est un magnifique arc-en-ciel qui a coloré le début de notre marche. Une marche tranquille avec les belles ruines d’une abbaye sur le chemin. Au village suivant on revoit un paquet de nos pèlerins partis avant nous qui s’étaient arrêtés pour un petit déjeuner. On repart avec le français, puis l’allemand. On discute un peu et puis c’est la grande montée pour revenir sur le plateau. La journée de marche a été courte : arrivées au gîte, une pension rien que pour nous finalement ! Mais en fait c’est là que la vraie journée commence : celle de l’après-midi pour se reposer qui devient l’après-midi des états d’âme de C. Pour le côté positif elle n’a pas vécu le fait de faire les courses comme un calvaire, elle a fait son blog et on a envoyé des nouvelles à nos hôtes de gîte préférés 🤗 mais le côté négatif est que C est toujours dévorée par la douleur de la séparation avec Thomas et Gaël.elle ressent le besoin de la partager avec les chats du village, et finalement ne retient pas grand-chose de la discussion avec son éducateur, discussion qu’elle attendait tant ! C voyait la suite du chemin comme une course pour les rattraper, surtout Thomas qui était parti par surprise ; j’essaie de lui faire comprendre qu’on ne peut pas s’inscrire dans une fuite en avant et qu’il a aussi dans ses mains le fait de ralentir. C broie du noir plutôt que d’envisager qu’on va pouvoir se retrouver. Dur dur.
Vendredi 14 février : Carrion de Los Condes
C : Aujourd’hui, c’est 33 km qui nous attendent. Je me prépare et je sors passer 5mn avec le chat avant de commencer à marcher. Ce chat qui avait été là avec moi pendant que je pleurais la veille et qui s’était blotti contre moi, je le remercierai jamais assez.
On quitte le village avec un brouillard pas possible et je découvre que mon appareil est cassé. Quelque temps après, je me fige après avoir vu une horreur : une tête de chèvre qui avait été mangée par un animal sauvage au milieu du chemin. J’ai décidé de continuer à donner des nouvelles, car ils me manquent. Je m’amuse à regarder les traces de pas par terre, je trouve ça drôle de me dire qu’ils sont passés avant. Quand on arrive, nous sommes les seuls pèlerins, pas même un bruit. On mange bien mais je re-vomis tout après. Crise d’angoisse s’enchaîne car j’étais fatiguée psychologiquement de réfléchir autant en journée.
Karine : Ce matin C est particulièrement éveillée, surtout à cette heure matinale (départ pour 33km) et en plus le chat est toujours là à l’attendre. Nous quittons le village noyé dans le brouillard, il fait encore nuit. Dans l’heure qui suit C va les aligner, en général à l’insu de son plein gré. L’appareil photo est cassé (l’écran a dû prendre un coup). À la première pause elle me demande si j’ai réussi à prendre du PQ : ben oui, quand on fait l’effort d’y penser on y arrive 🤨. Ensuite, pas de chance, une tête de chèvre/cabri est en plein milieu du chemin : C est prostrée devant les restes. Pour finir : elle se précipite sur une trace de chaussure par terre qu’elle prend pour celle de Gaël… je navigue entre exaspération, tristesse et découragement 😢
À la première pause elle me dit soudain qu’elle commence à s’y faire et que finalement ce n’est pas forcément une bonne idée d’arrêter de leur donner des nouvelles (elle avait décidé d’arrêter car elle en a marre de faire le 1er pas pour être déçue ensuite). À SUIVRE
On trace - à chaque village de multiples églises et sur au moins une église, des cigognes et leur nid. Je m’extasie et C commence à s’y faire.
On trace (18km en contre-allée d’une route en ligne droite 🥵) - le soleil qui n’était pas prévu fait son apparition.
On arrive à l’albergue des sœurs de la charité : la sœur qui nous accueille est ravie de parler français, elle est très drôle. Pour nous, petite déception : personne d’autre, pas de pèlerin. Hier ils étaient 10 et ce soir : nous et nous 😢
Au moins ce sera confortable, il n’y aura pas de ronfleur… mais comme dirait C : ça manque un peu d’ambiance !!!
On se venge sur le menu : plat préféré de C, pâtes au roquefort avec une glace au turron et jus de grenade 😋
Et pourtant, la soirée finit par tourner au vinaigre : C est fatiguée, elle ressasse trop de choses, dont le départ de Gaël et surtout Thomas qu’elle voit comme un abandon alors qu’il avait promis une solution ; et pour achever de la contrarier et de lui faire broyer du noir : elle vomit les pâtes. Dur Dur !!!
Samedi 15 février : Ledigos
C : Aujourd’hui, c’est une plus courte étape pour se reposer pour demain car c’est une longue journée. A 8h on part de l’auberge pour aller prendre le petit déjeuner. Durant la matinée, j’ai beaucoup parlé et commencé à me fixer des objectifs que j’ai notés dans mon carnet. On a fait notre pause repas, on a été sur une table pique-nique avec un beau soleil. Malgré qu’il y ait le chemin sur l’autoroute, il y a de la végétation autour. On a vu des cigognes dans un champ et j’ai sorti “c’est la Saint Valentin des cigognes”. En arrivant, nous sommes accueillies par un couple qui avait six chats dont un qui avait des problèmes neurologiques, du coup, il avait du mal à rester sur ses pattes. Petit coup de mou dans la soirée car Marion me manque, je relis sans cesse le message qu’elle m’a laissé sur mon carnet. Je me suis sentie mieux après avoir eu un appel avec Clémence. On a beaucoup mangé et nous avons regardé les blogs en ligne. J’ai appris deux phrases en espagnol et dodo
Karine : Ce matin l’idée de ne pas partir qui avait effleuré l’esprit de C hier soir semble oubliée ; 8h on quitte notre dortoir confortable et on va prendre un petit déjeuner au café du coin. Pas besoin de se presser, c’est une journée avec 23km : on prend notre rythme de croisière.
C a envie de causer ce matin et c’est tant mieux ! Le lycée, la famille, les vacances en Bretagne, cette maison à laquelle elle tient… on parle objectifs, des simples, facilement réalisables (comme préparer sa fête de fin de marche) ou des à plus long terme comme son futur métier. À la première pause sac à dos, on a une table et un beau soleil : C prend des notes dans son carnet de projets et complète sa liste d’objectifs.
La marche est tranquille, certes 23km de ligne droite, certes en partie à côté d’une nationale mais finalement on est plutôt dans une nature moins aride que la veille (18km à deux pas de la route !!!) D’ailleurs, dans un champ : un couple de cigognes se balade. On prend le temps de l’observer, même C ! 😁 On se fait la remarque que les cigognes on les voit toujours en couple : c’est la Saint-Valentin tous les jours avec les cigognes.
Arrivée à l’auberge de Ledigos ; c’est un peu rustique mais le jeune couple qui la tient est sympathique. Ils tiennent aussi un bar : à défaut de pèlerins, on verra défiler les petits vieux du coin 😁 et aussi on aura un dîner préparé, car on est un peu « à poil « côté provisions (on a besoin de les garder pour demain dimanche ou tout est fermé).
C a un nouveau coup de mou !!! Il faut dire qu’on n’est pas aidées : en arrivant dans le village il y avait une grosse marque de sang sur la route et un des chats de l’auberge boîte et tremble : problème neurologique. On a dû appeler Clemence (notre responsable de marche pour la semaine) pour remonter le moral de C. Et le moral à été sacrément remonté : on a passé une bonne soirée toutes les deux à regarder les petits vieux défiler au bar, à se faire des blagues, à relire nos blogs des derniers jours, et à discuter de sujets plus sérieux… En repartant au dortoir, C s’est même rendue compte qu’elle n’était plus triste à regarder le chat malade et qu’elle voyait de la vie en lui. Elle a aussi brûlé le papier où elle avait écrit sans fin des mots négatifs pendant son coup de mou ! 👍 Et elle a même commencé à apprendre les 2 premiers vers du poème en espagnol de Clemence sur les « au revoir »
Dimanche 16 février : El Burgo Ranero
C : Une grosse étape de 33,5 km nous attend aujourd’hui. Ce matin, on part plut tôt pour pouvoir prendre notre petit déjeuner au village 6 km plus loin. On se met sur notre rythme de 5km pour pouvoir tracer. On a décidé de s’arrêter dans un bar qui fait petit déjeuner que tenait une dame très gentille. On repart et moi je suis dans mes pensées et puis je parle d'objectifs avec Karine. J’ai trouvé des objectifs très intéressants en y réfléchissant bien. Au repas du midi, nous avons fait 20 km. L’après-midi, mes réflexions tournent autour d'un début de poème. Nous avançons plus tranquillement. Avance. En arrivant au gîte, grosse déception. Aucun drap, pas de lumière et aucun pèlerin à l’horizon. On prend notre douche quasiment dans le noir et on décide de faire un blind test pour nous occuper. C’était super. On mange et j’écris mon blog avant d’aller dormir. Bonne nuit ! Ah ! et nous avons vu un cheval après deux semaines.
Karine : Départ de bonne heure ce matin, cette fois sans vrai petit déjeuner dans le ventre : un peu de chocolat et un quignon de pain. On doit trouver un café dans le village à 6km : Moratinos. Et on a trouvé un petit havre de paix tenu par une vieille dame adorable - on s’est senties super accueillies et on a passé un très bon moment. Prochain objectif : Sahagun pour faire des courses au moins pour midi : bonne surprise une grosse supérette est ouverte ; la dame est super gentille et on trouve tout ce dont on a besoin.
Deuxième bonne nouvelle ! On continue avec la pêche. C à une idée lumineuse soudain : elle se projette à son épreuve orale de français pour le bac pro avec comme sujet : la marche vers Saint-Jacques. Il y a tant à exprimer sur ce sujet : une très grande idée qui l’emballe ! Dans la discussion sur le sujet, C exprime sa peur des examens et surtout de faire une présentation orale devant d’autres personnes : on parle théâtre, on parle « impro » ; je l’encourage à explorer ces activités auxquelles elle avait déjà pensé.
Dans l'après-midi, C m’explique que maintenant qu’elle a appris les premiers vers du poème espagnol de Clémence, il lui vient plein de phrases dans la tête : le début d’un très joli texte !
On arrive dans notre hébergement : personne ! Ni pèlerin (il y en avait 6 hier dont 3 français), ni accueil 😭 On fait avec les petits désagréments, au moins l’eau de la douche est bien chaude ! Et pour mettre l’ambiance on décide de faire un blind test musical : ça a bien duré 1h30 et on s’est bien amusées. Dîner de pâtes expédié (et apprécié), nouvel appel avec Clemence, 2 vers de plus du poème espagnol, blog…. Tout est au beau fixe avant une nuit de sommeil bien méritée 😴
Mardi 17 février : Villanueva de Las manzanas
C : On commence la marche dans le brouillard. Je garde le silence. Un peu plus tard, je parle de mon stress par rapport à mon audience. A midi, on va faire des petites courses et on en profite enfin, plutôt moi, pour manger une omelette et il y avait 5 chats à côté de moi. Pendant ce temps, Karine parlait avec un pèlerin. Je parle à Karine de tous les sujets qui me tracassent et elle me conseille de mettre sur papier. En arrivant, je sélectionne les photos pour l’album après avoir mis mes projets sur papier. On se réchauffe en faisant du badminton et du babyfoot. Nous avons ensuite mangé et quand on a été au lit, Karine m’a parlé pendant 10 mn du bonheur de la literie.
Karine : Ce matin il doit y avoir à peu près autant de brouillard dans la tête de C que sur le Chemin, et ce n’est pas peu dire. Très causante le matin des deux derniers jours, aujourd’hui c’est plutôt silence radio ! C’est là qu’elle me parle soudain de son audience à venir (le 25 mars ou plus tard si c’est reporté). Elle appréhende ; entre autres elle ne veut pas que ça se passe comme les précédentes (ressasser le passé, mélanger avec son frère…). Je l’encourage à s’exprimer et anticiper avec son éducateur plutôt que de « subir » et se plaindre par anticipation.
Après 13 km enfin un village et miracle : de quoi acheter du pain, un gentil monsieur qui fait aussi des omelettes (des françaises baveuses 😁), un pèlerin et des chats… le pèlerin c’est pour moi, les chats et l’omelette pour C ! Le pèlerin est « basque espagnol », vient de Barcelone et va à Léon ce soir.
A la sortie du village, pour notre vraie pause déjeuner, je vois la moue des mauvais jours sur le visage de C. Elle me confie que beaucoup de sujets post marche lui trottent dans la tête et « l’angoissent ». Je lui propose de l’aider à les travailler ou à y réfléchir, à condition qu’elle accepte de s’en saisir et d’y consacrer, elle, du temps pour avancer.
Dans l’après -midi c’est ce qu’elle a fait sur le sujet de sa prochaine audience.
Arrivées à notre pension à 6 km hors chemin de Mansilla (on a été récupérées par les hébergeurs), C se met à trier ses photos pour son album de marche. Ça lui fait très plaisir : les photos d’elle que j’ai prises (beaucoup avec des chevaux), quelques photos de moi qu’elle a réussi à voler 😁 et quelques photos de paysages. Pendant ce temps-là je profite d’une salle de bain dans le top 3 depuis notre départ 😄 et après un peu de calme, on se réchauffe et on se met en appétit en jouant au baby-foot et au badminton. On a bien rigolé. D’ailleurs le lendemain matin elle m’a dit qu’elle avait passé une super soirée.
Mardi 18 février : Léon
C : Le réveil de Karine sonne, pas le temps de dire ouf que je tombe de mon lit et me retourne avec le matelas sur moi. Je me relève et me recouche dans mon lit. Je finis par me lever et me brosser les cheveux, chose très rare depuis le début de la marche et pour la première fois je ne me trouve pas moche démaquillée. Durant la marche, je me suis réconciliée avec les ronces car elles m’ont cachée de la vue des autres. On mange à l’entrée de Léon et on va à l’auberge. On va ensuite faire les courses car je veux surtout me précipiter pour acheter mon mascara. Après ça, on fait la visite du cloître avec un frère et un pèlerin canadien.
Après je fais mon blog et je travaille sur un objectif. On mange à la cantine, j’ai vraiment l’impression de retourner en primaire. Il y avait des étudiants, il manquait plus que ça et le pire c’est qu’on n’entendait que leur baratin qu’on ne comprenait pas bien évidemment
Karine : Ce matin, C est tombée du lit : en s’agitant lorsque le réveil a sonné, elle s’est retrouvée par terre avec le matelas sur la tête. Je n’ai pas pu m’empêcher de me marrer et voyant que le réveil était complet de regretter de ne pas avoir utilisé cette technique sciemment plus tôt 🤣🤣🤣
Nous avons pris notre temps pour un bon petit déjeuner et sommes parties de notre pension par le « dutch camino ». Très plaisant au début dans les champs et les petits villages, loin de la route, mais rattrapées à l’approche de Léon par le trafic. La partie champs a quand même permis la réconciliation entre C et les ronces : jamais j’aurais parié !!!
Arrivées tôt à Léon on s’est installées dans notre albergue des frères franciscains qui était bien ouverte. C a voulu qu’on se dépêche d’aller faire les courses ; bien sûr ce n’était pas pour les courses (au bout de 60j je n’y crois pas une seconde) mais pour s’acheter du mascara (c’était devenu une urgence !!!…)
Le plus important était son call avec sa psychopédagogue qui était fixé à 15h et que C avait préparé en vue de son audience à venir. Tout semble s’être très bien passé. Nous sommes parties ensuite visiter la cathédrale et la vieille ville ; on a plus parlé à Anthony, notre responsable de marche, que visiter la cathédrale (payante pour l’essentiel et fermée pour les parties accessibles au culte 🤬)
À notre retour à l’albergue, nous avons passé un très bon moment, avec un frère franciscain venu du Cameroun et un pèlerin canadien, à faire la visite de l’église et du cloître de cette communauté internationale de franciscains. Bonne nouvelle : on va retrouver le pèlerin canadien demain à Villadangos et peut être à Astorga 😅
Autre bonne nouvelle : Gaël et Thomas nous ont donné quasi en même temps des nouvelles. L’un est à une grosse journée devant nous et nous reverra à Santiago, l’autre a attrapé la crève et se soigne à Ponferrada. Je ne peux m’empêcher de rappeler à C à quel point elle a broyé du noir sur ce sujet, imaginant forcément le scénario du pire et qu’ils n’allaient ne plus donner de nouvelles et bla bla bla… et à quel point elle ne voulait pas croire que du positif pouvait arriver, qu’ils n’allaient pas se barrer comme des voleurs et abandonner la relation !!!
En attendant… ce soir c’était dîner sur place : ça faisait très longtemps que je n’avais pas été au Resto U !!! 😅😅😅
Mercredi 19 février : Villadangos del Paramo
C : Aujourd’hui, j’ai la tête dans le c… Il a fallu 3 plombes pour me préparer. On prend notre petit déjeuner dans la fameuse “cantine” où il y a bien évidemment encore des jeunes…
Durant la marche, on croise au moins 4 fois le même pèlerin et on a fini par discuter. Le paysage est ennuyeux, la nationale quoi ! A midi, on mange assises sur l’herbe tout en lisant les blogs. L’après-midi, rien de spécial à dire à part qu’on marche. En arrivant, on voit un oiseau de proie chasser un petit oiseau et heureusement qu’il a fini par s’échapper. Un accueil tellement accueillant à l’auberge, c’est un vrai bonheur ! J’ai longuement parlé avec un pèlerin canadien, on a fait un Uno, quelque chose que je n'aurais pas fait avant. Une italienne arrive vers 19h300 on était très étonnées. Nous sommes restées jusqu’à 21h30 dans la salle commune et dodo.
Karine : Le réveil est tranquille ; pourtant il faut 3 plombes ce matin à C pour être prête car maintenant il faut intégrer le temps de maquillage des yeux. Au demeurant on n’a que 21 km à faire et on n’est pas pressées.
On pourrait dire que c’est la marche « tête dans le c… » : d’abord C dès la sortie de Léon, puis moi à force d’entendre passer des voitures et des camions sur la route N-120. Aujourd’hui c’est comme si on faisait 21 km le long de la RN20. La seule consolation est qu’en Espagne, les chauffeurs de voiture ou de camions sont prompts à saluer les pèlerins ! Ça fait chaud au cœur; c’est un encouragement comme dit C.
On a essayé de profiter des rares moments qui s’y prêtaient : observer les cigognes à l’église de Valverde de la Virgen, la pause pique-nique dans l’herbe et la chasse fabuleuse de l’oiseau de proie contre le petit oiseau qui a quand même fini par s’en sortir.
C’est aussi la journée de réconciliation avec les donativo : celui de ce soir est fabuleux, grâce à son hospitalière et grâce à ses pèlerins ! Nous retrouvons notre canadien d’hier et le basque de Bilbao avec qui nous avons parlé ce matin.
Pour la première fois, après l’arrivée et la douche, je passe un peu de temps dehors sur les tables de pique-nique dans le jardin de l’albergue (à réfléchir à la suite du parcours et comment gagner un jour, un dernier, sans faire n’importe quoi 😁)
C discute longuement avec le pèlerin canadien d’hier qui a une fille de son âge et qui en plus a marché plusieurs jours avec « notre » Thomas (le Camino est petit 😁).
Quand elle me rejoint, on a un plan de marche Astorga / Triacastela qui roule, en tenant compte des hébergements, des kms et du dénivelé !!!
La soirée est tranquille et agréable : courses, cuisine d’une salade de riz dont on rêvait toutes les deux, blog, Uno et discussions avec les autres pèlerins… jusqu’à l’irruption à 19h45 (!!!) d’une italienne qui sème la zizanie dans le petit rythme tranquille de notre albergue ; la plus énervée étant sans doute l’hospitalière 😅
Jeudi 20 février : Astorga
C : Un réveil avec le coq, les gens qui parlent et la musique. Nous avons eu un super petit déjeuner, c’était incroyable. On a commencé par la nationale mais sans la zone industrielle. Deux pèlerines étaient loin devant mais je me suis dis impossible de les rattraper, alors Karine me dit “que si “et au final effectivement. J’ai laissé Karine derrière pour les rejoindre et elle me demande “dis, t’en fais quoi de ta traductrice ?”, pas bête. On parle avec elles et dès qu'on a fini, je trace et quand je finis par l’attendre, elle me dit que je l’ai larguée. Plus loin, il y a le retour des vaches et des veaux. Je finis plein de salive, je sens la vache. En arrivant, on est très mal accueillies par un monsieur aigri. Je découvre qu’on ne sera pas en dortoir, ça m’a rendue triste.
J’ai pris ma douche et on a squatté le couloir pour voir les pèlerins passer. On a mangé dans un pub et on est rentrées avant 21h30 pour ne pas énerver l’hôte, ce tyran
Karine : Difficile de quitter notre albergue de Villadangos et l'hospitalière si accueillante. Ce matin c’est 11,5 km le long de la N120 mais cette fois pas de zone industrielle et ça change tout ! Une fois la première partie faite on retrouve un vrai sentier qui se perd dans la nature et deux petits villages : un bonheur. Bonheur aussi pour C avec le retour des vaches et des veaux, et même des chevaux !
Deux pèlerines à l’horizon (on les avait aperçues hier quand on observait les cigognes) : C décide de tracer pour les rattraper… enfin après s’être lamentée qu’on n’y arriverait jamais (avant même d’avoir essayé) ; je ne me suis pas gênée pour lui dire 😈. Elle trace mais elle a juste oublié que sans sa traductrice qu’elle a larguée derrière ce serait plus hasardeux 🤣🤣🤣 d’autant que les deux pèlerines sont islandaises donc anglais obligatoire ! On discute un moment… c’est finalement trop long pour C 🤔 un Buen Camino lui aurait bien suffi. On va aussi croiser le pèlerin coréen qui était à notre auberge hier soir : le « fantôme » tellement on ne l’a pas vu (il dormait, c’était en fait son premier jour de marche) ; au moins aujourd’hui on a pu discuter et prendre une photo.
L’après-midi dans un endroit improbable en bordure de forêt, C a joué avec un chien footballeur. Ce chien était étonnant : tant pour dribbler avec son museau que pour faire gardien de but et arrêter les ballons. Un moment de grâce dont le Camino a le secret.
À l’albergue à Astorga, on a été mal accueillies. Dixit notre pèlerin espagnol de la veille : l’hospitalier en question est aigri ; nous qui devons passer un jour off à Astorga, ça pose sérieusement la question de revenir demain !!! 🥵 d’autant qu’on a été mises dans une chambre à part et pas dans le dortoir. C est déçue, c’est moins facile de rencontrer les pèlerins : elle fait la tronche. Après la douche elle revient à de meilleurs sentiments (moi l’hospitalier de l’accueil me gave de plus en plus 🤬). On squatte dans le couloir : d’abord c’est là qu’il fait le plus chaud et ensuite ça permet d’attraper les pèlerins au sortir du dortoir : d’abord une allemande, puis notre coréen, un jeune néerlandais qui a fait 15000 km à pied depuis 3 ans et un charmant portugais qui vient de faire son dernier jour de Via de la Plata.
L’endroit qu’on avait repéré pour manger est fermé ce soir : on atterrit dans un pub irlandais ☘️ au détour d’une conversation C se met à positiver sur elle : je ne laisse pas passer, d’autant que ça fait la 2e fois en peu de temps 😀. Elle se réfugie pour regarder les photos de notre aventure : c’est son kiff ces jours-ci !
Vendredi 21 février : El Rabanal del Camino
C : Aujourd’hui, j’ai été réveillée par la lumière qui a été allumée à 7h. C’est un réveil qui m’a beaucoup énervée. On était censées faire notre pause aujourd’hui, mais au final comme il y avait un souci d’hébergement, on est parties juste après s’être goinfrées de churros. Après 6 km, on croise Lain qu’on avait vu deux jours auparavant. On a marché avec lui et nous avons beaucoup discuté sur “on ne peut pas aider les autres si on ne s'aime pas soi-même”. En arrivant, on est très bien accueillies, ça change d'hier. Ce soir, ce sont les nouilles pour moi et Karine me dit je cite “je te laisse te débrouiller avec ton carnage”. Moi en tout cas, j’étais très contente de mes nouilles et manifestement Lain aussi. On ne traîne pas pour aller dormir car on est très fatiguées.
Karine : Réveil ronchon ce matin : faut comprendre, le dragon de l’albergue a allumé la lumière de la pièce à 7h alors qu’on avait mis le réveil à 7h30 🤬 on s’est vengées sur le petit déjeuner au café du coin avec chacune 8 churros et un chocolat chaud : parfait quand on ne marche pas 🤪 sauf que contrairement à ce qui était prévu on s’est remises en route, sacrément lestées : en appelant à 8h40 l’hébergement pour dimanche il s’est avéré qu’il fermait aussi dimanche - ni une ni deux on décide de décaler d’une journée et de partir à Rabanal dès aujourd’hui, à condition de pouvoir récupérer nos bâtons qu’on a laissés à l’auberge. Miracle : malgré la chaîne et la porte fermée à clé, j’arrive à parler au dragon et à lui expliquer dans mon baragouin espagnol qu’on doit partir à cause de l’hébergement de Molinaseca qui est fermé le dimanche. Il compatit et va chercher nos bâtons : SAUVÉES !
On a mis du temps à prendre notre élan mais au bout de 8km, on est lancées et dans le village qu’on traverse on retrouve Iain le pèlerin canadien d’avant-hier. On ne se quitte plus jusqu’à l’arrivée, enfin surtout C et Iain qui aiment bien discuter ensemble ; aujourd’hui au programme, aider les autres et s’aider soi 😁
Après les courses, au moment de l’arrivée à l’albergue : pluie ! Ouf 😮💨
Nous serons 4 ce soir avec la jeune allemande rencontrée hier. Le monsieur qui gère l’endroit est très gentil, très présent et a beaucoup d’humour : ça change de la veille et tout de suite on se sent bien ! Au dîner, C a choisi de faire ses nouilles asiatiques : moi j’ai d’autres pâtes. Je la laisse faire et surtout je la laisse nettoyer le « carnage » qui va avec 🤣 Ce soir on ne va pas traîner, même si c’est agréable de s'asseoir près du poêle : on a du sommeil d’hier à rattraper.
Samedi 22 février : Molinaseca
C : Aujourd’hui, Iain est parti avant pour pouvoir aller prendre un café et il nous a dit QUE de toute façon, vous me rattraperez. On l’a croisé au café, bon la séparation n’a pas duré longtemps. Le matin, c’est une p… de montée qui nous attend, mais ça c’est pas si mal passé au final. On est arrivées à la croix de fer et un peu plus loin un monsieur nous a proposé un café dans sa cabane. Après avoir passé du temps à parler, on redémarre. On mange le repas du midi sur un banc sous un balcon. L’après-midi, c’est descente et comme par hasard, je me suis aperçue qu’un bout de chaussure se plantait dans le pied quand je marchais. On a pris la route car le chemin n'était pas très sécurisant. On est arrivées, on a fait des courses dans cet endroit si bien. Moi, je fais ma sieste, on mange et moi je file au lit.
Karine : Je ne sais pas ce qui nous était passé par la tête pour l’étape d’aujourd’hui. Peut-être la plus difficile sur le papier depuis Roncesvalles, mais nous on avait décidé d’en faire une balade !!! 🤔
La balade serait chaotique mais d’autant plus belle ! On a eu de la neige, du brouillard, du froid, de la pluie, des problèmes de chaussure, la migraine pour C… et pourtant on a passé une excellente journée.
On a pris le temps de dire au revoir à Fernando, notre hôte d’albergue attentionné. Au café du village on a retrouvé Iain qui n'avait pas encore décollé : on a fait tout le chemin ensemble, à son rythme. On est montées tranquillement et comme une lettre à la poste à la Cruz de Ferro. Tout le temps d’apprécier le paysage ; finies les cavalcades dans la Meseta. Nous avons déposé notre pierre au pied de la croix et entre 2 averses de neige, profitons du moment au soleil. À Manjarin, nous sommes rentrées dans la cabane iconoclaste de Thomas, qui été comme hiver propose des boissons aux pèlerins. Malgré la pluie nous avons fait une vraie pause déjeuner à l’abri d’un balcon d’une maison typique de la région (une albergue qui ouvre après demain) : lorsqu’il est arrivé le propriétaire est venu discuter avec nous. À ce stade, la descente de 900m de dénivelé avait bien commencé mais il en restait encore 600… pas question de passer par le sentier plein de pierres. Les genoux de Iain et mes chaussures sont au bout de leur vie ; la route en descente c’est déjà trop : pour les épargner, j’ai fait les 5 derniers km en sandales pieds nus. A 18h à Molinaseca, on arrive enfin à l’auberge : on est juste bien. Enfin presque… peu à peu la fatigue nous envahit : d’abord C couchée à 20h40 puis moi : je tombe de sommeil et je me dis que 7,5km demain : ça suffit 🥵
Dimanche 23 février : Ponferrada
C : Bon ben à 8h30, on est mises à la porte car il fait une tournée de pain. On a que 7,5 km à faire aujourd’hui car on a pris l’après-midi pour repos car à Astorga, nous n’en avions pas eu à cause du changement de programme. On marche encore avec Iain aujourd’hui et en arrivant à notre destination du jour, on est allées boire un café, à ce moment il y a un spectacle concernant les personnes atteintes d’un handicap. On est ensuite allées à l’église pour la bénédiction des pèlerins après la messe. On est allées au château et on s’est rendues compte que ça fermait 30 mn plus tard, manque de chance. En tout cas avec Jorge, Iain, Karine et moi, c’était vraiment un moment magique avec ma famille del camino, Jorge nous a montré un endroit où manger après que Iain soit parti finir son étape. Jorge est parti faire des courses car il prépare le dîner ce soir. Nous on s’installe à l’endroit montré par Jorge et on mange en même temps que du travail que je fais pour que mon audience se passe bien. Thomas aujourd’hui nous a dit qu'il ne viendrait pas alors j’ai broyé du noir. Le soir, on a mangé avec les deux hospitaliers et Jorge, notre cuisinier pour le soir. C’était très bon. Au dessert, c’est un flan et je profite qu’il y a de la chantilly pour la mettre dessus. Je vais ensuite passer un temps dans la chapelle que l'hospitalière avait gentiment ouverte pour moi. Thomas nous a dit qu’il était arrivé mais qu’il n’était pas bien et qu’il dormirait dans un hôtel pas loin. Moi je suis partie me coucher pas trop tard.
Karine : Ce matin j’ai fait le Roi Dagobert, j’ai mis mon tour du cou à l’envers ; avec l’étiquette qui se dresse sur ma tête, ça n’a pas échappé à C qui s’en donne à cœur joie.
Inversement je me lâche : je l’ai surnommée «1300km » ; la veille au dîner elle a critiqué la bière sans alcool que j’avais prise pour elle avec son aval, j’avais aussi essayé avant le panaché car elle voulait de la bière. En rigolant je lui dis : « dire que j’ai fait 1300km avec ça « la soirée se passait bien avec Jorge et Iain : tout le monde a rigolé et les 1300km sont restés 😁
À l'entrée de Ponferrada, on fait une très longue pause dans un café avec Iain et Jorge.
Enfin on prend notre temps sur ce chemin et ça fait du bien : le café dans les alentours de Ponferrada, laisser le sac à l’auberge même si elle est fermée jusqu’à 14h, aller dans le centre-ville, reprendre un café et voir passer la fanfare de l’association pour l’inclusion (des handicapés et de toutes les minorités), observer les « notables « du coin dans leur manteaux de fourrure 🤔, aller à une partie de la messe dominicale pour la bénédiction des pèlerins au milieu de l’église bondée , aller visiter les abords du château des templiers…
On dit au revoir à Iain et on prend RV pour mardi à Ruitelan au « Pequeno Potala » (tout un programme…). Un petit retour rapide à l’albergue pour s’installer et lancer la machine à laver (avec l’aide de l’hospitalière qui va nous la faire sécher en notre absence 🙏) et nous voilà reparties avec Jorge pour trouver un café pour déjeuner et travailler : moi sur le 3e rapport et C sur son analyse des évolutions post-marche. le café qu’on visait est plein, Jorge nous a trouvé un petit paradis où on est restées jusque 16h passées.
C a un passage à vide : Thomas le norvégien nous a laissé penser que sur un coup de tête au lieu d’abandonner le Camino il allait nous rejoindre à Ponferrada depuis Portomarin; C n’ose y croire car elle a peur qu’il ne s’y tienne pas et d’être trompée encore une fois. Elle broie du noir. J’essaie de la faire positiver… jusqu’à quand ?
En tout cas ce soir : l’auberge déborde de pèlerins (il y en a presque trop pour C) - on revoit notre militaire arrogant de Navarrenx, notre américain de Hontanas et des nouveaux d’un peu partout. Et puis Jorge nous a fait une belle surprise : il a cuisiné le dîner pour nous et les deux hospitaliers (Ana et Jésus d’Irun) qui parlent français. On a passé tous ensemble une super soirée !
Lundi 24 février : Villafranca del Bierzo
C : Aujourd’hui, on se pointe à la poste à 8h30 pour aller chercher mes médicaments, évidemment, ils n’y étaient pas car ils étaient dans l’autre. Les hospitaliers sont venus nous chercher pour nous amener à l’autre poste. Ouf, ils y sont. Ensuite, on a récupéré le chemin et Karine a failli se prendre des poteaux. On est allées à Leroy Merlin pour acheter du scotch spécial pour que les chaussures de Karine tiennent jusqu’à Finisterra. On a fait notre pause repas sur une table de pique-nique et à quelques mètres, la japonaise qu’on avait vu la veille, était là aussi. On a vu une colonie de chenilles, c’était très impressionnant. Thomas nous annonce qu’il veut arrêter le camino et nous lui disons qu’on l’attend avec impatience et on l’encourage. Il va se reposer un peu et nous rejoindra bientôt. Le soir, l’accueil est spécial, une enfant nous invite à rentrer. Le soir, on mange dans un bar pas très loin, c’était super.
Karine : Ce matin il faut aller chercher ce p… de courrier à la Poste, sachant qu’il est hautement probable qu’il est en fait atterri au dépôt de colis de l’agence locale équivalent de Colissimo dans la zone industrielle. À 8h30 pétantes on se pointe à la poste : on n’a pas pour autant sacrifié le petit déjeuner et les au revoir à Jorge et les hospitaliers qui nous ont proposé de nous amener en voiture dans la zone industrielle si besoin. Ça n’a pas manqué : la poste centrale n’a rien alors que c’était l’adresse indiquée 🤬 heureusement Ana et Jésus les hospitaliers nous prennent en charge et le gars de l’agence ne met pas trop de temps pour retrouver notre pli : surprise Clemence a joint 2 marque-pages Astérix et une carte très drôle avec un gentil message. Nous prenons congés une 2e fois d’Ana et Jésus et partons à pied rattraper le Camino au premier village. Quelques centaines de mètres plus loin : un Leroy Merlin, parfait pour trouver de l’adhésif pour aider ma chaussure gauche qui est quasiment au bout de sa vie !!! C lui fait un beau pansement (le 4e en 4 jours…) et nous voilà parties. Les 2 gauloises dopées à la potion magique sont en route, Santiago peut trembler 🤣🤣🤣
Enfin pas tout de suite, car ce n’est pas aujourd’hui qu’on a mis un rythme infernal dans la marche. Après la pause déjeuner - anormalement tôt - on se traîne et Villafranca donne l’impression de ne jamais arriver !
Entre le nouvel épisode du feuilleton « Tomas le norvégien », le chemin qui n’avance pas, et Anthony qui pensait travailler un peu ce soir avec C qui ne l’avait pas prévu comme ça : contrariétés… énervement. et pour ne rien arranger, C ne va pas aimer l’auberge où il y a le plus de pèlerins ; donc on va à l’autre qui est plus « en ordre » mais sans pèlerins autres que nous 😭 Boudin dans le duvet dans un premier temps qui finit par se transformer en sieste. Elle a été salutaire : la soirée s’est bien passée, on a pu re-discuter de l’épisode d’énervement de l’arrivée et aller dîner tranquillement au café du coin.
Demain : variante montagneuse de Pradella ou nationale nationale nationale… la question n’est pas tranchée ! 🤔
Mardi 25 février : Ruitelan
C : Aujourd’hui, on prend notre petit déjeuner au même endroit qu’au dîner de la veille. Durant le début de la marche, on s’arrête plusieurs fois pour refaire le pansement de la chaussure de Karine. On a décidé de prendre la déviation de la route pour le bien des chaussures de Karine. On s’attendait à juste une aire d’autoroute, mais en fait c’était un joli paysage. On a mangé assises sur un banc devant un magasin : un concombre, du maïs, une mini pizza et des fraises. Le temps varie beaucoup, ça passe de la pluie à l’arrêt de la pluie. L’après-midi, on croise Nicolas, un militaire du camino qui s'était fait bien voir, car soi-disant il fait 40 km alors qu’au bout de 25 km, il prend le bus. Ça m’a énervée. En arrivant, Iain et les poules nous accueillent. Jorge arrive un peu plus tard. A 19h, on a mangé, mais j'arrive en retard car je m’occupe de mon bouton. J’ai adoré la soirée.
Karine : Ce matin on retourne à notre café d’hier soir prendre le petit déjeuner et en route pour traverser le village et faire les courses. On a décidé de prendre l’itinéraire de base, trop peur de la montagne pour ma chaussure. À peine 2km plus loin, on en est au 3e ou 4e pansement pour elle ; aucun ne tient à cause du sol mouillé. Tant pis : c’est plat et c’est de la piste : ça va le faire. Et ça l’a fait : la chaussure gauche ne s’est pas plus détériorée aujourd’hui (elle est de plus en sursis depuis le 15/2…). Par contre j’ai dépassé le ridicule : entre la chaussure ouverte et la chaussette trouée, je vois à chaque pas mon gros orteil dépasser de la chaussure😱
Je suis surprise : C accepte de faire la pause déjeuner sur un banc devant un magasin et un restaurant près d’une station-service : très glauque mais le mérite d’un banc protégé de la pluie ; en d’autres temps C ce serait préoccupée du regard des autres, là c’est le cadet de ses soucis 👍
A 3 km de notre destination du soir, on fait une pause expresse, puis on repart avec au loin un pèlerin qu’on a croisé quelques jours avant Saint-Jean-Pied-de Port. C lui tient un « chien de ma chienne » car il s’est vanté un soir de faire plus de 40km pour aller à Saint Jean Pied de Port en une étape alors qu’on en faisait … notre hôte de gîte à Larceveau l’a vu en fait prendre le car… C s’est excitée toute seule après lui pendant plus d’1/2h… discussion : perte d’énergie inutile ; j’essaie de lui expliquer qu’elle est seule responsable de la réaction qu’elle a vis à vis de ce gars et que pendant qu’elle rumine lui est tranquille.
Quelques chats et chiens plus tard, avec le retour du soleil, et l’arrivée à l’albergue ou Iain le canadien est déjà là, tout est oublié. On va passer une superbe après-midi et soirée avec lui et Jorge dans le « pequeno Potala » qui est notre petit paradis du soir.
Mercredi 26 février : Alto do Poio
C : Aujourd’hui, au petit déjeuner, Karine et Iain dansent sur la musique mise par les hôtes. Jorge, lui, est parti devant. Après le petit déjeuner, j’ai dit à Karine que je me sentais bien. C’est parce qu’on avait passé un bon moment au petit déjeuner. Le matin, on a fait que monter, mais on a retrouvé Jorge au village de Laguna et on s’est arrêtés au bar. On a repris la route avec Iain, dans tous les cas, on retrouve Jorge au village où on s’arrête pour manger un peu. Jorge me dit alors que Karine était un ange et il a pris ma main pour me donner un mini sac rouge où se trouvait à l’intérieur un petit ange tout doré. Jorge me dit alors que je le mérite et rien que d’entendre ça d’une personne que je connais que depuis quelques heures, mes larmes coulèrent toute seules car il avait vu le bien en moi. Iain et Karine se mettent également à pleurer et Karine me dit que j’étais un petit ange. On s’est pris tous dans les bras et ce moment était le moment où j’ai pris la décision de prendre mon avenir en main. Jorge est arrivé avant nous et nous attend en haut de la dernière montée dehors en buvant un verre sur les chaises à l’extérieur du café. On décide alors de crier “on a réussi” en haut de la falaise. Je passe beaucoup de temps avec un chien avant de s’installer à l’albergue. Une soirée tranquille sans doute la dernière avec Jorge.
Karine : Ce matin C est contente, ça se voit sur son visage. Elle me confie qu’elle a de l’énergie ; quand je creuse elle a trouvé le petit déjeuner super, comme « familial ». Décryptage : Iain et moi avons chanté et fait les clowns sur la musique de Stevie Wonder ! 🤣
Nous voilà parties pour 700m de dénivelé : que de la montée aujourd’hui ; la descente c’est demain. Décision prise de passer par la route qui serpente aussi dans la vallée ; c’est joli. La montée est progressive et en moins de temps qu’il faut pour le dire on a fait le plus dur ; pause-café et direction O Cebreiro, le charmant village du « Saint-Graal de Galice » (car désormais on est en Galice !)
Pause déjeuner au café du coin (pour une fois) avec la spécialité (soupe) locale : le caldo Gallego ; c’est bon et c’est parfait pour recycler le pain de la veille 😁. Jorge nous a offert dans ce café un moment magique : il a offert à C un petit ange en métal qu’il a acheté sur le Chemin (il est parti de Barcelone et les sillonne depuis 1989) et - on le saura plus tard - l’a fait bénir au monastère de Rabanal. C est émue ; Iain aussi ; c’en est trop pour moi… JE CRAQUE totalement… On va reprendre quand même notre périple à flanc de montagne sous un magnifique soleil. On parle, on se pose, C caresse tous les chats et chiens de la région et après un dernier raidillon, nous sommes arrivées. Avant de perdre C parmi les chiens et les chats, je l’emmène célébrer notre magnifique journée face à la vallée que nous dominons. Elle a choisi ce que nous allons crier : « on a réussi ». Pendant qu’elle joue avec les chiens, nous nous détendons au soleil. Ce soir on dort à la pension ; c’est un peu plus cher que l’albergue mais au moins c’est propre, accueillant, et on pourra faire la grasse matinée demain. Avant le dîner, je rejoins Jorge qui est dans l’espace bar près du poêle. Nous discutons tous les deux : avec nos notions de français et d’espagnol respectives et avec Google trad 😅 J'apprécie ce monsieur : sa force tranquille, sa sérénité. Il sait pourquoi il est là et ça irradie les personnes qu’il côtoie. Il a été touché par C et elle l’apprécie.
Jeudi 27 février : Triacastela
C : Bon, ce matin ce sont les “au revoir” avec Jorge, mais il nous a dit qu’il nous attendrait à Santiago. Moi, après je vais jouer avec les chiens qui ont tendance à mordiller quand ils sont tous les deux ensembles. On a marché avec Iain et le paysage était vraiment magnifique, on en a bien profité. A part ça, il ne s’est pas passé grand-chose à part qu’on a bien profité. C’est toujours avec autant de plaisir de marcher avec Iain. Depuis que Jorge m’a donné ce petit ange qui a été béni, j’ai comme l’impression d’avoir une présence et une force qui me donnent le courage de penser plus positive. On arrive dans une auberge que j’aime beaucoup. La dame de l’auberge a l’air de bien m’aimer, ça fait plaisir ! J’ai eu un appel avec Cécil qui s’est bien passé et juste avant, c’était avec Anthony. On est ensuite allées faire des courses pour le repas du soir et puis c’est une soirée tranquille autour du poêle qui s’annonce.
Karine : C est en forme ce matin - et pourtant elle sait que Jorge va sans doute aller plus loin que nous ce soir et prendre une journée d’avance. Les adieux se sont bien passés et surprise : ce ne sont peut-être que des “au revoir"; il sera à Santiago quand nous arriverons le 5 mars.
À peine parties, on voit défiler 8 pèlerins en à peine 20mn : sans doute ceux qui ont dormi à O Cebreiro et qui en sont partis à 8h 🤣
La journée de marche est courte, le soleil est au RV alors le mot d’ordre est : PROFITER. Du paysage magnifique, des chiens, des chats et des vaches, du rare café en cours de route… une journée bonheur ! 🤩
L’albergue est splendide, confortable, la dame adorable. Direction le café d’à côté pour déjeuner et puis cet après-midi : c’est travail pour préparer l’après-marche avec Anthony puis avec Cécile la pédopsychiatre de Seuil. C se projette et prend les choses très au sérieux et exprime ce qui est important pour elle.
Encore et encore on reparle de ne plus se laisser submerger par les émotions : je sens une évolution depuis Ponferrada ; elle me dit aussi que depuis hier elle sent une énergie différente. Soirée tranquille avec Iain face à notre salade de riz et à côté du poêle. Dernière chose importante : choisir avec C l’itinéraire pour demain parmi les deux options possibles. Ce sera le chemin par Samos et son monastère, 7km de plus mais moins de dénivelé.
Vendredi 28 février : Sarria
C : Cette nuit je m’attendais à dormir mieux que ça. Je trainasse un peu même si je suis prête avant l'heure du départ. On a décidé de prendre le chemin le plus long pour avoir un peu moins de dénivelé. Vers midi, on arrive à un magnifique monastère et comme les visites étaient trop tard, on s’est juste posées pour prendre quelque chose à boire un café qui avait la vue sur le monastère. Le midi, on a mangé dans un endroit avec des tables très jolies où une rivière passait à côté. L’après-midi un groupe de 30 jeunes ont débarqué de nulle part, catastrophe. On a réussi à les semer mais comme j'avais fait une pause “animaux”, on les a eus à nouveau collés à nos basques. Moi je trace et un peu avant Sarria, surprise. Thomas nous attend. On a eu du mal à trouver une albergue et Karine était épuisée. Je suis allée faire les courses avec Thomas et Iain et après c’est pizza pour nous ! pour une fois.
Karine : Ce matin, C est mollassonne de son propre aveu mais elle profite : soleil, magnifique chemin dans la campagne, monastère de Samos, petits villages, café local en terrasse…
L’après-midi est un peu plus compliqué : d’abord ça fait quelque temps qu’on n’avait pas marché 25km (et ça n’arrête pas de monter et descendre). Ensuite, il y a derrière nous un groupe de jeunes (Portugais finalement) particulièrement bruyants qui exaspèrent C. Elle file devant mais pas trop longtemps ; elle comprend l’intérêt de savoir où ils vont pour ne pas se retrouver dans la même albergue 😁😱
Et pourtant elle a une bonne raison de vouloir arriver à Sarria : à 16h Thomas est arrivé par le bus, il nous attend à l’entrée de la ville.
On va grimper jusque dans la vieille ville et s’y prendre comme des manches pour trouver une albergue… qui finalement sera tout simplement l'albergue gérée par la Junta de Galicia. J’arrive je suis VIDÉE ; ce n’est pas vraiment arrivé jusqu’à maintenant mais là après la douche et la mini-lessive je suis vidée. C va aller au supermarché avec Iain et Thomas faire les courses et très bien s’en sortir. Après 45mn de repos je vais mieux ; direction un endroit pour manger. Je laisse faire, tout m’ira ; les garçons choisissent une pizzeria, très bonne au demeurant.
Bonne soirée… mais sur le chemin du retour C me confie qu’elle trouve Thomas différent. Est-ce lui ? Ou plutôt nous ? Plutôt C ? Discussion : ça fait déjà 4 semaines que nos chemins se sont séparés et il s’en est passé des choses
Samedi 1er mars : Portomarin
C : On a pris notre petit déjeuner à l’intérieur de l’auberge et nous sommes parties marcher avec Iain, Thomas, Karine et moi. Au départ, je marchais bien, mais après la fatigue m’est montée au cerveau. Pour penser à autre chose, à chaque fois qu’il y avait un chien, je passais du temps avec et comme j’étais au ralenti, j’étais loin derrière et à chaque fois, ils étaient obligés de m'attendre. Nous nous sommes arrêtés pour que Iain et Thomas prennent quelque chose à boire ou autre dans une sorte d’abri où il y avait un distributeur. A midi, Thomas n’arrivait pas à prendre de décision, ce qui fait qu’on est passées devant une belle table de pique-nique où on comptait manger. La tension est présente. Un peu plus loin, on comptait s’arrêter au bar mais les 30 jeunes étaient là, catastrophe. J’attends Iain qui est au bar durant 10 mn. On en sort et on apprend que Thomas est parti devant. Je sais qu’on ne le verra plus… On mange notre repas dans la nature et on continue la marche. Il nous avait parlé d’un café donativo qui était en fait fermé. On n’a pas pu aller dans la première auberge car il y avait le groupe des 30 jeunes portugais alors nous sommes allées dans un autre plus tranquille et nous étions seules. J’ai besoin de faire une sieste, je suis épuisée. A la fin de la sieste, c’est douche et on mange pâtes à la carbonara. Iain avait reçu un message de Thomas comme quoi… il avait continué son chemin encore sans nous prévenir et nous dire “au revoir” alors que j’avais tant souffert la première fois et en plus on l’avait accueilli les bras ouverts alors qu’il voulait arrêter la marche. On l’avait boosté pour qu’il aille jusqu’au bout et il nous avait dit qu'il voulait marcher avec nous et nous revoir et au final il était parti comme un voleur. Un mélange de colère, de tristesse et de douleur était encore en moi, il m’avait blessé et moi je ne lui faisais plus du tout confiance. La seule phrase qui est ressortie, c’est “au moins, il n’a pas abandonné son camino”, mais bon, je me dis que tout le monde ne pense pas qu’à sa gueule, en tout cas, je l’espère.
Karine :C est quasiment à l’heure pour le départ à 8h30 alors qu’entre 7h15 et 8h (avant le petit déjeuner) elle a passé 45mn à faire : ?????
L’humeur est rapidement maussade. D’abord parce qu’on est à Sarria, point de départ des « touristes du Camino Frances » et on est samedi, c’est pire ; ça défile c’est infernal. Ensuite : les retrouvailles avec Thomas ne sont pas à la hauteur des attentes : il n’a pas compris ce qu’il représentait pour C et - à la fois pour C et pour moi - tout est compliqué depuis qu’il est revenu. Du coup C se plaint de ne plus avoir d’énergie pour la marche ; mais quand je lui propose de raccourcir les étapes ou de prendre un jour de repos, hors de question : « je veux me débarrasser de la marche ». L’affaire Thomas est pour quelque chose mais est-ce qu’il y a plus ?
L’affaire Thomas va se compliquer ; finalement à force de « penser à sa gueule » et de tout compliquer il va finir par m’exaspérer. Pour ne pas gâcher pour C je me retiens autant que je peux en prenant mes distances… mais Thomas est ce genre de gars qui va venir vous coller justement pour s’assurer qu’il n’a - je cite - « rien fait de mal » … je lui explique (en espérant de la compréhension de sa part) ce que son départ il y a 4 semaines et ses revirements depuis ont eu comme impact pour C. On déjeune ; on repart ; on ne le reverra plus.
Aux dernières nouvelles il a continué au-delà de Portomarin.
Je suis déçue pour C ; mais elle était déçue de lui. On va en reparler le soir : il y a de la déception mais elle n’est pas envahie par l’émotion comme les précédentes fois. Peut-être un mal pour un bien…
Et ce n’est pas le seul souci de C cet après-midi. Elle rumine ; elle appréhende la période post-marche : elle ne veut pas revivre des journées où elle ne fait rien comme lorsqu’elle était à l’hôpital. Je la comprends !
À l’arrivée : sieste. Elle en a bien besoin et va s’endormir d’un coup. La soirée va être calme et apaisée avec Iain toujours fidèle au poste jusque Palas del Rei demain soir et Melide lundi midi.
Dimanche 2 mars : Palas de Rei
C : Aujourd’hui, on prend notre petit déjeuner dans l’auberge, ce sera la dernière soirée avec Iain. Karine a attrapé froid et moi je suis de plus en plus fatiguée et irritée. Je parle à Karine de Thomas et, en y réfléchissant c’est mieux comme ça car j'avais du mal avec son côté enfantin. On parle de raccourcir les étapes dans tous les cas, on a quatre jours d'avance et on ne souhaite pas arriver à Santiago dans la mauvaise humeur alors qu’on aura accompli le chemin jusqu’à Santiago. A un moment, Iain était derrière nous et je balance à Karine “Iain ressemble à un randonneur” et Karine me répond “et nous on en n’est pas lorsque nous avons fait 1500 km ?” Je passe du temps avec les animaux, comme toujours, vous devez vous en douter ? On est presque arrivées et on voit une tyrolienne et une balançoire, go faire les fous ! En arrivant, il n’y a pas mal de pèlerins et Iain décide d’aller à l'hôtel. Moi, je fais une sieste et dans tous les cas, on le retrouvera dans un bar à petits vieux, c’est mignon On ne traîne pas. On est épuisées.
Karine : C est de plus en plus fatiguée (et moi j’ai attrapé la crève…) ; on part pour les 25,5km : le temps risque d’être long.
En cours de route le matin, C me confie que concernant Thomas : « C’est mieux comme ça. Certes c’est une déception : mais son côté enfant que j’appréciais il y a un mois n’est plus ce dont elle a besoin aujourd’hui, au contraire de quelqu’un de plus posé comme Iain »
Devant son manque d'énergie flagrant, je remets sur la table le raccourcissement des étapes ou le jour de repos : C accepte. On va finir avec des étapes plus courtes et arriver le 6 mars à Santiago. C m’explique que « tout le chemin lui revient dans la tête et ça l’épuise » et qu’elle ne veut plus marcher après Santiago. C’est une bonne base pour construire : demain on ne dépassera pas Melide à 14,5km.
Après la pause déjeuner, je fais découvrir les eucalyptus et l’odeur de leurs feuilles à C. Au détour d’un chemin, elle me dit que Iain ressemble à un randonneur : interloquée, je lui dis en rigolant : et nous après nos 1500km non ? 😝
Finalement on atteint Palas de Rei plus facilement que prévu (et sans être envahies par les touristes de la marche comme hier). On encourage les pieds de C en chantant, on parle verre à moitié plein ou vide (mindset positif ou mindset négatif et aussi des 4 accords tolteques » (😁)
Avant de rentrer dans le centre du village il y a un parc avec une tyrolienne et une balançoire : C se réconcilie avec la tyrolienne et tous les trois on fait de la balançoire (elle n’a pas cédé 😅)
À l’Albergue municipale, le dortoir est plein : des jeunes mais pas que, mais c’est calme ; ni C ni moi ne nous sentons mal à l’aise contrairement à Iain qui a besoin de tranquillité et part prendre une chambre dans un Hotel pas loin.
C fait la sieste je vais faire les courses et on retrouve Iain pour dîner dans un café on ne plus local : plein de « vieux du coin » qui jouent et qui boivent - il reste juste une table pour nous dans un coin : un miracle !
On a des nouvelles de Martine de Figeac qui appelle pour parler à C, de Gaël et de Jorge !!! Jorge va nous attendre le 6 mars à Santiago pour nous accueillir 🤗🤗🤗
On est tous les 3 rincés : on dîne pour pas très cher et on file au lit 😴
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Super ! C'est un gros point étape d'être arrivée SJPP ! Profitez bien de cette magnifique ville basque sans trop de monde à cette époque de l'année ! Goûtez au traditionnel gâteau pour vous requinquer ! C. a bien cheminé jusque là, y'a plus qu'à passer la frontière pour un nouvel horizon à venir 😉
Waouh bravo les filles : ça y est, une nouvelle victoire de oufffff 🥳
Profitez et continuez comme ça !!!!!
Typhaine